En Moselle, un site controversé de gaz non conventionnel autorisé par la justice

Ce projet d'extraction de gaz non conventionnel, jusqu'ici jamais pratiquée en France, doit représenter une surface totale de 191 km2. Retoqué une première fois par le ministère de la Transition écologique, le futur site est contesté par plusieurs ONG et élus écologistes ou issus de la majorité présidentielle.
En 2021, lors de la COP26, une soixantaine de maires, conseillers locaux et députés avaient signé une pétition demandant au gouvernement l'arrêt de ce projet gazier.
En 2021, lors de la COP26, une soixantaine de maires, conseillers locaux et députés avaient signé une pétition demandant au gouvernement l'arrêt de ce projet gazier. (Crédits : (c) Copyright Thomson Reuters 2013. Check for restrictions at: http://about.reuters.com/fulllegal.asp)

Un projet controversé d'extraction de gaz non conventionnel est en passe de voir le jour en Moselle (Est de la France). Une décision du tribunal administratif de Strasbourg est venue confirmer le projet, a indiqué, jeudi 24 novembre, la société en charge du futur site, La Française de l'Energie.

Lundi 20 novembre, l'Etat a ainsi signé un décret autorisant la concession « Bleue Lorraine », jusqu'au 1er janvier 2040, selon un extrait publié au Journal officiel. Cela permettra, selon la société porteuse du projet, de « valoriser ses ressources gazières certifiées en Lorraine ». « Cet octroi marque une étape clé dans la valorisation des réserves et ressources certifiées par le groupe sur cet actif stratégique au cœur de l'Europe », a salué La Française de l'Energie, qui porte le projet depuis 2004.

Ce projet d'extraction d'un gaz retenu prisonnier dans les veines de charbon (gaz de couche ou gaz de houille), jusqu'ici jamais pratiquée en France, doit représenter une surface totale de 191 km2 avec jusqu'à 400 puits de forage.

Serpent de mer juridique

Le projet avait été retoqué en avril par le ministère de la Transition écologique, qui estimait que les essais de production n'avaient « pas été probants », la société n'ayant « démontré ni sa capacité technique à extraire le gaz de couche, ni par la suite, l'exploitabilité de ce gisement ». La société, qui bénéficiait d'un permis exclusif de recherches, avait procédé à six forages entre 2006 et 2017.

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Un recours de l'entreprise devant le tribunal administratif de Strasbourg avait amené, le 25 juillet, la juridiction à ordonner à l'Etat « d'accorder à la société La Française de l'Energie la concession de mines d'hydrocarbures liquides ou gazeux dite "Bleue Lorraine", dans un délai de trois mois ». Pour le tribunal, « La Française de l'Energie justifie de ses capacités techniques pour extraire du gaz de couche et de la qualité des programmes de travaux présentés pour démontrer que le gisement est exploitable ».

Cependant, le ministère de la Transition écologique a fait appel de ce jugement du tribunal administratif de Strasbourg devant la cour administrative d'appel de Nancy, qui n'a pas encore rendu sa décision.

Contesté par des élus et ONG

Ce projet est vivement contesté par les associations locales de défense de l'environnement ainsi que des élus écologistes et Renaissance. En 2021, lors de la COP26, une soixantaine de maires, conseillers locaux et députés avaient signé une pétition demandant au gouvernement l'arrêt de ce projet gazier.

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Le groupe, qui avait déposé sa demande de permis d'exploitation en novembre 2018, a par ailleurs révélé en mai avoir découvert une importante réserve d'hydrogène naturel, dit « blanc », dans la même zone. Il « poursuit ses travaux de recherches (...) afin de valider et accélérer le développement de cette ressource sous forme d'hydrogène natif, écologiquement et économiquement très compétitive ».

Coup de pression sur les compagnies mondiales de gaz

A une semaine de la COP28, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a appelé, jeudi 24 novembre, les compagnies pétrogazières à consacrer la moitié de leurs investissements aux énergies propres d'ici à 2030 pour limiter le réchauffement planétaire à +1,5°C, conformément à l'Accord de Paris. Il s'agit, selon l'AIE, de « choisir entre contribuer à une crise climatique qui s'aggrave ou faire partie de la solution en adoptant la voie de l'énergie propre ».
Selon l'AIE, les sommes consacrées par les industries du pétrole et du gaz aux énergies propres ne représentent qu'environ 2,5% du total de leurs dépenses d'investissements. L'agence internationale leur demande d'atteindre 50% d'ici 2030. 
Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, une condition pour garder l'objectif de 1,5°C à portée de main, l'AIE estime que la consommation de pétrole et de gaz doit diminuer de plus de 75% à cet horizon. Ce qui implique un essor considérable des énergies renouvelables.


(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 25/11/2023 à 18:47
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"demandant au gouvernement l'arrêt de ce projet gazier" si le grisou qui provoquait des morts en cas d'explosion dans les mines peut servir à l'usage habituel du méthane, pourquoi s'en priver ? Même si on en espère peut-être trop (quantités, prix, et...

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