Face à la "crise du siècle", l'UE menace d'interdire les exportations de vaccins vers le Royaume-Uni

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Face a la crise du siecle, l'ue menace d'interdire les exportations de vaccins vers le royaume-uni[reuters.com]
(Crédits : Pool)

BRUXELLES (Reuters) - L'Union européenne a menacé mercredi d'interdire les exportations de vaccins contre le COVID-19 vers la Grande-Bretagne afin de préserver les rares doses destinées à ses propres citoyens, alors qu'une troisième vague menace de compromettre les plans de relance du secteur touristique.

Alors que plus de 550.000 Européens sont morts des suites du COVID-19 et que moins d'un dixième de la population de l'Union a été vacciné, Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a fait savoir que la situation épidémiologique s'aggravait.

"Nous devons faire face à la crise du siècle", a-t-elle déclaré à la presse.

"Nous voyons une troisième vague se profiler dans les États membres, et nous savons que nous devons accélérer le programme de vaccination." Ursula Von der Leyen a expliqué que les échanges avec les États-Unis étaient fluides, mais a exprimé sa frustration quant au manque de livraisons de la part d'AstraZeneca depuis la Grande-Bretagne, alors que 10 millions de doses avaient été acheminées depuis les usines européennes vers l'ancien État membre.

"Nous attendons toujours des doses en provenance du Royaume-Uni", a ajouté Von der Leyen.

"Si la situation n'évolue pas, nous allons devoir réfléchir à la manière de rendre les exportations vers les pays producteurs de vaccins dépendantes de leur degré d'ouverture. Nous allons réfléchir au fait de savoir si les exportations vers des pays qui ont des taux de vaccination plus élevés que le nôtre sont toujours proportionnées."

PRÊTS POUR L'ÉTÉ ?

Ces déclarations de la présidente de la Commission européenne interviennent après que six pays de l'UE ont fait part de leurs préoccupations quant à d'éventuelles lacunes dans la distribution des vaccins entre les États membres et alors qu'AstraZeneca a reconnu qu'il ne pourrait pas tenir ses objectifs de livraison.

Pour compliquer un peu plus la situation, plusieurs pays de l'UE, dont l'Allemagne, la France et l'Italie ont suspendu lundi l'administration du vaccin contre le COVID-19 développé par AstraZeneca dans l'attente jeudi d'une annonce de l'Agence européenne des médicaments (EMA).

Cette situation menace le projet de la Commission européenne de lancer un "certificat vert", qui permettra de déterminer si un citoyen européen a été vacciné, testé ou est guéri du COVID-19, et qui a pour but de permettre de voyager de nouveau librement au sein de l'Europe.

Les pays du sud de l'UE, très dépendants du tourisme, et les autres partisans d'un passeport vaccinal espèrent que ce certificat sera adopté d'ici juin et qu'il sera mis en ligne à temps pour la haute saison. Cependant, des pays comme la France, la Belgique et l'Allemagne ont exprimé un certain scepticisme.

Aboutir à une position commune pour les 450 millions de citoyens européens ne sera ainsi pas une tâche aisée pour les 27 pays membres, dans ce contexte de défiance vis-à-vis des vaccins et de difficultés d'approvisionnement.

(Gabriela Baczynska, Philip Blenkinsop et Sabine Siebold, version française Laura Marchioro, édité par Jean-Michel Bélot)