La réforme de l'apprentissage a peu profité aux jeunes éloignés de l'emploi, selon la Cour des Comptes

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La reforme de l'apprentissage a peu profite aux jeunes eloignes de l'emploi, selon la cour des comptes[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - La réforme de l'apprentissage, un marqueur du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, a peu profité aux jeunes en situation de fragilité ou encore aux entreprises rencontrant des problèmes de recrutement, peut-on lire dans un rapport de la Cour des comptes publié jeudi.

Cette réforme adoptée en 2018, qui devait "s'attaquer au chômage de masse" des jeunes, selon le Premier ministre de l'époque Edouard Philippe, a davantage profité aux étudiants qui préparaient un diplôme en études supérieures qu'aux jeunes en bas niveau de qualification, lesquels ont davantage de difficultés à s'insérer sur le marché du travail, précise le rapport.

Le nombre d'apprentis en études supérieures est devenu majoritaire, alors que le nombre d'apprentis préparant des diplômes secondaires a peu augmenté depuis 2017, poursuit la Cour des comptes qui ajoute qu'il est nécessaire de mieux adapter les actions de promotion et de soutien à l'apprentissage aux âges des populations concernées.

La refonte des structures de financement a par ailleurs entraîné une augmentation importante du coût moyen par apprenti et a produit des écarts injustifiés de financement entre formations de même niveau, précise le rapport.

Cette hausse de coût, conjuguée à l'augmentation importante du nombre d'apprentis entre 2019 et 2021, a largement contribué à l'apparition d'un lourd déficit de l'opérateur chargé de son financement - France compétences.

Malgré des subventions exceptionnelles de 2,75 milliards d'euros versées par l'Etat, France compétence a dû négocier une ligne de trésorerie de 1,7 milliard d'euros pour 2022. Le déficit prévisionnel de cette année est estimé à 5,9 milliards d'euros, précise la Cour des comptes.

Le rapport conclut que le nouveau système issu de la réforme n'est pas en mesure de financer le développement de l'apprentissage et nécessite une refonte.

Invité à répondre à l'analyse faite par la Cour des comptes, le directeur de France compétences, Stéphane Lardy, dit avoir engagé un travail pour mieux déterminer les coûts de contrats des apprentis.

Il ajoute avoir alerté à plusieurs reprises la gouvernance de l'établissement de ses problèmes de financement et invite les pouvoirs publics à définir une stratégie nationale sur l'alternance ainsi qu'une trajectoire pluriannuelle de retour à l'équilibre.

(Reportage Caroline Pailliez, édité par Sophie Louet)