La croissance turque moins forte n'inquiète pas Ankara

Les autorités d'Ankara se disent plutôt satisfaites de la croissance de 3,2 % de l'économie turque au cours du premier trimestre. Malgré un net ralentissement, notamment de la demande intérieure, la Turquie vise toujours une "croissance durable"
Istanbul. Copyright AFP
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Avec 3,2% de croissance de son PIB lors des trois premiers mois de l?année 2012, la Turquie se dit satisfaite. ?Alors que l?Union européenne, notre principal partenaire économique, est en crise, nous pouvons dire que 3,2% de croissance est un bon chiffre?, a déclaré le ministre turc des finances Mehmet Simsek.? Nous parlons d?une croissance basée sur une hausse nette des exportations. C?est une tendance que nous attendions?. Ankara vise les 4% de croissance pour 2012 tandis que le FM? table sur 2,3%.

Ralentissement bienvenu

Ce taux bien supérieur à ceux des pays de la zone euro voisine contraste toutefois avec les 8,5% de hausse du PIB atteints par Ankara en 2011 (elle s?est alors placée au 2ème rang mondial derrière la Chine). Mais dans un contexte de crise mondiale, le pays ne fait pas la fine bouche. Elle estime même avoir désiré ce ralentissement de son économie alors que de nombreux observateurs lui prédisaient l?année dernière un atterrissage en catastrophe vue l?ampleur de son déficit des comptes courants (près de 10% du PIB). Ce déficit reste le principal talon d?Achille de l?économie turque, même si la tendance était à sonresserrement lors des trois premiers mois de l?année (9,3% du PIB). ?Avec la baisse du prix du pétrole et le ralentissement de la demande intérieure, le déficit courant va continuer à baisser?, commente Deniz Gökce de l?université du Bosphore à Istanbul. Et d'ajouter :  ?on peut aussi s?attendre à une baisse de l?inflation pour la fin de l?année de l?ordre de 6,5%. Mais il faut poursuivre la politique fiscale actuelle et ne pas se laisser aller.?

A la recherche d'une "croissance durable"

Ces derniers mois les autorités turques portent le même message dans le but d?installer une ?croissance durable?. Tout en réalisant des réformes structurelles destinées à attirer des investissements étrangers, à réduire les importations et à accroitre la production locale notamment de biens intermédiaires, elle souhaite faire passer ses exportations de 134,6 milliards de dollars en 2011 à 500 milliards en 2023. Les derniers chiffres sont encourageants. Les exportations ont grimpé de 21% en mai et de 11% sur les 6 premiers mois de l?année. ?Ce sont de très bons résultats malgré la crise en Europe et au Moyen Orient? juge le ministre de l?économie Zafer Caglayan. ?Nos exportations sont en constante hausse depuis 28 mois consécutifs.?

Recul de la demande intérieure

Ces résultats consacrent toutefois deux changements : un recul de la part des exportations vers l?UE (36% en mai contre 47% un an plus tot) ainsi que le ralentissement de la demande intérieure et des investissements. ?Ceci pose un problème sur le long terme? explique Zumrut Imamoglu du centre de recherche Betam. ?Les consommateurs et les investisseurs ont trop dépensé et sont en train de payer leurs dettes. Le niveau de vie peut être remis en cause. La Turquie vit un dilemne: lutter contre le déficit courant ou aider la croissance. A ce rythme, elle n?arrivera pas à atteindre les 4% cette année?. Sans compter que le chomage frôle toujours les 10% de la population active, car l?économie parallèle reste un problème majeur. ?En dessous de 5% de croissance, il sera difficile de créer des emplois? estime Zumrut Imamoglu.

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