« On souffle! » VassilisKorkidis, président de la Fédération des commerçants de l'Attique ne cache pas son soulagement. Cet homme jovial regarde pensif l'Acropole qui fait face à son bureau situé au dernier étage d'un immeuble flambant neuf d'une petite rue centrale du centre d'Athènes... pratiquement sinistrée.

"Un magasin sur trois a fermé"

« Regardez, dit-il, un magasin sur trois a fermé et pour chaque magasin qui ferme,c'est au moins trois emplois de perdus.» Eternel optimiste, il espère que le vote de dimanche a bien fait passé le le message, et que le pays va sinon redémarrer, en tout cas s'arrêter de sombrer. « Depuis lundi,on voit à nouveau des gens devant les vitrines des magasins,on espère les voir bientôt entrer et acheter », espère-t-il.

En fait, si le monde des affaires se réjouit de voir s'éloigner l'incertitude qui s'était installée dans le pays depuis le mois de mars, date du début de la campagne électorale, il reste néanmoins prudent. Car cette coalition contre nature entre conservateurs de la Nouvelle Démocratie et socialistes du Pasok intégrée par la gauche démocratique de Dimar pour soutenir un gouvernement largement dominé par les conservateurs ne permet de faire aucune prévision à long terme.

L'entêtement qui caractérise Antonis Samaras

Pour Athanassios Condargyris, économiste, on peut s'attendre à un retour à la normale mais « provisoire », précise-t-il. Une partie de l'argent qui avait été retiré va revenir dans les banques, les contrats vont être signés, on va embaucher des gens, mais cela ne va pas aller plus loin. «On peut y voir plus clair à court terme et à très moyen terme, mais pas à long terme », considère-t-il.

En outre, signale un diplomate en poste à Athènes, même s'il salue en public l'arrivée « du camp pro euro» au pouvoir, il redoute en aparté l'entêtement qui caractérise le nouveau Premier ministre Antonis Samaras. Les négociations avec l'Europe pourraient s'en ressentir. «Personne n'a pas oublié 1992 et l'affaire de la Macédoine macédonienne », souligne-t-il, ajoutant « on espère que l'âge lui a donné un peu de plus souplesse! »

Stopper la hausse vertigineuse du chômage

Pour Jason Manolopoulos, économiste, « le vote de dimanche fait juste gagner du temps, le gouvernement est trop fragile, et l'opposition trop forte. Si les renégociations n'aboutissent pas à des changements en profondeur, cela ne va durer longtemps », prédit-il.

Au think tank patronal, dont le président Ioannis Stournaras s'est retrouvé ces dernières semaines membre du gouvernement d'intérim, on soulignait que la priorité est « la relance économique pour stopper la hausse vertigineuse du chômage. Mais sans l'obtention de prêt bancaire, aucune réforme, aucune croissance, n'est possible à courte échéance. Or, pour calmer la colère sociale, on a besoin de résultats rapides. Il n y a pas d'autre solution.»

Sans résultats concrets, l'influence des néo-nazis va augmenter

En face, à l'Institut du monde du travail, l'un de ses membres, Savas Rombollis, ne dit pas autre chose : « Tous les grands projets sont en panne, un Grec sur cinq est au chômage, et il n y' a plus un sou dans l'économie réelle, les banques ne prêtent plus d'argent aux entreprises et au petites PME. Et plus on tarde à voir des résultats concrets, plus l'influence des néo-nazis augmente. Il faut qu'on comprenne à l'étranger qu'il y a vraiment péril en la demeure, et je ne parle pas que d'économie là. »