Les Bourses européennes en effervescence

Après le dépôt d'une offre lancée par le Nasdaq américain sur le London Stock Echange, les investisseurs parient sur une recomposition spectaculaire des organisations de marché européennes. Les titres du LSE, d'Euronext et de Deutsche Börse s'envolent.

Ce n'est pas parce que le London Stock Exchange a rejeté, ce week-end, les propositions de rachat formulées par le marché électronique américain Nasdaq que l'histoire s'arrête là - bien au contraire. Pour les milieux financiers, l'offre du Nasdaq, qui, à 950 pence par action, valorise le LSE à 2,43 milliards de livres (3,53 milliards d'euros), donne le coup d'envoi d'une grande recomposition des Bourses internationales.

Meilleure preuve que l'offre du Nasdaq est prise au sérieux: le fonds d'investissement Threadneedle, qui est le plus gros actionnaire de la Bourse londonienne avec 13,8% du capital, a affirmé aujourd'hui qu'il était prêt à discuter de la vente du LSE. Une prise de position d'autant plus marquante que, lors de l'offre de rachat du LSE déposée par la banque australienne Macquarie, voici quelques mois, Threadneedle s'était activement engagé dans la défense de la place londonienne. Et le deuxième actionnaire du LSE, l'assureur-vie Scottish Widows, qui en détient 7,3%, a fait part de son "impatience" à discuter avec le Nasdaq.

Le fait est que ce dernier offre aujourd'hui beaucoup plus que Macquarie, qui ne proposait que 580 pence par action. Mais les investisseurs considèrent que les 950 pence du Nasdaq pourraient bien n'être qu'un point de départ. En effet, la possibilité d'une surenchère déposée par le New York Stock Exchange est prise très au sérieux.

Le Wall Street Journal affirmait ainsi hier que le NYSE ne laisserait pas sans réagir son concurrent Nasdaq mettre la main sur la Bourse londonienne. Le New York Stock Exchange vient lui-même de s'introduire en Bourse, via sa fusion avec le marché électronique Archipelago, et aurait parfaitement les moyens d'offrir sensiblement plus que le Nasdaq.

Ces dernières années, le LSE a été l'objet d'une succession d'approches, rejetées les unes après les autres: le Nasdaq une première fois, la Deutsche Börse, Euronext, Macquarie... Mais cette fois-ci pourrait donc bien être la bonne. En tout cas, les marchés en sont persuadés: l'action du LSE s'envole aujourd'hui, gagnant plus de 30%, à 1.150 pence en fin d'après-midi. Le marché, autrement dit, table sur une surenchère très conséquente par rapport aux 950 pence offerts par le Nasdaq.

Et l'effervescence ne se borne pas aux rives de la Tamise. Si les investisseurs semblent considérer que les chances d'Euronext de se livrer à une surenchère sur le LSE sont très faibles, ils jouent déjà le coup suivant: un rachat de la Bourse de Londres par l'un des deux grands marchés américains pourrait inciter les deux grandes Bourses continentales, Euronext et la Deutsche Börse, à s'allier. Les discussions menées entre elles ces derniers temps sur ce thème n'ont pas abouti à ce jour. Mais l'émergence d'un acteur international de premier plan pourrait inciter les Européens à surmonter leurs réticences. Autre hypothèse: que celui des deux grands marchés américains qui n'aurait pas le LSE se rabatte sur une autre place européenne.

Du coup, les actions de ces places s'emballent elles-aussi. En fin de séance, le titre Euronext s'inscrit en tête des hausses à Paris, gagnant 12% à 61,65 euros. Quant à la Bourse allemande, elle progresse de près de 8%, à 112,10 euros.

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