Hydrogène : vers un second électrolyseur géant au Havre

Et de deux. Après Air Liquide et son usine Normand’Hy, c’est au tour de l’entreprise nantaise Lhyfe de projeter la construction d’une méga-usine d’électrolyse d’hydrogène au Havre. Le ministre de l’industrie a annoncé lui allouer une aide d’un peu moins de 150 millions d’euros.
Attendu en 2028, le projet de Lhyfe sera le second électrolyseur d'hydrogène de classe mondiale dans l'estuaire de la Seine après celui d'Air Liquide dont la mise en service doit intervenir l'an prochain. (Photo du site d'Air Liquide)
Attendu en 2028, le projet de Lhyfe sera le second électrolyseur d'hydrogène de classe mondiale dans l'estuaire de la Seine après celui d'Air Liquide dont la mise en service doit intervenir l'an prochain. (Photo du site d'Air Liquide) (Crédits : DR)

Roland Lescure n'est pas arrivé les mains vides aux 7èmes rencontres de l'axe Seine qui se tenaient au Havre, ce lundi à l'initiative de l'Entente créée par Anne Hidalgo, Nicolas Mayer-Rossignol et Edouard Philippe. Invité vedette de cette grand-messe consacrée à la décarbonation, le ministre de l'industrie et de l'énergie a annoncé le déblocage d'une enveloppe de 149 millions d'euros dans le cadre de France 2030 pour financer la construction d'une seconde méga-usine d'électrolyse d'hydrogène dans la zone industrialo-portuaire havraise. « L'axe Seine sera le premier territoire à disposer de deux électrolyseurs de classe mondiale », s'est félicité Roland Lescure.

L'heureux bénéficiaire de cette pluie de millions sera l'entreprise Lhyfe. Pionnier du dihydrogène (H2), le Nantais projette de mettre à feu en 2028 un site de production d'hydrogène bas carbone d'une puissance de 100 mégawatts (MW) à Gonfreville-l'Orcher, dans la banlieue du Havre. D'un coût compris « entre 200 et 300 millions d'euros » aux dires de ses promoteurs, l'installation devrait être en capacité de produire 35 tonnes d'H2 par jour à terme dont « environ les deux tiers iront alimenter le site voisin de Yara et le reste d'autres acteurs industriels et de la mobilité  », précise à La Tribune Matthieu Guesné, PDG de Lhyfe.

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Décarboner la fabrication d'engrais

En consentant cette aide généreuse, le gouvernement espère accélérer la bascule du site de Yara vers l'économie bas carbone. L'usine normande pointe, en effet, à la septième place des plus gros émetteurs industriels français de CO2. Membre du club des « 50 » industriels avec qui l'Elysée a signé un pacte de décarbonation, elle fabrique, chaque année, 400.000 tonnes d'ammoniac -l'ingrédient principal des engrais azotés- pour lesquelles elle a besoin d'énormes quantités d'hydrogène. Le futur électrolyseur doit lui permettre de « couvrir 15% de ses besoins », a précisé Roland Lescure lors de son allocution. De son côté Ghislain Robert, directeur commercial de Lhyfe, chiffre à « 73.000 tonnes par an », la réduction des émissions que  suscitera l'apport d'hydrogène bas carbone.

Le projet de l'entreprise nantaise sera donc le second soutenu par l'Etat à cette hauteur inhabituelle sur le complexe industrialo-portuaire de la vallée de Seine. Lequel est responsable de « 20% des émissions industrielles de la France », comme l'a rappelé le ministre de l'industrie. En 2023, Air Liquide avait déjà obtenu une aide de 190 millions d'euros pour financer la construction d'une première méga-usine d'électrolyse d'une puissance de 200 MW, à quelques kilomètres de là dans l'agglomération Caux Seine.

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Le projet de captage de CO2 avance

Pour autant, les deux installations dont la capacité totale pourrait atteindre environ 50.000 tonnes, seront encore loin de couvrir tous les besoins en hydrogène « vert » des industriels de l'axe Seine, aujourd'hui chiffrés à plus de 300.000 tonnes. Pour parvenir à la neutralité carbone, les raffineurs et les fabricants d'engrais misent en complément sur le captage et le stockage de CO2, moins coûteux et plus facile à déployer.

Selon nos informations, un site de liquéfaction et d'exportation du gaz carbonique pourrait voir le jour au voisinage du site havrais de Yara justement. Le but ? Renvoyer le CO2 capté la sortie des cheminées d'usines pour l'enfouir dans d'anciennes cavités marines situées au large du Danemark et de la Norvège. Deux pays avec qui Roland Lescure a justement signé récemment « des accords de partenariats », comme l'intéressé l'a rappelé dans son discours.

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Commentaire 1
à écrit le 18/03/2024 à 20:52
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Ça sera alimenté en électricité par quoi, cette installation ? Y a un réacteur ou des champs d'éoliennes à proximité ? Plus la source d'énergie est proche moins ça provoque de pertes par effet Joules (comme l'industrie de l'aluminium, souvent proche ...

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