La CFTC s'affole de la réforme des télécoms en Europe

Le syndicat brandit le risque de "600.000 à 800.000 licenciements" en Europe chez les opérateurs historiques si la séparation entre réseaux et services était appliquée. La commissaire à la société de l'information Viviane Reding présente mardi le nouveau cadre réglementaire européen du secteur.

Il n'est même pas encore rendu public, mais le nouveau cadre réglementaire européen des télécoms, que la commissaire à la société de l'information Viviane Reding dévoile mardi, fait déjà couler beaucoup d'encre. La CFTC des postes et télécommunications a écrit une lettre ouverte aux députés européens dans laquelle le syndicat s'alarme des risques que ferait courir le projet de séparation entre réseaux et services des opérateurs historiques souhaité par la Commissaire.

Ce "remède", selon la terminologie de la Commission européenne, s'appelle la "séparation fonctionnelle": il revient à imposer à l'opérateur historique, ancien monopole du téléphone toujours dominant, de scinder ses activités d'accès aux réseaux de ses autres activités de services dans des entités commerciales différentes, comme cela est déjà le cas chez BT au Royaume-Uni.

Prédisant rien de moins que "l'exécution sommaire du secteur des télécoms", la CFTC estime que "au total, il pourrait y avoir entre 600.000 et 800.000 licenciements en Europe rien que chez les membres de l'ETNO - European Telecommunications Networks Operators - qui regroupent les opérateurs historiques." Un chiffre "rocambolesque" selon un spécialiste: "il s'agit quasiment de la totalité des emplois du secteur!" pointe cet expert. Deutsche Telekom compte environ 240.000 salariés, France Télécom environ 190.000 personnes, dont 40% à l'international et Telefonica de l'ordre de 200.000.

Le syndicat s'affole, en redoutant que les "opérateurs dits historiques" soient non seulement les ex-monopoles mais aussi les opérateurs bien installés, citant dans son communiqué SFR et Neuf Cegetel. Or Viviane Reding ne vise dans son projet que les opérateurs verticalement intégrés issus des anciens monopoles des postes et télécommunications.

Richard Lalande, le président de l'Aforst, l'association française des opérateurs de réseaux et de services de télécommunications, qui est aussi directeur général adjoint de SFR, est d'ailleurs clairement favorable au principe de la séparation fonctionnelle qui, appliquée à France Télécom, permettrait d'éviter tout comportement anti-concurrentiel dans la fourniture d'accès.

Cependant, jusqu'à présent, le régulateur des télécoms français, l'Arcep, a considéré que la séparation fonctionnelle de France Télécom n'est pas nécessaire, le dégroupage à la française s'étant révélé une réussite. Viviane Reding a martelé qu'elle ne comptait pas imposer la séparation fonctionnelle aux opérateurs européens mais soutenir les régulateurs nationaux qui souhaiteraient l'appliquer dans leur pays.

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