Projets pétro-gaziers : le Royaume-Uni distribue 27 nouvelles licences controversées en Mer du Nord

Les autorités britanniques ont annoncé avoir attribué 27 nouvelles licences d'exploration et de forage d'hydrocarbures en mer du Nord. Elles s'inscrivent dans le cadre d'un nouveau cycle d'autorisations lancé il y a un peu plus d'un an, auquel les ONG écologistes s'opposent. Deux d'entre elles l'avaient d'ailleurs attaqué en justice mais ont vu leur demande être récemment rejetée.
Parmi les entreprises qui ont obtenues ces nouvelles licences figurent le britannique Shell, le français TotalEnergies ou encore le norvégien Equinor (photo d'illustration).
Parmi les entreprises qui ont obtenues ces nouvelles licences figurent le britannique Shell, le français TotalEnergies ou encore le norvégien Equinor (photo d'illustration). (Crédits : NERIJUS ADOMAITIS)

Les premières nouvelles licences d'exploration et d'exploitation gazières et pétrolières en mer du Nord ont été attribuées, a indiqué l'Autorité de transition de la mer du Nord (NSTA) dans un communiqué ce lundi 30 octobre. Elles sont pour le moment 27 et représentent « les premières sur 115 candidatures ».

Parmi les entreprises qui les ont obtenues figurent le britannique Shell, le français TotalEnergies ou encore le norvégien Equinor. Elles concernent « des zones prioritaires parce qu'elles ont le potentiel d'entrer en production plus rapidement que d'autres », précise par ailleurs la NSTA.

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Ce n'est pas une surprise puisque le gouvernement britannique a annoncé, en juillet dernier, que des « centaines » de licences pétrolières et gazières seraient accordées en mer du Nord. Le Premier ministre, Rishi Sunak, l'avait justifiée par l'objectif de garantir la sécurité énergétique du pays. « Le pétrole et le gaz contribuent actuellement à hauteur d'environ les trois quarts des besoins énergétiques nationaux et les prévisions officielles montrent (...) qu'ils continueront à jouer un rôle dans notre mix énergétique pendant les décennies à venir », fait également valoir la NSTA.

Coup de frein sur le climat

L'ONG environnementale Greenpeace a dénoncé ce lundi ces 27 premières autorisations. Le gouvernement « se plie aux intérêts des entreprises, avec des licences pour des combustibles fossiles qui ne feront aucune différence sur les factures (des ménages), ne feront rien pour la sécurité énergétique et généreront encore plus de profits pour des entreprises incroyablement riches comme Shell », a pointé Philip Evan, un responsable de l'ONG, dans une déclaration transmise à l'AFP. « Le Royaume-Uni se transforme en une nation qui alimente la crise climatique au lieu de contribuer à y remédier », a-t-il ajouté.

« Je crains que l'action climatique du Royaume-Uni soit au point mort cette année », a pour sa part déploré Amanda Blanc, directrice générale de l'assureur britannique Aviva, qui publie ce lundi un rapport mesurant les progrès réalisés par les pays du G7 et l'Irlande dans leur préparation au changement climatique. L'avance du Royaume-Uni en matière de transition est « en danger alors que le gouvernement se concentre davantage sur la sécurité énergétique à court terme plutôt que sur la durabilité à long terme », selon un communiqué d'Aviva.

Le gouvernement britannique a d'ailleurs récemment mis un coup de frein à certains de ses engagements climatiques. Parmi eux, le recul de cinq ans de l'interdiction de vente des voitures neuves roulant à l'essence ou au gazole. Un ensemble de décisions dénoncé comme électoraliste, réprouvé dans les milieux économiques et même jusqu'au sein des conservateurs au pouvoir.

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Des licences validées par la justice

La controverse sur ces licences ne date pas d'hier au Royaume-Uni. L'année dernière, Greenpeace et l'ONG Uplift avaient intenté une action devant la justice britannique pour s'y opposer. Une demande rejetée mi-octobre par la Haute Cour de Londres.

Selon un résumé de la décision publié par le tribunal, le gouvernement était notamment « en droit de conclure qu'il y avait un lien de causalité insuffisant » entre les nouvelles licences « et les gaz à effet de serre provenant de l'utilisation finale par les consommateurs ». De plus, le juge en charge du dossier a aussi estimé que le gouvernement n'a « pas agi de manière irrationnelle lorsqu'il a (...) décidé qu'un nouveau cycle d'autorisations (de licences d'hydrocarbures) serait compatible avec les objectifs climatiques du Royaume-Uni ».

Le tribunal a par ailleurs précisé que la décision « se préoccupe uniquement de trancher des questions de droit » et non des « questions politiques, socio-économiques ou scientifiques ».

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Un mois de marches pacifiques en guise de protestation

L'organisation Just Stop Oil a lancé ce lundi un mouvement de mobilisation d'un mois contre les nouveaux projets pétroliers et gaziers du gouvernement britannique. Les activistes, habitués aux actions coup de poing, se sont dits prêts à défiler pacifiquement « aujourd'hui et tous les jours, jusqu'à ce que la police prenne des mesures pour poursuivre les vrais criminels, qui facilitent l'exploitation de nouveaux gisements de pétrole et de gaz ».

Lors de la première marche, ce lundi, 62 militants du groupe écologiste ont toutefois été arrêtés à Londres, devant le Parlement. Les militants venaient de commencer à défiler, perturbant la circulation. Selon un communiqué de Just Stop Oil, qui fait état de 65 arrestations, les policiers se sont positionnés en travers de la route pour empêcher les militants de marcher dans le calme, et ont immédiatement commencé à les interpeller. Le gouvernement conservateur est très remonté contre ce type d'actions choc, impopulaires auprès des automobilistes, et a durci la législation pour permettre l'arrestation des militants, donnant lieu à de nombreux procès ces derniers mois.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 31/10/2023 à 10:00
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Et il y aussi le charbon : les Anglais ont rouvert une mine récemment. Avec le charbon, pas besoin d'acheter du pétrole aux Russes. Ou au marché noir, ce qui revient au même.

à écrit le 30/10/2023 à 17:30
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Les hydrocarbures, c'est l'avenir, n'en déplaise aux maniaques du réchauffement climatique. C'est pas demain la veille qu'on pourra s'en passer

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