L'Eglise catholique secouée par un nouveau scandale sexuel aux Etats-Unis

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Une enquete revele les actes pedophiles de 300 pretres en pennsylvanie[reuters.com]
(Crédits : Rodrigo Garrido)

par David DeKok

HARRISBURG, Pennsylvanie (Reuters) - Des prêtres catholiques de l'Etat de Pennsylvanie ont violé un millier d'enfants qu'ils ont réduits au silence en se servant de la foi comme d'une arme tout en étant systématiquement couverts par les autorités épiscopales, a révélé mardi un rapport instruit par le ministère public.

Epais de 884 pages, ce rapport rendu public par le procureur général de Pennsylvanie, Josh Shapiro, est le fruit de deux années d'enquête et décrit dans le détail les sévices commis par près de 300 hommes d'église sur une période de 70 ans.

Le dossier se fonde sur des archives conservées par les diocèses, des confessions manuscrites notamment, a expliqué Josh Shapiro.

"Il s'agissait d'abus sexuels sur des enfants, des viols notamment, commis par des adultes, des prêtres", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Aucun représentant des six diocèses de Pennsylvanie visés dans ce rapport n'a pu être contacté pour commenter ces accusations.

Selon Josh Shapiro, ce rapport est le plus exhaustif jamais rédigé aux Etats-Unis sur les abus commis par des prêtres catholiques.

Il vise 301 prêtres, dont certains sont morts. Seuls deux d'entre eux sont actuellement visés par des poursuites.

Au cours de sa conférence de presse, le procureur général a évoqué le cas d'un enfant de choeur à qui l'on a ordonné de se dénuder et de poser comme le Christ sur la croix avant d'être pris en photo.

"Des prêtres violaient des petits garçons et des petites filles. Ils ont caché tout cela des décennies durant", a-t-il dit.

Il a également cité l'exemple d'un prêtre qui a abusé de cinq soeurs d'une même famille et pour lequel le diocèse a négocié l'abandon de poursuites en contrepartie de la signature d'un accord de confidentialité.

Des prêtres se sont servis de la "foi comme d'une arme" pour faire taire leurs victimes, a expliqué Josh Shapiro, prenant l'exemple de l'un d'entre eux qui aurait décrit à des enfants comment "Marie devait lécher Jésus pour qu'il reste propre après sa naissance", afin d'obtenir des fellations.

"On a appris à ces enfants que non seulement, ces abus étaient normaux, mais qu'en plus, ces abus étaient saints", a-t-il déploré.

RÉFORMER LES DÉLAIS DE PRESCRIPTION

Plusieurs des hommes incriminés par ce rapport ont fait en sorte que leur nom n'y figure pas mais Josh Shapiro a prévenu qu'il plaiderait le 26 septembre prochain afin qu'ils puissent être identifiés.

Les évêques locaux se sont efforcés de couvrir les abus commis par les prêtres pédophiles en les déplaçant de paroisse en paroisse. "Ils ont permis à des prêtres de rester actifs pour des périodes allant parfois jusqu'à 40 ans."

Un grand jury a identifié environ 1.000 victimes d'abus sexuels par des "prêtres prédateurs", mais se dit convaincu qu'elles étaient beaucoup plus nombreuses.

A cause des faits dissimulés par les autorités religieuses, presque tous les faits sont aujourd'hui prescrits. Le grand jury recommande une réforme des lois pénales et civiles de Pennsylvanie sur les délais de prescription concernant les abus sexuels.

"Les lois actuelles permettent aux victimes de dénoncer les faits jusqu'à l'âge de 50 ans. Le grand jury recommande la suppression des délais de prescription pour de tels crimes", peut-on lire dans le communiqué publié sur le site du procureur général.

Depuis les années 1990, lors desquelles un vaste scandale impliquant l'église catholique de Boston a été révélé, d'autres affaires de pédophilie impliquant des prêtres remontent régulièrement à la surface partout aux Etats-Unis.

Le mois dernier, Theodore McCarrick, ancien archevêque de Washington, a démissionné de ses fonctions de cardinal après avoir été accusé d'avoir commis des abus sexuels sur un adolescent de 16 ans il y a plusieurs dizaines d'années.

(Nicolas Delame et Arthur Connan pour le service français)