Le PM israélien demande à Macron un accord plus strict sur le nucléaire iranien

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Le premier ministre israelien entend presser macron sur le nucleaire iranien[reuters.com]
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par Dan Williams

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre israélien Yair Lapid a exhorté, mardi lors d'une visite à Paris, Emmanuel Macron à reprendre une proposition que le président français avait émise en 2018 à propos de l'accord sur le nucléaire iranien, déclarant que l'impasse diplomatique avec Téhéran menaçait de donner lieu à une course à l'armement régionale.

Alors que l'administration du président américain Joe Biden cherche à réintégrer l'accord signé par les Etats-Unis en 2015 puis dénoncé par Donald Trump en 2018, des responsables israéliens laissent entendre en privé que les puissances européennes parties prenantes du pacte ont adopté une ligne plus dure que Washington à l'égard de Téhéran.

En conséquence, Israël voit dans la visite de Yair Lapid en France - son premier déplacement à l'étranger depuis sa prise de fonction à la tête d'un gouvernement intérimaire la semaine passée - une occasion de presser les Européens sur ce dossier.

"A l'époque en 2018, vous étiez le premier dirigeant mondial à évoquer la nécessité d'un nouvel accord avec l'Iran", a dit Yair Lapid à Emmanuel Macron après une chaleureuse accolade sur les marches du palais de l'Elysée.

"Vous aviez alors raison, et vous avez encore davantage raison aujourd'hui", a ajouté le Premier ministre israélien. "La situation actuelle ne peut pas continuer ainsi. Cela entraînera une course à l'armement au Moyen-Orient, qui menacerait la paix mondiale".

S'il a fait l'éloge du dirigeant hébreu, Emmanuel Macron n'a pas mentionné ses propres commentaires de 2018, effectués juste avant le retrait des Etats-Unis du Plan d'action global commun (PAGC, ou JCPoA en anglais), lorsque les Européens tentaient de convaincre Donald Trump de ne pas dénoncer l'accord.

"Je souhaite rappeler une nouvelle fois notre volonté de faire aboutir dans les plus brefs délais les négociations sur un retour au respect du JCPOA", a déclaré le président français à propos des discussions indirectes ouvertes l'an dernier dans l'espoir de ramener les Etats-Unis et l'Iran dans le cadre de l'accord, dont Téhéran a commencé à s'affranchir par étapes en 2019.

"Nous sommes d'accord avec Israël sur le fait que cet accord ne suffira pas à contenir les activités déstabilisatrices de l'Iran mais je reste plus que jamais convaincu qu'un Iran qui serait au seuil nucléaire pourrait mener ces activités de manière encore plus dangereuse", a-t-il poursuivi.

Si Israël n'est pas partie prenante des discussions sur le nucléaire iranien, les puissances occidentales sont attentives aux préoccupations de l'Etat hébreu à l'égard de l'Iran, inquiètes d'une possible initiative militaire contre son grand rival régional en cas d'impasse diplomatique à ses yeux.

"Nous voulons une fin aux discussions sans fin", avait déclaré un haut responsable israélien en amont de l'arrivée de Yair Lapid à Paris, appelant à une "pression coordonnée" sur Téhéran.

(Reportage Dan Williams, avec Tassilo Hummel et Michel Rose; version française Jean Terzian, édité par Jean-Stéphane Brosse)