Budget européen : La Hongrie et la Pologne campent sur leurs positions

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Ue: la hongrie refuse tout lien entre budget et etat de droit, dit orban[reuters.com]
(Crédits : Carlos Barria)

par Marton Dunai

BUDAPEST (Reuters) - La Hongrie et la Pologne n'acceptent toujours pas que l'accès aux fonds européens soit rattaché de quelque manière au respect de l'Etat de droit, ont déclaré vendredi Budapest et Varsovie, au lendemain d'un semblant de compromis esquissé sur le dossier par le vice-Premier ministre polonais.

Le 16 novembre dernier, la Hongrie et la Pologne ont opposé leur veto à l'adoption du projet de budget de l'Union européenne pour la période 2021-2027 et du plan de relance, qui représentent ensemble 1.800 milliards d'euros, en raison de cette condition posée par les instances européennes.

Le vice-Premier ministre polonais Jaroslaw Gowin a cependant estimé jeudi que Varsovie pourrait lever son veto si les dirigeants de l'Union approuvaient une déclaration justifiant le lien établi entre le déblocage de fonds européen et les sanctions encourues en cas de violations de l'Etat de droit.

Vendredi, Viktor Orban a jugé qu'une telle déclaration explicative restait inacceptable aux yeux de Budapest.

"Pour nous, cette solution, attacher une déclaration comme un rappel sur un pense-bête collé sur une feuille de papier, ça ne marchera pas", a déclaré Orban à la radio publique. "La Hongrie insiste pour que ces deux choses soient séparées."

Le porte-parole du gouvernement polonais, Piotr Muller, a quant à lui assuré sur Twitter que la position de Varsovie n'avait pas bougé.

A moins d'une semaine du conseil européen des 10 et 11 décembre, Viktor Orban a estimé qu'il n'y avait aucune urgence à conclure un accord sur le budget européen dès cette année. Si l'UE n'a pas d'accord d'ici janvier, elle en conclura un plus tard, a-t-il assuré.

"Laissez le statu quo inchangé et tout se passera bien et vite", a ajouté le dirigeant nationaliste hongrois.

Les adversaires d'Orban et la Commission européenne accusent le chantre de la démocratie "illibérale" d'avoir affaibli les institutions démocratiques en une décennie à la tête du gouvernement, en réduisant l'indépendance des médias, de la justice, de l'éducation, de la science, et en réprimant les organisations non gouvernementales (ONG).

Pour le politologue hongrois Zoltan Novak, Viktor Orban a besoin d'obtenir de l'UE quelque chose qu'il pourra présenter comme une victoire politique en Hongrie, et la "déclaration explicative" n'est pas suffisante à ses yeux.

Commentant ce dossier, le commissaire européen aux Affaires économiques, l'Italien Paolo Gentiloni, a déclaré que le fonds de relance et le budget pluriannuel seraient mis en oeuvre même si Varsovie et Budapest continuaient de s'y opposer.

"Nous ne nous soumettrons pas à un veto", a-t-il dit lors d'une conférence à Rome. "Nous sommes très clairs vis-à-vis de ces Etats membres, nous continuerons sans eux."

(Avec Krisztina Than; version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Henri-Pierre André et Jean-Michel Bélot)