Nucléaire : le Royaume-Uni va investir près de 900 millions d'euros supplémentaires

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak va annoncer ce lundi de nouveaux investissements publics et privés pour renforcer le programme de dissuasion nucléaire du Royaume-Uni, ainsi que l'industrie nucléaire civile du pays.
La mise en service du premier réacteur nucléaire EPR de la centrale d'Hinkley Point C en Angleterre est repoussée d'au moins 2 ans, voire 4 ans, pour une livraison désormais attendue au mieux en 2029.
La mise en service du premier réacteur nucléaire EPR de la centrale d'Hinkley Point C en Angleterre est repoussée d'au moins 2 ans, voire 4 ans, pour une livraison désormais attendue au mieux en 2029. (Crédits : SUZANNE PLUNKETT)

Le Royaume-Uni va sortir le carnet de chèques en faveur du développement de la filière de l'atome. « La sécurité énergétique et la sécurité nationale du Royaume-Uni dépendent du nucléaire », a affirmé dimanche Downing Street dans un communiqué. « Ce secteur industriel a besoin de davantage de travailleurs britanniques qualifiés », est-il également écrit.

Dans cette optique, Rishi Sunak, le Premier ministre britannique, va annoncer des investissements publics et privés pour renforcer la main-d'œuvre dans le secteur du nucléaire et ainsi soutenir 40.000 nouveaux emplois. Le pays va s'associer à des entreprises, notamment à BAE Systems, Rolls-Royce, EDF et Babcock, « pour investir au moins 763 millions de livres sterling (885 millions d'euros) d'ici à 2030 dans les compétences, l'emploi et l'éducation ».

Le Royaume-Uni vise la neutralité carbone en 2050

Le chef du gouvernement fera ces annonces depuis Barrow, dans le nord de l'Angleterre, ville qu'il veut voir « prospérer en tant que site de construction de sous-marins nucléaires britanniques ».

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« Dans un monde plus dangereux et plus contesté, la dissuasion nucléaire en mer du Royaume-Uni est plus vitale que jamais », a insisté Rishi Sunak cité dans le communiqué.

« Le nucléaire fournit aux consommateurs une énergie locale moins chère et plus propre. »

Le Royaume-Uni, qui vise la neutralité carbone en 2050 et a remis depuis le début de la guerre en Ukraine l'accent sur la sécurité énergétique. Résultat, il cherche à accélérer le développement de l'énergie nucléaire, qui ne diffuse pas de CO2 dans l'atmosphère. Près de 16% de l'électricité était générée par de l'énergie nucléaire au Royaume-Uni en 2022, contre 38,5% pour le gaz, et 27% pour l'éolien. Londres, qui espère couvrir un quart de ses besoins en électricité grâce au nucléaire d'ici à 2050, veut aussi s'appuyer sur de petits réacteurs modulaires - moins chers et donc plus faciles à financer, mais qui devraient encore nécessiter des années de développement.

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Le gouvernement discute aussi avec le japonais Hitachi pour lui racheter un site au Pays de Galles afin d'y bâtir une centrale nucléaire. Great British Nuclear « est en discussions préliminaires avec Hitachi, propriétaire de terres à Wylfa, à Anglesey, une île au nord du Pays de Galles, pour lui acheter le site afin d'y bâtir une centrale » nucléaire avec un nouveau partenaire privé, affirme le quotidien financier FT.

Le projet Wylfa Newydd avait été gelé début 2019 par Hitachi en raison de coûts jugés trop importants. Il prévoyait la construction de deux réacteurs nucléaires sur l'île d'Anglesey, où deux anciennes centrales avaient fermé en 2015.

La mise en service du premier réacteur d'Hinkley Point C en 2029

Par ailleurs, la mise en service du premier réacteur nucléaire EPR de la centrale d'Hinkley Point C en Angleterre est repoussée d'au moins 2 ans, voire 4 ans, pour une livraison désormais attendue au mieux en 2029, voire 2030 ou 2031 selon les scénarios, a annoncé fin janvier EDF. « Compte tenu de la complexité du projet », EDF a aussi prévu « un scénario défavorable » qui « pourrait conduire à un démarrage de la production d'électricité de l'Unité 1 en 2031, soit 12 mois supplémentaires par rapport au cas de base (mise en service 2030) », selon un communiqué.

Le chantier d'Hinkley Point C, largement porté par le groupe national français, n'en est pas à ses premiers dérapages de calendrier. D'abord prévu fin 2025, le démarrage du premier réacteur avait déjà été repoussé à juin 2027. Démarrée en 2017, la construction des deux réacteurs de 3,2 gigawatts (GW), à même d'alimenter six millions de foyers, mobilise aujourd'hui 11.000 personnes, selon EDF. Interrogé sur la question du manque de main-d'œuvre spécialisée au moment où des pays européens veulent relancer le nucléaire, EDF indique avoir « fait l'hypothèse d'arriver à trouver les qualifications dont on aura besoin ».

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 26/03/2024 à 8:50
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Ma position sur la question n’est pas idéologique, mais pragmatique. Je préfère le type d’énergie sûr et bon marché. Les partisans de l’énergie nucléaire affirment que l’énergie nucléaire est sûre et bon marché. Cependant, cela n'est pas cohérent ave...

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