Argentine : pas de retour aux marchés en vue

À l'occasion du règlement de la dernière échéance d'un titre émis pour rembourser les épargnants dont les avoirs avaient été bloqués il y a dix ans, la présidente Cristina Fernández de Kirchner a réaffirmé que le pays continuerait à faire face à ses engagements sans prendre de crédits à l'extérieur.
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Avec un paiement de 2,2 milliards de dollars, vendredi 3 août, l?Argentine a réglé une dette pas comme les autres. Il s?agissait de la dernière échéance du Boden 2012, un titre émis il y a dix ans en échange des dépôts bloqués dans les comptes bancaires de millions d?épargnants. Près de 80 milliards de dollars avaient ainsi été déclarés indisponibles dans le cadre du fameux « corralito » (petit corral) qui a symbolisé la pire crise vécue par le pays. Le Boden 2012, mis en place par le ministre de l?Économie de l?époque, Roberto Lavagna, avait calmé l?ire des déposants et amorcé la remise en ordre de l?économie. Et même si les titres émis ne reconnaissaient pas la totalité du capital initial, les épargnants n?ont pas forcément fait une mauvaise affaire. Il y a certes eu des situations dramatiques, notamment dans le cas de retraités dont les avoirs en question étaient la seule ressource. Mais beaucoup de ceux qui avaient mis de l?argent de côté pour acheter un bien immobilier, par exemple, ont quand même pu réaliser l?opération, les prix des propriétés ayant fortement baissé au lendemain de la crise. De fait, le Boden 2012 a eu un bon rendement et il a été très recherché par les investisseurs institutionnels internationaux, comme on a pu le voir le 3 août : en lieu et place des épargnants spoliés, 78 % des détenteurs de cette obligation qui ont été remboursés étaient domiciliés à l?étranger.

Pas de recours à l'étranger

Il n?en reste pas moins que le « corralito » a été particulièrement traumatisant pour les Argentins. C?est pourquoi la présidente Cristina Fernández de Kirchner a tenu à marquer la fin du Boden 2012 par un discours à la Bourse de Buenos Aires en présence d?un millier d?invités. L?occasion, pour la chef de l?État, de rappeler le chemin parcouru depuis la crise de 2001-2002 : au cours des dix dernières années, la croissance a été de 8 % par an en moyenne et l?Argentine affiche aujourd?hui des indicateurs économiques et sociaux qui la situent à la première place dans la région. Elle a également salué la politique dite « de désendettement » qui lui permet de faire face à ses échéances sans être étranglée financièrement. Avec un ratio dette/PIB inférieur à 40 %, un excédent commercial de 12 milliards de dollars et des réserves de 46 milliards, le pays peut ainsi, comme pour le Boden 2012, payer les obligations émises dans le cadre de la restructuration de 2005, qui a concerné près de 100 milliards de dollars dus à des créanciers privés et en cessation de paiement depuis fin 2001. L?Argentine continuera à le faire sans recourir à des crédits extérieurs, a déclaré la présidente. Autant dire, aussi, que le remboursement de la dette échue à l?égard du Club de Paris (8 milliards de dollars), dont le non règlement empêche le retour du pays aux marchés extérieurs, n?est pas d?actualité.

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