Pour TotalEnergies, le gaz reste indispensable pour répondre aux besoins énergétiques futurs

Selon TotalEnergies, la demande en gaz va rester soutenue dans les années à venir, notamment pour répondre aux évolutions du système énergétique mondial qui compte se tourner de plus en plus vers le renouvelable. Ces perspectives diffèrent de celles de l'Agence internationale de l'Energie (AIE).
Pour TotalEnergies, le gaz restera indispensable quel que soit le scénario énergétique.
Pour TotalEnergies, le gaz restera indispensable quel que soit le scénario énergétique. (Crédits : GONZALO FUENTES)

La part du gaz naturel dans la demande mondiale d'énergie va se maintenir autour de 22% à 24% d'ici 2050, et ce, quel que soit le scénario et l'effort mondial pour enrayer le réchauffement climatique, estime TotalEnergies, dans un rapport divulgué ce mardi 14 novembre. Pour sa cinquième édition, le document publié à deux semaines de la COP28 examine les perspectives d'évolution du système énergétique mondial.

Le géant pétrogazier reconnaît la nécessité de se tourner vers les énergies renouvelables, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (CO2). Encore faut-il pouvoir gérer les intermittences et assurer la fiabilité du système électrique in fine :

« On peut faire le pari de mettre des batteries, mais ça coûte cher et il faut les développer. Du coup, le gaz est un meilleur complément, tout en étant fossile, on n'a jamais dit qu'il était vertueux », a défendu Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, lors d'une présentation presse.

Rien que dans les pays asiatiques, la décarbonation va notamment passer par une utilisation moindre du charbon, et donc, davantage de gaz. « C'est une réalité », a appuyé le PDG.

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TotalEnergies mise sur trois scénarios

Dans le détail, TotalEnergies établit trois scénarios pour les trente prochaines années. Tous font l'hypothèse d'une croissance démographique portant la population mondiale à 9,5 milliards d'humains. Or, ces derniers auront besoin d'un approvisionnement énergétique sûr et à prix abordable.

Dans le scénario le plus délétère et « insoutenable » pour le climat, le monde lève le pied sur le pétrole et le charbon, mais un peu seulement. En revanche, pas de compromis sur le gaz. La part des énergies fossiles dans l'énergie mondiale passe de 80% (chiffre stable depuis 2000) à 70%. Ce scénario va de pair avec « une augmentation de la température en 2100 supérieure à 3°C degrés », souligne TotalEnergies.

Le groupe imagine également deux alternatives dans lesquelles le charbon apparaît comme l'homme à abattre. Première possibilité, les pays riches renoncent au charbon, la Chine en réduit sa consommation, parallèlement à une électrification de la mobilité. La part des fossiles tombe à 55% du mix énergétique mondial et la hausse de la température mondiale atteint entre 2,1°C et 2,2°C en 2100.

Deuxième possibilité, la plus vertueuse, le charbon devient définitivement une énergie du passé, représentant 6% de la demande mondiale d'énergie en 2050 (contre 27% en 2021) à côté du pétrole, lui aussi en perte de vitesse (12% contre 29%) et du solaire et de l'éolien (27% contre moins de 3%). Au global, la part des fossiles tomberait alors à 40% et le réchauffement du climat est limité entre 1,7°C et 1,8°C. Même dans ce scénario, le gaz reste indispensable, estime TotalEnergies (22% de la demande mondiale d'énergie en 2050 contre 24% en 2021).

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Des perspectives différentes de l'AIE

Une optique que la multinationale française qualifie de « plus réaliste » que celle de l'Agence internationale de l'Energie (AIE).

« On peut arriver à la neutralité carbone en 2050 en faisant des efforts importants. (...) Mais on voit bien que le chemin est plus compliqué que la fameuse trajectoire linéaire de la baisse de consommation de pétrole envisagée par l'AIE », a taclé Patrick Pouyanné.

L'AIE parie sur un pic de la demande de gaz, pétrole et charbon dans la décennie, devant l'essor inexorable des énergies renouvelables.« Même sans aucune nouvelle politique climatique, la demande pour chacun des trois combustibles fossiles devrait atteindre un sommet dans les années à venir », a déclaré le chef de l'AIE, Fatih Birol, dans une tribune publiée dans les colonnes du Financial Times.

L'Agence internationale de l'énergie estime également que la crise énergétique mondiale de 2022 « a marqué le début d'une nouvelle ère pour les marchés mondiaux du gaz, après une décennie de forte croissance entre 2011 et 2021 », qualifiée d'« Âge d'or du gaz ». L'Agence s'attend sur le moyen terme à un ralentissement de croissance de la demande mondiale de gaz portée à 1,6% par an entre 2022 et 2026, contre une moyenne annuelle de 2,5% entre 2017 et 2021.

Des tensions possibles en fin d'hiver en Europe sur le gaz, pointe l'AIE

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a mis en garde début octobre contre de possibles tensions en Europe sur le marché du gaz. Notamment en cas d'hiver froid et de nouvelles restrictions des acheminements de gaz russe dans les gazoducs, selon un rapport sur les perspectives du marché du gaz à 2026.

« Malgré le rééquilibrage progressif des marchés du gaz, les risques et les incertitudes pèsent sur les perspectives pour l'hiver 2023-24 », souligne l'AIE dans ce rapport.

Les stockages de gaz de l'Union européenne ont beau être quasi-remplis à 96% à l'entrée dans la saison de chauffage, l'AIE se montre prudente sur la sécurité d'approvisionnement, au cœur de grandes craintes de pénurie en 2022 après l'invasion de l'Ukraine. « Un hiver froid associé à une moindre disponibilité de gaz liquéfié (GNL, nlr) » acheminé par navires « et à une nouvelle baisse des livraisons de gaz russe par canalisation pourraient raviver les tensions sur le marché, en particulier vers la fin de l'hiver 2023-24 », explique-t-elle. « Le risque de volatilité des prix, notamment en cas d'hiver froid, est donc préoccupant », ajoute-t-elle dans un communiqué.

Depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022, Moscou a fortement réduit ses acheminements par gazoduc vers l'UE, poussant les Etats à réorganiser en urgence leurs approvisionnements. Ils ont ainsi gonflé de 70% l'année dernière leurs achats de GNL, venu à plus de 40% des États-Unis mais aussi de Russie (17% des achats européens de janvier à juillet 2023). « Nous sommes en meilleure position » cette année, mais l'Europe est confrontée « à au moins deux défis majeurs », assurait le 18 septembre à Paris le chef de l'AIE, Fatih Birol. Notamment si l'hiver est plus rude que l'année dernière. Deuxièmement, l'Europe reçoit encore du gaz de Russie, et il peut être coupé « d'un jour à l'autre », soulignait-il. Quelques pays d'Europe de l'Est continuent également de recevoir un peu de gaz russe via l'Ukraine.

(Avec AFP)

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