Décarbonation : le port de Brest accélère et teste un panneau solaire flottant

Le port de Brest s’engage dans la décarbonation de ses installations portuaires. Un prototype de panneau solaire flottant, conçu par la société nantaise HelioRec, vient d’être installé. Il s’agit de la première étape de la stratégie industrielle durable du port. Pour contribuer à la transition du transport maritime, la société portuaire prépare une feuille de route à 40 ans, qui intégrera les énergies renouvelables et bas-carbone.
Déployé dans un des bassins inutilisables pour la navigation, un prototype de production d'énergie flottante de 25 kW, conçu par la startup nantaise HelioRec, va être testé pendant un an dans le port de Brest.
Déployé dans un des bassins inutilisables pour la navigation, un prototype de production d'énergie flottante de 25 kW, conçu par la startup nantaise HelioRec, va être testé pendant un an dans le port de Brest. (Crédits : SPBB)

Décarboner ses installations portuaires et contribuer à la transition du transport maritime. C'est le chemin sur lequel s'engage la Société Portuaire Brest Bretagne (SPBB). Avant la signature en fin d'année avec le Conseil régional de son nouveau contrat de concession qui fait de la transition énergétique un axe important pour les 40 prochaines années, le port de Brest a franchi une première étape symbolique, avec l'installation d'une expérimentation de panneau solaire flottant.

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Déployé dans un des bassins inutilisables pour la navigation, un prototype de production d'énergie flottante de 25 kWh, conçu par la startup nantaise HelioRec dirigée par Polina Vasilenko, va être testé pendant un an. Evaluée à 18,5 MWh/an, soit 7% de la consommation du port, la production énergétique de cette centrale de 247 m², modulaire et construite avec des composants fabriqués dans l'Union européenne, est raccordée au réseau. Résistante au vent et aux vagues, elle pourra alimenter des installations proches.

Financement dans le cadre du projet européen DIOL

« Dans la réflexion que nous menons sur la manière de produire de l'énergie propre, l'option du solaire flottant est de plus en plus regardée, à un moment où le foncier industriel se fait rare. La technologie d'HelioRec, conçue pour résister aux environnements difficiles, permet d'utiliser des parties de port dont la profondeur, en raison d'un grand marnage, n'est pas suffisante pour les bateaux », souligne Christophe Chabert, président du directoire de la SPBB.

« Y produire de l'énergie propre est une bonne idée, d'autant que le niveau de rendement est supérieur de 15% à celui des ombrières », fait-il valoir.

L'installation du prototype d'HelioRec est en partie financée dans le cadre du projet européen inter-régional DIOL, qui réunit les ports de la mer du Nord. Ce programme vise à fournir une réponse concertée à la demande des Etats, en matière de développement de l'éolien offshore et de décarbonation de la logistique.

En matière d'énergie solaire, la SPBB étudie aussi la possibilité d'utiliser les surfaces de magasins du port. Objectif, fournir, grâce à des ombrières, 50% de la consommation du port.

« Un autre enjeu porte sur l'électrification de quais, qui permettra à terme aux bateaux de couper leurs moteurs pour s'alimenter à terre », complète Christophe Chabert.

Un port pilote pour la transition énergétique

La Région Bretagne, propriétaire de 20 ports, dont celui de Brest, a voté le 12 octobre une stratégie portuaire 2023-2033 qui insiste sur la décarbonation. De ce point de vue, le test d'HelioRec s'inscrit ainsi dans un objectif plus global passant par le développement des énergies renouvelables (éolien offshore et solaire) ou bas carbone (bio-GNL, bio-fuels, H2).

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Au-delà de l'option solaire, la plus avancée, le port de Brest collabore avec GRDF sur les bio-carburants, afin de délivrer du biogaz liquide pour les transports. La SPBB participe aussi au projet européen REDII Ports. Celui-ci envisage d'accélérer l'utilisation d'hydrogène renouvelable et d'évaluer la pertinence de l'ammoniac comme carburant alternatif, zéro émissions.

« Nous menons, en outre, une réflexion avec une station d'épuration de la SPL Eau du Ponant autour de la réutilisation des eaux propres rejetées à la mer pour les eaux industrielles et les travaux de nettoyage des bassins de réparation navale. Nous regardons également du côté de la biomasse et du recyclage sur place des résidus de produits agro-alimentaires », ajoute le président du directoire.

« Les trois prochaines années seront cruciales »

Pour ce faire, Christophe Chabert prône une certaine agilité, « dans une logique entrepreneuriale et sur un temps long ». « Il ne faut pas que le transport maritime subisse le retard qu'a connu l'industrie automobile, insiste-t-il. En termes de concurrence internationale, les deux ou trois prochaines années seront cruciales. C'est la raison pour laquelle en 2021, la Région, la CCI métropolitaine Bretagne ouest (CCIMBO), jusqu'alors gestionnaire du port, et Brest Métropole, ont fait évoluer la gouvernance ».

Depuis sa création, la SPBB est détenue à 51% par le Conseil régional, à 39% par la CCIMBO et à 10% par Brest Métropole. Le plan d'investissements et la feuille de route seront formalisés lors de la signature du prochain contrat de concession. Il devra proposer un contrat équilibré entre contraintes environnementales et compétitivité.

Fort d'un trafic commercial de trois millions de tonnes en 2022, le port de Brest (20 millions de chiffre d'affaires) se distingue d'autre places portuaires par son activité industrielle de réparation navale (50 bateaux par an), notamment sur des méthaniers et des paquebots. A cela s'ajoutent l'activité naissante autour de l'assemblage et le montage des énergies renouvelables sur le nouveau polder EMR. Sur ce segment, une progression importante est attendue à l'horizon 2030 avec l'entrée progressive en activité des parcs éoliens en mer, flottants ou posés, AO5 (Bretagne Sud), AO6 (mer Méditerranée), AO7 (Oléron) et AO8 (Centre Manche).

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