Vive le «consommer moins, consommer mieux» !

Depuis 2009 environ, les Français consomment moins et mieux.

Concernant le «consommer moins», les chiffres parlent d'eux-mêmes. Dans les années 1960, la croissance de la consommation en volume était en moyenne autour de 5 % par an, dans les années 1970 de 4 %, dans les années 1980 de 3 %, dans les années 1990 de moins de 2 % par an et, curieusement, dans les années 2000 de plus de 2 % par an. Dans les années 2010, la croissance de la consommation en volume pourrait être de 0,5 % par an, voire de zéro, ou même négative sur la décennie.

La fréquentation des magasins baisse, la consommation de viande (par choix) et d'essence (par amélioration technique) baissent. Mais nous autres, Français, refusons l'idée d'avoir une consommation en décroissance. Et pourtant, l'hypothèse est à envisager sérieusement.

Certes, nous consommons de moins en moins de produits et de plus en plus de services. Et France Stratégie a démontré récemment (septembre 2014) que dans les secteurs hors concurrence internationale, les prix français étaient inflationnistes, comme dans l'immobilier, pour retenir un exemple bien connu. Si la consommation baisse, les prix vont sans doute baisser...

À propos de «consommer mieux», dans la période de crise ayant suivi les années 1990-1992, le «consommateur malin» était la règle. À cette époque les vide-greniers sont apparus sur les trottoirs des villes et villages, et les magasins de troc et solderies de toutes sortes se sont multipliés. Internet a donné une nouvelle jeunesse au concept avec eBay et Leboncoin. Depuis 2010 s'est développé ce que l'on appelle l'économie collaborative, l'économie du partage. Dans son principe, il s'agit de consommateurs qui échangent ou monnayent à petit prix une voiture, un appartement, un service. Blablacar, Uber et Airbnb en sont de bons exemples. L'usage devient plus important que la propriété, et le coût de la propriété peut baisser avec de menus apports.

Si l'économie collaborative se pare des atours de l'économie responsable - elle serait donc une alterconsommation -, la réalité est autre. Échanger un vêtement ou le vendre d'occasion, louer son logement ou sa voiture quelques jours, sont une manière de consommer mieux avec moins. Si le geste est responsable, tant mieux. S'il permet de mieux vivre, c'est parfait ! Alors, déconsommation ou alterconsommation ? Les sociologues choisiront. Reste que le consommateur vit aussi bien avec moins : il constate le «moins», revendique le «aussi bien» et espère le «mieux».

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013.

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