Nawa Technologies : pourquoi l'homme d'affaires Alexandre Garese s'intéresse fortement à cette pépite

L'homme d'affaires français Alexandre Garese, qui a fait fortune en Russie, révèle à La Tribune les atouts de son offre de reprise de Nawa Technologies, une pépite technologique qui contre toute attente est actuellement en redressement judiciaire. Le Tribunal de commerce d'Aix-en-Provence a choisi son offre de reprise pour redresser cette startup au cœur de la transition écologique.
Michel Cabirol
« Pour moi, c'est clair, Nawa Technologies est une vraie pépite qui pourrait devenir un fleuron de l'industrie française. On est à l'aube d'une aventure extraordinaire » (Alexandre Garese, fondateur de la société d’investissements Kouros)
« Pour moi, c'est clair, Nawa Technologies est une vraie pépite qui pourrait devenir un fleuron de l'industrie française. On est à l'aube d'une aventure extraordinaire » (Alexandre Garese, fondateur de la société d’investissements Kouros) (Crédits : Kouros)

Réactualisation de l'article avec la décision du Tribunal de commerce d'Aix-en-Provence 15h41

Tic-tac, tic-tac, tic-tac... C'était l'heure du choix pour le Tribunal de commerce d'Aix-en-Provence qui a rendu vendredi une décision cruciale pour l'avenir de Nawa Technologies installée à Rousset (Bouches-du-Rhône). Il devait sélectionner pour cette deepTech provençale une offre de reprise entre celle déposée par un consortium (Altya Invest, Bpifrance et Antoine Saucier, directeur général de Nawa Technologies arrivé en janvier 2023) et celle de la société d'investissement industriel Kouros, présidée par le Français Alexandre Garese. Le Tribunal de commerce a finalement choisi l'offre de l'homme d'affaires français.

Précision particulièrement importante dans ce dossier, les deux repreneurs étaient jusqu'ici associés dans le tour de table de Nawa Technologies. Mais des désaccords stratégiques sur l'avenir de cette pépite technologique entre d'un côté Altya Invest et Bpifrance et de l'autre côté Alexandre Garese ont conduit Nawa Technologies, en cessation de paiement, au Tribunal de commerce d'Aix-en-Provence dans une procédure de redressement judiciaire. Un crash qui a de quoi surprendre tant cette entreprise semble promise à un bel avenir (lauréate de la promotion 2023 de French Tech) et seulement 20 mois après avoir réussi une levée de fonds de 18 millions d'euros en janvier 2022.

Une technologie très prometteuse

Le fondateur de Kouros Alexandre Garese, qui apparait extrêmement rarement dans les médias, a tenu à s'exprimer dans un entretien accordé à La Tribune pour défendre son offre de reprise qu'il juge « mieux-disante » par rapport à l'offre concurrente et défendre son parcours atypique, qui l'a mené de la Russie à la France, en passant par la Suisse. « Mieux-disante » sur tous les plans (social, financier, industriel et commercial), assure à La Tribune Alexandre Garese, qui croit à la technologie « très pointue et très innovante » développée par Nawa Technologies dont il détient un peu moins de 30%.

« C'est une technologie de rupture, un vrai "game changer". Elle sera décisive pour la transition écologique », souligne le fondateur de Kouros, qui cible à travers sa société essentiellement des investissements dans le domaine de l'hydrogène. « Pour moi, c'est clair, Nawa Technologies est une vraie pépite qui pourrait devenir un fleuron de l'industrie française, souligne-t-il. On est à l'aube d'une aventure extraordinaire ».

Nawa Technologies est un véritable pionnier. Elle a créé un nano-matériau qu'elle revendique comme révolutionnaire à base de carbone 3D, et plus spécifiquement des nanotubes de carbone à alignement vertical. Cette technologie améliore les performances, la sécurité et réduit le poids, tout en consommant moins de matières premières. Pour quelles applications ? Les marchés des composites, des réservoirs d'hydrogène et des électrodes pour piles à combustible et pour les électrolyseurs, de l'industrie automobile, du sport (clubs de golf, jantes de vélo...).

Une offre mieux-disante

Sur le plan social, Alexandre Garese s'est engagé à conserver plus de 60% des salariés de l'entreprise (65 salariés) et a promis d'accompagner les autres dans leur parcours de reclassement, en planifiant « des prêts de salariés à des entreprises avec lesquelles travaille déjà Kouros sur d'autre projets dans la région ». Il espère les « récupérer » une fois Nawa Technologies sur les rails. Mais pourquoi se séparer d'environ 40% de salariés alors que l'avenir de Nawa Technologies semble radieux ? « On a besoin que la société renaisse. Pour pouvoir renaître, on ne peut pas l'alourdir », précise le fondateur de Kouros. « Notre offre a reçu le soutien du comité social et économique » de Nawa technologies, tient-il à préciser.

Une offre mieux-disante également sur les plans financier et industriel. Alexandre Garese estime que son offre financière est supérieure « à plus de 40% par rapport à l'offre concurrente ». Il s'est aussi engagé à financer le rebond de Nawa Technologies à hauteur de 10 millions d'euros, après avoir déjà investi 13 millions depuis son arrivée il y a quatre ans dans le capital de la deepTech, bien avant celles de Bpifrance et d'Altya Invest. « Nous avons une vision de long terme. Nous voulons développer le chiffre d'affaires et nous savons comment en créer de façon à ce que la société soit en mesure de rembourser ses prêts si elle fait appel au crédit. Nous voulons industrialiser Nawa Technologies », explique-t-il. Alexandre Garese, qui assure déjà travailler dans le cadre de Kouros avec des partenaires comme Total, Air Liquide et Toyota sur des projets liés à l'hydrogène, a d'ailleurs reçu le soutien de quatre industriels pour son projet de reprise.

Enfin, son offre serait mieux-disante sur le plan commercial. Le fondateur de Kouros se dit confiant dans le développement commercial de Nawa Technologies. « Les quatre industriels français nous ont transmis des lettres d'intérêt exprimant leur intérêt pour tester les produits de Nawa Technologies, explique-t-il. Nous l'avons fait en quatre semaines. C'est beaucoup mieux que le management qui n'a pas réussi en obtenir une seule en neuf mois ». Une pique pour le directeur général Antoine Saucier qui est arrivé en janvier dernier. Les quatre industriels ont également confirmé leur soutien à Kouros devant le tribunal de commerce, qui a reçu une copie des lettres de soutien.

Un passé instrumentalisé ?

La société d'investissement Kouros a-t-elle les reins solides pour assumer seule le développement et l'industrialisation de Nawa Technologies ? Oui, assure Alexandre Garese. « Je les ai pour sortir de l'ornière cette entreprise. C'est une technologie qui me passionne. Je les aurai si je juge que l'aventure en vaut le coup. Mais avant, il faut qu'on arrive de sortir Nawa Technologies de cette situation », explique-t-il. Il se dit prêt à travailler avec les autres actionnaires de Nawa Technologies, à l'exception naturellement d'Altya Invest et de Bpifrance avec qui Kouros « a cherché jusqu'au bout à trouver un accord pour sauver cette entreprise ». « Mais ils n'ont pas voulu. Nous le regrettons parce que malheureusement il est dommage d'en arriver à cette extrémité. Surtout pour les salariés et pour l'effort collectif que nous avons tous pu faire jusqu'à présent pour Nawa Technologies ».

« Je ne comprends pas ce qui se cache derrière cette manœuvre. Pour une raison qui m'échappe toujours, ils ont décidé de continuer à deux une aventure qu'on a commencée à trois et donc de sortir Kouros. Le directeur général a préféré placer la société en cessation de paiement de manière accélérée », déplore-t-il.

Son passé en Russie l'a-t-il desservi ? « Que mon passé ait été instrumentalisé, c'est certain. Il est commode en vertu d'intérêts qui parfois me dépassent », regrette-t-il, lui qui a longtemps vécu en Russie après y avoir fait son service militaire et où il a réussi à faire fortune. Elle est estimée à 300 millions d'euros, selon le classement 2023 des fortunes de France de l'hebdomadaire Challenges. Pour autant, Alexandre Garese a décidé de rester droit dans ses bottes pour redresser Nawa Technologies. Il est d'ailleurs en train de transférer son domicile fiscal de la Suisse vers la France, « un engagement fort par rapport au sujet à la mode en France, qui est la réindustrialisation du pays ».

Surtout il croit « vraiment » dans la technologie développée par Nawa Technologies. « Cette opération n'est pas une opération que je fais à la légère. Je crois vraiment au potentiel de Nawa Technologies que nous sommes en mesure d'industrialiser pour en faire des usages multiples et variés qui peuvent véritablement révolutionner plusieurs secteurs ». Le verdict du Tribunal de commerce d'Aix-en-Provence a conforté Alexandre Garese dans sa volonté de redresser Nawa Technologies. A lui de montrer qu'il sait faire.

Michel Cabirol

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