[Article mis à jour le 16/02/2024 à 10h45]
De quoi relancer la polémique sur la sortie du bouclier tarifaire. Après les lourdes pertes enregistrées en 2022 à cause du « bouclier tarifaire » et du plongeon de la production nucléaire liés à l'arrêt de plusieurs réacteurs touchés par des problèmes de corrosion sous contrainte, EDF a publié ce vendredi des résultats financiers 2023 stratosphériques qu'il qualifie lui-même « d'exceptionnels ».
L'Ebitda tutoie les 40 milliards d'euros
Le groupe public a en effet dégagé un bénéfice d'exploitation de 13,2 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de 139,2 milliards d'euros. L'an dernier négatif de 5 milliards d'euros, l'Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts et dépréciation et amortissement) tutoie les 40 milliards d'euros. De quoi faire bondir le cash flow à 9,3 milliards d'euros alors qu'il brûlait du cash en 2022 avec un cash flow négatif de 24,6 milliards d'euros. Enfin, le bénéfice net, impacté notamment par une dépréciation de la valeur du projet Hinkley Point C, (voir encadré) s'est élevé à 10 milliards d'euros, en hausse de 28 milliards par rapport à l'an dernier qui s'était soldé par une perte pharaonique de 18 milliards d'euros. De tels résultats permettent ainsi de réduire la dette nette, à 54,4 milliards d'euros, contre 64,5 milliards d'euros fin 2022.
« L'année 2023 marque le retour de la performance opérationnelle de l'entreprise à un meilleur niveau après une année 2022 impactée par des difficultés industrielles et par les effets défavorables d'une régulation exceptionnelle. Ces résultats solides permettent à EDF d'être au rendez-vous de ses objectifs financiers et de réduire sa dette financière », a déclaré Luc Rémont, le PDG d'EDF.
46 réacteurs disponibles
« Les résultats exceptionnels du Groupe s'expliquent par une très bonne performance opérationnelle avec une hausse importante de 41,4 TWh de la production nucléaire en France dans un contexte de prix historiquement élevés », se félicite EDF dans un communiqué. Ainsi, la production nucléaire s'est élevée à 320,4 TWh. Début janvier, 46 réacteurs étaient désormais disponibles, soit 50GW.
« 15 des 16 réacteurs les plus sensibles au phénomène de corrosion sous contrainte sont réparés à fin 2023 et le dernier sera traité lors de sa visite décennale qui commence en février 2024. De plus, le programme 2023 de contrôles des soudures réparées lors de la construction a été finalisé », précise EDF.
Ces bénéfices proviennent également des prix de marché élevés en 2023, alors que l'entreprise a dû vendre moins d'électricité à bas coût à ses concurrents qu'en 2022 dans le cadre de l'ARENH (accès régulé à l'électricité nucléaire historique). Surtout, comme nous l'expliquions il y a quelques semaines, une faille dans ce système de régulation des prix par l'Etat a conduit à une sur-rémunération d'EDF de l'ordre d'une vingtaine de milliards d'euros en 2023.
L'Ebitda 2024 va d'ailleurs s'inscrire à la baisse, prévient EDF. Selon ses projections, il perdra 8 à 11 milliards en raison d'un « effet prix de l'énergie », c'est-à-dire notamment la baisse importante des prix de marché. Mais devrait gagner, en parallèle, 2 à 5 milliards d'euros du fait d'une production nucléaire « attendue en hausse en France », conduisant à une « baisse des achats dans un contexte de prix de marché moins élevés ».
Pour rappel, l'électricien prépare la mise en service de l'EPR de Flamanville dont le chargement du combustible prévu en mars 2024.
Dépréciation d'actifs pour Hinkley Point EDF a annoncé vendredi une dépréciation de 12,9 milliards d'euros liée essentiellement aux difficultés du chantier des réacteurs nucléaires d'Hinkley Point en Angleterre. Cette dépréciation s'élève à 11,2 milliards pour les actifs d'Hinkley Point et 1,7 milliard pour l'écart d'acquisition (goodwill) de la filiale britannique EDF Energy, après l'annonce en janvier de délai et de coûts supplémentaires pour le projet.
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