A Brême, Angela Merkel subit encore une défaite électorale

La CDU et le FDP sont en net recul dans la Ville-Etat, tandis que les Verts poursuivent leur ascension. Pour la chancelière, c'est une mauvaise nouvelle de plus.
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La longue série des tests électoraux régionaux de 2011 commence à prendre des tours de cauchemar pour Angela Merkel. Ce dimanche, le renouvellement du parlement de la ville de Brême, le plus petit et le moins peuplé des Länder allemands, l'a confirmé. La coalition au pouvoir au niveau fédéral a en effet encore perdu des plumes dans ce scrutin. La CDU d'Angela Merkel a ainsi accusé un recul de 5,6 points selon les dernières projections à 20,1%. Pour la première fois dans une élection régionale, les Verts dépassent les Chrétiens-démocrates grâce à leur progression de 5,3 points qui les mènent à 22,7% des suffrages exprimés. Quant au FDP libéral, partenaire de la chancelière à Berlin, il est simplement exclu du Sénat brêmois et signe le score le plus faible de son histoire dans la ville hanséatique à 2,6% des voix, contre 6% voilà quatre ans.

Certes, la situation de Brême est particulière : avec ses 600.000 habitants et sa tradition de gauche (le SPD y règne depuis 1946), les élections dans la Ville-Etat ne peuvent guère avoir valeur de test national. Mais ce scrutin s'inscrit dans la lignée des défaites électorales que subissent le gouvernement depuis l'an passé et la perte de la Rhénanie du Nord Westphalie. Depuis, la CDU a perdu le contrôle de Hambourg et du Bade-Wurtemberg, soit de régions cumulant 18 millions d'habitants. En mars, le parti d'Angela Merkel s'est tassé en Saxe-Anhalt et il a été incapable de ravir à la gauche le contrôle de la Rhénanie-Palatinat. Dans les enquêtes d'opinion au niveau fédéral, la coalition est en perdition : si la CDU s'est stabilisée à un niveau faible (en 31 et 33%), les Libéraux ne parviennent pas à franchir la barre des 5% nécessaires à une future entrée au Bundestag. Parallèlement, les Verts s'envolent et font désormais jeu égal, aux alentours de 25%, avec le SPD. Le centre-gauche serait donc largement majoritaire et les deux dernières élections régionales de l'année, dans le Mecklembourg et à Berlin en Septembre, devraient confirmer cette tendance.

Cette série de déboires électoraux montre l'ampleur de la crise de confiance qui touche aujourd'hui le gouvernement Merkel. L'abandon voici une année de l'objectif d'une réforme fiscale, les atermoiements et les contradictions de la politique européenne du gouvernement, puis la volte-face sur le nucléaire d'une Angela Merkel qui est devenue farouche adversaire de cette énergie après en avoir été un des avocats les plus fervents, a achevé de miner cette confiance. Selon un récent sondage, une majorité d'Allemands ne croyait du reste pas à la sincérité de ce changement de politique énergétique. Le changement à la tête du FDP et l'arrivée du jeune Philipp Rösler n'a pas non plus inversé la vapeur pour les Libéraux, désormais décrédibilisés par leurs promesses fiscales non tenues de 2009.

Quant à la forte croissance, bien rare sont les Allemands qui en attribuent la paternité au gouvernement. D'autant que les mesures de soutien à l'activité et à l'emploi (plans de relance, chômage technique subventionnés, réformes du marché de l'emploi) ont été prises sous les majorités précédentes.
L'absence de scrutins régionaux en 2012 avant les élections fédérales de 2013 vont cependant donner une possibilité à la chancelière d'agir. Mais comment ? Beaucoup au sein de la coalition réclame désormais la mise en place de la réforme fiscale de grande ampleur. Ils mettent en relief les recettes plus importantes que prévu du gouvernement grâce à la croissance.

D'ici à 2014, les caisses de l'Etat devraient ainsi être grossies de 130 milliards d'euros de plus que ce que l'on prévoyait jusqu'alors. Dès lors, il semble possible de mener à bien la réduction du déficit et les cadeaux fiscaux. Mais Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances s'y oppose farouchement et pour le moment il est soutenu par Angela Merkel : compte tenu des risques internationaux, affirme-t-il, la priorité doit rester à la réduction du déficit. Mais pour retrouver la faveur des électeurs, la chancelière devra agir et éviter que la question fiscale ne vienne, une fois de plus, créer la zizanie au sein d'une coalition fragilisée.

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