Décarbonation : le plasturgiste Reborn redonne dix nouvelles vies au film plastique

Avec le lancement de quatre usines de recyclage, le plasturgiste français Reborn devient le premier fabricant européen de film plastique à boucler la boucle : de la récupération du déchet à la production du produit fini. Une mise en application concrète de l’économie circulaire.
Moins du quart des films plastique en polyéthylène est recyclé en Europe.
Moins du quart des films plastique en polyéthylène est recyclé en Europe. (Crédits : DR)

Il emballe des cannettes de sodas, des bouteilles d'eau, des objets fragiles ou des palettes. Transparent, unicolore ou frappé de logos, le film plastique en polyéthylène (dit PE) est présent partout dans notre quotidien. Il s'en produit 10 millions de tonnes sur le vieux continent et 1 million en France soit 20% du total des plastiques que nous utilisons. Problème, cette résine pétro-sourcée n'est recyclée qu'à hauteur du quart ce qui signifie, en clair, que la majorité du gisement finit en décharge ou dans des incinérateurs. A plus forte raison, depuis que la Chine a fermé ses portes aux déchets étrangers.

Le bien nommé plasturgiste français Reborn (450 salariés - 150 millions d'euros de chiffre d'affaires) s'inscrit à contre-courant de ce modèle. Il a mis au point plusieurs technologies innovantes, du tri optique au désencrage, qui lui permettent de recycler dix fois tous les type de films souples. Au terme de plusieurs années de R&D, le procédé est maintenant industrialisé à grande échelle. Moyennant un investissement de 11 millions d'euros, le groupe est désormais à la tête de quatre usines de recyclage (en Normandie, son berceau industriel historique, dans les Vosges, les Pyrénées-Atlantique et la Loire) en complément de ses six sites de fabrication.

Un modèle totalement intégré

L'approche adoptée par cette ETI familiale est unique sur le Vieux continent. Elle repose sur une intégration complète depuis la collecte des films usagés chez les distributeurs ou les grands industriels jusqu'à leur transformation en granulés plastique et à leur réinjection dans la chaîne de fabrication des produits finis. Un positionnement commandé par l'absence d'offre sur le marché, explique Matthieu Abiteboul, directeur général de la filiale XL Recycling. « Il n'existait pas de solutions fiables. Ni pour la collecte de déchets trop mélangés dans les plateformes de tri, ni chez les recycleurs qui étaient incapables de nous garantir une qualité de granulés plastique irréprochable ».

Moyennant quoi, Reborn devrait être capable en fin d'année prochaine de proposer 80% de films recyclés, soit quelque 40.000 tonnes (25.000 aujourd'hui). Une évolution exemplaire qui lui a valu une aide de l'Ademe et le soutien du fonds industriel opéré par le BPI « Parce qu'il s'agit de surcyclage et non de sous-cyclage (le fait de transformer des déchets en matières de qualité inférieure ndlr), c'est un projet à la fois innovant et à fort impact qui correspond tout à fait à notre doctrine d'investissement », souligne Jean Philippe Richard, directeur adjoint du fonds. Lequel est entré à hauteur de 30% au capital de XL Recycling. On peut y voir un gage de confiance

Avec Reborn, le fonds SPI passe le cap des 30 usines créées en France

Les sites de recylage de Reborn et de sa filiale figurent parmi les derniers nés des projets accompagnés par le fonds Société de Projets Industriels (ou SPI) de la BPI. Cet outil de capital risque a été créé en 2015 par le ministre de l'économie de l'époque -un certain Emmanuel Macron- dans l'idée de démontrer la rentabilité de l'investissement industriel. Il concentre son action sur la phase d'industrialisation de technologies en investissant en minoritaire dans des sociétés de projet avec, à la clef, quelques belles réussites telles que Evertree, Carbiolice, Lactips ou Microphyt.

Reconduit en 2022 avec un budget d'un milliards d'euros (contre 800 millions dans la phase précédente), le fonds réalise ici son 31ème investissement et le dixième en deux ans. « Après une période d'accalmie marquée par la difficulté de constituer des tours de table, la dynamique s'est accélérée l'an dernier ce qui démontre qu'il existe des porteurs de projets industriels innovants en France », commente son numéro 2 Jean Philippe Richard. Le fonds espère aujourd'hui diffuser son modèle. Il pousse à la création de « petits SPI privés » pour stimuler la réindustrialisation.

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