Climat : pour les Européens, la transition ne peut se faire sans régler les inégalités (sondage)

Si l'augmentation du coût de la vie est de très loin le principal souci des Européens, inflation oblige, force est de constater que le changement climatique et la dégradation de l'environnement sont devenus des sujets de préoccupations majeurs, indique un sondage réalisé par BVA pour la Banque européenne d'investissement (BEI), publié ce mardi. Une étude publiée à deux jours de la conférence sur le climat à Dubaï.
57% des Français estiment que les mesures adoptées pour lutter contre le changement climatique seront plutôt source de bénéfices, notamment en termes de créations d'emploi, contre 43% qui pensent le contraire.
57% des Français estiment que les mesures adoptées pour lutter contre le changement climatique seront plutôt source de bénéfices, notamment en termes de créations d'emploi, contre 43% qui pensent le contraire. (Crédits : Gonzalo Fuentes)

Pour deux-tiers des Européens, la transition écologique et énergétique ne peut s'opérer que si l'on règle en parallèle la question des inégalités, indique un sondage réalisé par BVA pour la Banque européenne d'investissement (BEI), publié ce mardi. Un résultat qui est loin d'être anodin, puisqu'il est dévoilé à quelques jours seulement du coup d'envoi de la conférence sur le climat de l'ONU, la COP28, qui se tient à Dubaï.

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L'étude a été menée auprès de 30.245 personnes au total, dans 35 pays dont les 27 de l'UE, selon la méthode des quotas. En France, et dans la plupart des pays de l'UE, 1.000 personnes au moins ont été interrogées. Dans des pays plus petits comme Chypre, l'Estonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Slovaquie et la Slovénie, les échantillons étaient compris entre 444 et 513 personnes interrogées, et 210 à Malte.

Dans le détail, quelque 68% des citoyens de l'Union Européenne estiment en effet que la transition vers une économie neutre en carbone « ne peut se faire que si l'on s'attaque en même temps aux inégalités », contre 32% qui pensent que la transition doit se faire « même si cela signifie que les inégalités risquent d'augmenter », fait ainsi valoir cette étude réalisée par l'institut BVA du 7 août au 4 septembre.

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Dégradation de l'environnement

Globalement, l'augmentation du coût de la vie est de très loin le principal souci des Européens (cité par 68% des personnes interrogées dans l'UE, et 70% en France), sur une liste de 10 préoccupations possibles : changement climatique, dégradation de l'environnement, migrations de grande ampleur, accès à la santé, inégalités de revenus, chômage, terrorisme, instabilité politique et cyberattaques.

Le changement climatique arrive tout de même en deuxième position (cité par 45% des personnes interrogées dans l'UE, et 39% en France). La dégradation de l'environnement, elle, lui succède en troisième position (28% en moyenne dans l'UE, 22% en France). L'enquête montre aussi une nette dégradation de l'optimisme en Europe sur l'impact socio-économique de la transition énergétique et les créations d'emploi attendues.

Les Français plus optimistes ?

Ainsi, cette année, 51% des Européens interrogés disent attendre des créations d'emploi de la transition, alors qu'ils étaient 56% en 2021. Les plus grands écarts se trouvent dans les pays du nord comme les Pays-Bas, où seulement 42% des personnes interrogées disent s'attendre aujourd'hui à une amélioration de l'emploi due à la transition, contre 62% en 2021. En Allemagne aussi l'enquête montre un fort recul de l'optimisme, à 41% contre 54% en 2021.

En France en revanche, l'optimisme sur l'emploi lié à la transition climatique s'améliore légèrement. Au total, 57% des Français estiment que les mesures adoptées pour lutter contre le changement climatique seront plutôt source de bénéfices, notamment en termes de créations d'emploi, contre 43% qui pensent le contraire. En 2021, lorsque l'enquête de la BEI avait posé la même question, les Français n'étaient que 55% à attendre des créations d'emplois.

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La COP28, réunion sous tension

Du jeudi 30 novembre au mardi 12 décembre, près de 200 pays se réuniront à la COP28, aux Emirats arabes unis. Objectif affiché, dresser le bilan des efforts entamés depuis la signature de l'Accord de Paris... en 2015, ratifié par 194 Etats. Pour rappel, il avait fixé l'objectif de maintenir la hausse de la température moyenne mondiale « bien en deçà de 2°C » par rapport à l'ère pré-industrielle et, si possible, de limiter la hausse à 1,5°C. En revanche, il n'y avait pas d'objectif contraignant par pays et la mise en œuvre est assurée à l'échelon national.

D'autres sujets, éminemment sensibles, devraient figurer à l'ordre du jour, comme la fin du pétrole, l'établissement et l'alimentation d'un fonds pour aider les pays les plus vulnérables au changement climatique, ou encore les efforts consentis par monde la finance.

A maintes reprises ces derniers mois, le secrétaire général de l'ONU a tiré la sonnette d'alarme. Lundi, il appelé les dirigeants du monde qui seront réunis dans quelques jours à la COP28 à briser le « cycle meurtrier » du réchauffement et de ses impacts dévastateurs.

« Nous sommes piégés dans un cycle meurtrier », a déclaré à la presse Antonio Guterres, de retour d'un déplacement en Antarctique, « géant endormi (...) réveillé par le chaos climatique ».

« La glace réfléchit les rayons du soleil. Quand elle disparait, l'atmosphère terrestre absorbe plus de chaleur. Cela veut dire plus de réchauffement, donc plus de tempêtes, d'inondations, d'incendies et de sécheresses à travers le globe. Et plus de fonte, ce qui veut dire encore plus de réchauffement. »

« A la COP28, qui commence à la fin de la semaine, les dirigeants doivent briser ce cycle », a-t-il martelé.

« Tripler les énergies renouvelables »

Pour appuyer son propos, il a rappelé l'impact du changement climatique, dans un « monde interconnecté ». « Ce qui se passe en Antarctique ne reste pas en Antarctique », a-t-il martelé, évoquant les conséquences de la perte de glace de l'Antarctique sur la hausse du niveau de la mer et les dangers pour les villes et communautés côtières partout dans le monde.

L'Antarctique a déjà connu une perte de glace accélérée au cours des dernières décennies et les scientifiques estiment que la calotte glaciaire de l'Antarctique occidental - qui contient suffisamment d'eau pour élever le niveau des océans de plusieurs mètres - pourrait s'approcher d'un « point de bascule » climatique.

« Les dirigeants ne doivent pas laisser fondre les espoirs des populations à travers le monde pour une planète durable. Ils doivent faire en sorte que la COP28 compte », a insisté Antonio Guterres, appelant une nouvelle fois à sortir de « l'ère des énergies fossiles ».

« Nous avons besoin d'un engagement mondial à tripler les énergies renouvelables, doubler l'efficacité énergétique, et apporter de l'énergie propre à tous, d'ici 2030. »

(Avec AFP)

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