Décarbonation : le Canada n’atteindra pas ses objectifs d’ici 2030

Ottawa ne réduira ses émissions que de 36% sous le niveau de 2005 d'ici 2030 contre les 40 à 45% auxquels il s'est engagé l'an dernier, selon le commissaire à l'environnement du pays. Un sérieux retard dû, selon un rapport publié ce mercredi, à un manque d’ambition du gouvernement.
Le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau est directement ciblé, par le rapport, sur le retard de décarbonations du Canada.
Le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau est directement ciblé, par le rapport, sur le retard de décarbonations du Canada. (Crédits : AMBER BRACKEN)

Le chronomètre de la décarbonation tourne et le Canada affiche du retard. Selon un audit publié mardi par le commissaire à l'environnement du pays, Ottawa ne parviendra pas à atteindre ses objectifs de réduction des émissions de carbone d'ici 2030 s'il n'intensifie pas rapidement ses efforts.

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Compte tenu des politiques mises en place actuellement, le rapport estime que le pays ne réduira ses émissions que de 36% sous le niveau de 2005 d'ici 2030 contre les 40 à 45% auxquels il s'est engagé l'an dernier. Un sérieux retard provenant surtout d'un manque de moyens publics mis en place selon le texte.

Un manque de moyens mis en place par Ottawa

Le commissaire à l'environnement Jerry DeMarco attribue ce déficit, en premier lieu, à des retards dans l'implémentation de certaines mesures climatiques telles que le plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier et les nouvelles réglementations sur les carburants décrits comme « propres ». Le rapport souligne également que « les mesures les plus importantes pour réduire les émissions » n'ont toujours pas été identifiées, ni hiérarchisées et que plus de la moitié des mesures du plan libéral ne comprenaient pas de date limite de mise en œuvre.

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La modélisation climatique du gouvernement a aussi été vivement critiquée, notant qu'elle incluait des « hypothèses trop optimistes », une « analyse limitée des incertitudes ainsi que l'absence d'examen par les pairs ». Enfin, Jerry DeMarco a souligné le manque de contrôle du ministre de l'Environnement Steven Guilbeault dans la mise en place des politiques de réductions des émissions, actuellement partagées par plusieurs organisations fédérales.

« Je suis tout à fait d'accord avec le commissaire, on doit faire plus, on doit aller plus vite en matière de lutte au changement climatique », a reconnu le ministre Steven Guilbeault en conférence de presse, ajoutant qu'Ottawa comptait mettre en oeuvre les recommandations du rapport.

Le gouvernement s'est néanmoins défendu des accusations dont il est la cible dans le rapport. Selon l'exécutif, ces retards sont surtout dus à la pandémie de Covid-19 et à des consultations plus longues que prévues avec les parties prenantes.

Le Canada, mauvais élève de la décarbonation

Reste que le Canada est loin d'être un exemple pour la décarbonation des autres pays.

« Ces constatations ne sont pas nouvelles », tient à rappeler Jerry DeMarco, rappelant les milliards investis par Ottawa dans plus de dix plans environnementaux depuis 1990, sans qu'aucun n'atteigne ses objectifs. Les émissions canadiennes « sont considérablement plus élevées qu'elles ne l'étaient en 1990 », ajoute le rapport qui a été devancé d'un an compte tenu du « besoin urgent de réductions rapides et importantes des émissions ». Quatrième producteur mondial de pétrole, le Canada figure parmi les 10 plus grands émetteurs au monde de gaz à effets de serre et l'un des plus grands émetteurs par habitant.

2023 est l'année la plus chaude jamais mesurée sur les dix premiers mois de l'année

Le rapport visant le Canada est d'autant plus accablant qu'une autre nouvelle inquiétante a été publiée le même jour : la température moyenne mondiale depuis janvier est la plus chaude jamais mesurée sur les dix premiers mois de l'année, 1,43°C au-dessus du climat des années 1850-1900, a annoncé mercredi l'observatoire européen Copernicus.

La température mondiale est donc plus proche que jamais de la limite emblématique de l'accord de Paris (+1,5°C de moyenne sur plusieurs décennies) ce qui implique que, compte tenu de ces nouvelles « anomalies de températures exceptionnelles, nous pouvons affirmer avec une quasi-certitude que 2023 sera l'année la plus chaude dans les annales » affirme l'observatoire.

Comme un appel au Canada et aux autres pays en retard sur la décarbonation, Samantha Burgess, cheffe adjointe du service changement climatique (C3S) de Copernicus a déclaré : « le sentiment de devoir prendre d'urgence des mesures climatiques ambitieuses à l'approche de la COP28 n'a jamais été aussi fort »

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 08/11/2023 à 17:31
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Le Canada, c'est bien ce pays qui exploite les pétrole et gaz de schistes bitumeux? Qu'il n'arrive pas à réduire ses émissions...Étonnant Non?

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