La future coalition grecque d'accord pour renégocier les termes de l'aide

Chargé de former un gouvernement de coalition, Antonis Samaras, leader de Nouvelle Démocratie, devrait s'allier aux socialistes du Pasok et à la gauche démocratique (Dima) pour s'assurer une majorité au parlement. Si ces formations adhèrent au mémorandum, ils veulent en assouplir les conditions, notamment le recul de 2014 à 2016 du retour du déficit public sous les 3% du PIB. Berlin et Bruxelles s'y opposent.
La rencontre entre Antonis Samaras (Nouvelle Démocratie), probable futur Premier ministre, avec le leader de la Gauche démocratique (Dimar), Fotis Kouvelis, qui avec les socialistes du Pasok devraient former une coalition gouvernementale/ Copyright AFP

A la différence de l'impasse polique de mai dernier, la Grèce devrait cette fois-ci avoir rapidement un gouvernement. Le probable prochain Premier ministre, Antonis Samaras, leader du parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND), veut aller vite pour former une coalition réunissant les bonnes volontés. Les socialistes du Pasok et la Gauche démocratique (GD) sont d'accord pour y aller mais doivent encore en peaufiner les détails. Ce qui est sûr, c'est que ces formations défendent le principe du maintien dans la zone euro et l'adhésion au mémorandum; Antonis Samaras l'avait dès lundi annoncé : la Grèce respecterait ses engagements envers l'Union européenne, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE).

"Soulager la population face au chômage persistant"

Ce principe étant posé, la coalition va demander certains assouplissements dans l'application des mesures de rigueur contenues dans le document. "Nous devrons procéder aux amendements nécessaires à l'accord de renflouement, afin de soulager la population face à un chômage persistant et aux énormes sacrifices qui lui sont demandés", a averti Antonis Samaras. C'est sur ces revendications qu'a fait campagne la Nouvelle Démocratie. Il s'agit donc d'une promesse électorale dans un pays où le chômage atteint désormais de 22%, et de plus de 50% chez les jeunes.

Le nouveau gouvernement devrait notamment demander le recul de deux ans de l'objectif de réduction du déficit public, de 2014 à 2016, ce qui se traduirait par une rallonge de 16 milliards d'euros à l'aide de 173 milliards d'euros déjà prévus dans le cadre de la deuxième aide accordée à la république hellénique. Selon le dernier rapport de la troïka, la Grèce, dans le cas où elle suivrait strictement les conditions actuelles du mémorandum, engrangerait un excédent primaire de son budget de 5% du PIB, en 2014.

Cinq années de récession

« S'ils restent dans le cadre, on peut aménager les conditions (du mémorandum) de façon plus réaliste », indiquait à Paris une source proche du gouvernement français. Indéniablement, le ton a changé dans nombre de capitales. Plusieurs leaders européens s'accordent à dire que les Grecs ont déjà accompli une partie du chemin, avec notamment une réduction du déficit public de plusieurs points en moins de trois ans. Mais c'est au prix fort, cinq années de récession.

"Il est nécessaire de former une équipe de négociateurs pour s'occuper de la révision des termes les plus rigoureux de l'accord de financement", a déclaré Fotis Kouvelis, responsable de la Gauche démocratique , qui a souligné que plusieurs points restaient encore en suspens.

La Commission européenne fait la sourde oreille

Car c'est ce qui va être demandé qui risque de fâcher. A Bruxelles, la Commission européenne fait pour le moment la sourde oreille. Elle a dit vouloir collaborer avec le futur gouvernement grec mais a précisé qu'il n'y aurait pas de nouvel accord avec Athènes au sujet des conditions attachées au plan d'aide international.

Mais un responsable européen cité par l'AFP, a clairement indiqué sous couvert d'anonymat que le mémorandum entre Athènes et ses créanciers réunis au sein de la troïka sera rediscuté au cours de l'été, et ceux qui pensent qu'il ne doit ou ne peut pas l'être "se font des illusions", tout en reconnaissant que ces « modifications » font l'objet « d'opinions divergentes au sein de la zone euro et même en Grèce. »

Bras de fer avec l'Allemagne

Le bras de fer devrait se faire notamment avec l'Allemagne, car la chancelière allemande l'a à nouveau répété au sommet du G20 à Los Cabos, au Mexique : elle s'oppose à tout allégement des mesures d'austérité exigées d'Athènes.

Elle se voit mal en effet, alors que son mandat vient à échéance en septembre 2013, aller à contre-courant non seulement d'une opinion déjà fortement hostile à l'aide à la Grèce mais aussi de l'avis de certains courants à l'intérieur de son propre parti, la CDU.

Mais la position de la chancelière relève aussi de la stratégie, elle refuse tout assouplissement de son refus tant qu'elle n'a pas obtenu au préalable que tous les pays de la zone euro aient ratifié le nouveau Mécanisme européen de stabilité (MES).

La troïka prête à revenir

Avant le scrutin de dimanche, son ministre des Affaires étrangères, Guido Wersterwelle, membre du parti libéral, avait indiqué qu'il faudrait probablement faire un geste, en particulier en terme d'échéances, l'économie grecque n'ayant pas encore pu renouer avec une croissance économique, seul gage de remboursement des aides accordées.

Seul signe que la Grèce reste en tête de l'agenda, la troïka des experts des bailleurs de fonds (Commission européenne, BCE, FMI) est prête à revenir à Athènes dès l'annonce de la composition du nouveau gouvernement, autrement dit dès cette semaine.

 

Commentaires 3
à écrit le 20/06/2012 à 10:03
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une négociation les deux parties font des concessions j ai l impression dans ce dossier que les concessions sont à sens unique l europe laisse filer mais on ne voit pas grand chose changer en Grêce va falloir mettre le holà

le 20/06/2012 à 18:03
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Pourquoi ça changerait?? La mauvaise foi et la lenteur sont les mamelles de l'organisation gouvernementale grecque. Il faudra plus de quinze ans pour établir LE CADASTRE!(entendu à la télévision hier soir) Il avait raison ce monsieur qui disait l'été...

à écrit le 19/06/2012 à 21:11
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l'Autriche exclut aussi une renégociation de l'aide financière, selon le vice-chancelier autrichien, Michael Spindelegger.

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