Suède : une nouvelle usine d'acier vert va voir le jour dans le nord du pays

Le sidérurgiste suédois SSAB a annoncé ce mardi un projet de construction d'une usine d’acier sans recours à l'énergie fossile. Située dans le nord de la Suède, elle devrait entrer en service en 2028. Afin de produire cet acier, de l’hydrogène vert sera utilisé à la place du traditionnel charbon.
La sidérurgie est actuellement le secteur industriel qui émet le plus de gaz à effet de serre, d’après l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
La sidérurgie est actuellement le secteur industriel qui émet le plus de gaz à effet de serre, d’après l'Agence internationale de l'énergie (AIE). (Crédits : Vincent Kessler)

Les projets de production d'acier vert se multiplient ces derniers mois. Exemple à l'appui ce mardi 2 avril. Le sidérurgiste suédois a annoncé la construction d'une aciérie sans recours à l'énergie fossile dans le nord du pays, à Luleå. Celle-ci sera dotée d'une capacité de production de 2,5 millions de tonnes par an et sa mise en service est prévue pour 2028, selon un communiqué. L'entreprise a investi pour cela quelque 4,5 milliards d'euros.

Il ne s'agit pas du premier projet de SSAB en la matière. Associée à la compagnie minière suédoise LKAB et au producteur d'électricité Vattenfall, l'entreprise exploite déjà une usine-pilote nommée Hybrit, qui produit de l'éponge de fer réduite à l'hydrogène, nécessaire pour produire de l'acier décarboné.

« En collaboration avec notre partenaire LKAB, nous nous engageons à éliminer les émissions de CO2 de notre chaîne de valeur et à établir la nouvelle technologie de référence pour un avenir sans énergie fossile », souligne le PDG du groupe, Martin Lindqvist, cité dans le communiqué.

Une ambition affichée de longue date puisque SSAB revendique depuis novembre 2019 son intention d'être le premier à introduire de l'acier sans énergie fossile sur le marché, dès 2026. « Nous allons réduire de 7% les émissions de dioxyde de carbone de la Suède, renforcerons notre compétitivité et sauvegarderons des emplois » grâce à une production parmi les plus « efficaces et durables » en Europe, avance encore l'aciériste.

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Une production via l'hydrogène plutôt que le charbon

Cet objectif est vertueux, mais surtout nécessaire. Car la sidérurgie, qui est un des secteurs clés de l'économie mondiale, est la source de 7% à 9% des émissions d'origine humaines dans le monde, selon l'Association mondiale de l'acier. Et d'après l'Agence internationale de l'énergie (AIE), il s'agit du secteur industriel qui émet le plus de gaz à effet de serre.

Car, pour produire de l'acier, l'oxygène doit être enlevé des atomes de fer. Un procédé possible grâce à un haut fourneau traditionnel fonctionnant au charbon, et donc par conséquent très vorace en CO2. Pour y remédier, SSAB développe un procédé pour enlever l'oxygène autrement. Ainsi, dans son usine Hybrit, au lieu d'utiliser de l'air chauffé, la méthode employée fait circuler de l'hydrogène sous forme de gaz chaud. L'hydrogène, qui est produit par électrolyse de l'eau en utilisant des sources d'électricité exclusivement renouvelable, s'assemble alors avec les atomes d'oxygène, s'évacuant du métal sous forme d'eau plutôt que sous forme de CO2 .

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L'acier vert a la cote

SSAB n'est pas le seul acteur industriel sur le coup de l'acier décarboné. Son homologue H2 Green Steel porte aussi un projet d'aciérie avec une production via l'hydrogène, dont la mise en service est attendue pour fin 2025 à Boden, au nord de la Suède également. L'entreprise a pour cela réussi à réunir des financements, sous formes de prêts et de fonds propres, « de près de 6,5 milliards d'euros ». Sa méthode revendique une réduction de 95% des émissions par rapport à la voie traditionnelle.

D'autres projets de ce type existent en dehors de la Suède, notamment un à de Fos-sur-Mer, dans le sud de la France, mené par un consortium constitué par l'incubateur européen EIT InnoEnergy avec Engie et Forvia. Baptisé GravitHy, il vise un démarrage de la production en 2027. L'investissement est là aussi colossal, car de 2,2 milliards d'euros. Plus de 3.000 emplois directs et indirects sont à la clé.

En parallèle de ces projets, les acteurs traditionnels de l'acier ont aussi leurs propres plans de décarbonation, basés sur des technologies similaires. ArcelorMittal, par exemple, numéro deux mondial de l'acier, prévoit de construire deux fours électriques ainsi qu'une unité de réduction directe du fer, première étape pour produire l'acier décarboné, sur son site de Dunkerque (nord de la France). Et à Fos-sur-Mer (sud), le groupe a déjà engagé la construction d'un « four poche » qui permet d'augmenter l'utilisation d'acier recyclé, et prévoit d'y construire un four électrique.

(Avec AFP)

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