Pour Alan Greenspan, l'inflation menace l'économie mondiale

Dans un entretien accordé au Financial Times, l'ancien président de la Réserve fédérale, estime que, comme son successeur Ben Bernanke, il n'aurait pas baissé les taux plus tôt. Une attitude attentiste qu'il justifie par l'existence de risques inflationnistes qui demeurent importants et dont l'origine vient du fait que la mondialisation est de moins en moins déflationniste.

Quitte à décevoir ceux qui se réclament de lui, et de son style, pour demander une baisse agressive des taux afin de faire face à la crise financière actuelle, Alan Greenspan, l'ancien président de la Fed, adopte une position nettement opposée qui devrait conforter celle de son successeur Ben Bernanke. "Moi non plus, je n'aurais pas baissé les taux", explique-t-il ainsi dans un entretien publié ce lundi par le Financial Times.

La raison principale en est simple. Pour Greenspan - dont les mémoires ont été publiées aujourd'hui sous le titre de "The Age of Turbulence" - la planète financière et économique vit actuellement "des temps plus difficiles" en raison des risques réels, et importants, "de résurgence de l'inflation". Pour le maestro qui a conduit la politique monétaire américaine sur plus de deux décennies, abaisser le loyer de l'argent serait donc "bien plus délicat" aujourd'hui qu'en 2001.

Et Greenspan d'asséner sa conviction selon laquelle nous assistons aujourd'hui à la fin de l'effet désinflationniste de la mondialisation. Après avoir largement bénéficié durant des années de l'incorporation des travailleurs chinois et de ceux des pays d'Europe de l'Est, l'économie mondiale tend à revenir à l'équilibre du fait d'une plus large intégration des pays émergents et, par conséquent, de plus fortes tensions salariales. Et surtout, prévient l'ancien banquier central, il ne faudrait pas balayer cette thèse en s'appuyant sur les chiffres actuels d'une inflation plus ou moins bien maîtrisée. "Cela va changer", prévient-il.

Dans le même temps, Greenspan relève que la part des salaires dans la valeur ajoutée est historiquement basse à l'inverse d'une productivité qui ne cesse de s'améliorer même si la croissance de cette dernière va se tasser au cours des prochaines années. Et ce découplage entre faibles progressions salariales et profits historiques des entreprises fait craindre à celui qui se définit, sur le plan économique, comme un "libertarian", un libertaire, une montée du ressentiment, aux Etats-Unis comme ailleurs, contre le capitalisme et le marché.

Il faut noter enfin ce constat désabusé vis-à-vis des bulles financières. Très critiqué pour en avoir laissé plusieurs se former - pour ne pas dire qu'il les a sciemment provoquées - Alan Greenspan affirme que le rôle d'un banquier central n'est pas de lutter contre elles. Et toute tentative en ce sens ne ferait, selon lui, qu'aggraver leurs dégâts. "Les bulles sont inévitables", juge-t-il même s'il estime que la crise actuelle des prêts immobiliers à risque est aussi liée à "la fraude" de certains courtiers coupables d'avoir octroyés des crédits sans en détailler et expliquer toutes les caractéristiques.

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