Allemagne : L'AfD veut travailler avec le parti anti-islam Pegida

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L'afd veut travailler avec le parti anti-islam pegida[reuters.com]
(Crédits : Axel Schmidt)

par Madeline Chambers

BERLIN (Reuters) - Un dirigeant du parti d'extrême-droite Alternative für Deutschland (AfD) milite pour que soit levée l'interdiction pesant sur les membres du parti de se rendre à des rassemblements du parti anti-islam Pegida, nouveau signe suggérant que l'AfD a cessé son entreprise de recentrage.

Le bloc conservateur CDU-CSU de la chancelière Angela Merkel et les sociaux-démocrates du SPD, qui ont passé un accord en vue d'une nouvelle grande coalition, ont du mal à stopper l'hémorragie des électeurs vers l'AfD, qui a remporté près de 13% aux élections législatives de septembre, faisant ainsi une entrée fracassante au Bundestag.

Si les membres du SPD, qui est tombé à un plus bas historique de 20,5% lors du scrutin de septembre, approuvent la reconduction de la "Groko" avec le bloc CDU-CSU, l'AfD deviendra la première force d'opposition au sein de la chambre basse du Parlement allemand.

Le dernier sondage de l'institut INSA, publié lundi, montrent que l'AfD est à 16% des intentions de vote, dépassant ainsi pour la première fois le SPD.

Par le passé, soucieux de ne pas s'aliéner des électeurs situés au centre de l'échiquier politique, l'AfD avait soigneusement pris ses distances avec le mouvement Pegida (Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident).

Par rapport aux pics atteints au début de 2015, les manifestations de Pegida réunissent aujourd'hui beaucoup moins de monde. Il y a trois ans, en réaction au nombre élevé de migrants arrivant alors en Allemagne, le mouvement était en mesure de faire marcher quelque 25.000 personnes dans les rues de Dresde.

UNE COOPÉRATION POSSIBLE SI LUTZ BACHMANN S'EFFACE

"S'agissant de Pegida à Dresde (...) nous devrions lever l'interdiction pesant sur la coopération (avec le mouvement)", déclare Jörg Meuthen, vice-dirigeant de l'AfD, dans un entretient publié par le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Selon lui, les membres de l'AfD devraient pouvoir s'exprimer lors de rassemblements organisés par Pegida et y brandir des symboles du parti.

La ville de Dresde, située dans l'ex-Allemagne de l'Est, est devenue une place forte de l'extrême-droite du pays et un terrain fertile pour Pegida. Lors de défilés, les adhérents du mouvements tiennent des banderoles où l'on peut lire des slogans tels que "Les étrangers dehors".

Jörg Meuthen reconnaît qu'il pourrait être délicat de se rapprocher trop de Lutz Bachmann, l'un des fondateurs de Pegida à Dresde qui avait brièvement quitté la direction du mouvement après la publication de photos de lui posant avec la coupe de cheveux et la moustache d'Adolf Hitler.

"Nous ne pouvons imaginer la moindre coopération qui passerait par la personne de Lutz Bachmann", poursuit-il.

Alexander Gauland, un autre dirigeant de l'AfD, cité par le magazine Stern, considère lui aussi qu'une coopération avec Pegida est envisageable si Lutz Bachmann se met davantage en retrait.

La semaine dernière, Andre Poggenburg, qui dirige la section de l'AfD en Saxe-Anhalt, a affirmé que les Turcs étaient des "chameliers" qui devaient retrouver "leurs huttes en terre et leur polygamie".

Début novembre, l'AfD avait préconisé le rapatriement d'un demi-million de réfugiés syriens installés en Allemagne, estimant alors que la guerre était pratiquement terminée et rappelant que le président Bachar al Assad les avait appelés à retourner au pays.

(Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Arthur Connan)