Une nouvelle accusatrice contre Kavanaugh, des témoins appuient Ford

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Kavanaugh: 4 depositions pour appuyer les accusations[reuters.com]
(Crédits : Alex Wroblewski)

WASHINGTON (Reuters) - A la veille de l'audition de sa première accusatrice, le juge fédéral Brett Kavanaugh, choisi par Donald Trump pour siéger à vie à la Cour suprême des Etats-Unis, a vu émerger mercredi de nouvelles allégations sur son comportement au début des années 1980.

Julie Swetnick évoque, comme les deux premières accusatrices de Kavanaugh, des événements survenus au début des années 1980. Son nom a été dévoilé mercredi par son avocat, Michael Avenatti, qui a également publié sur Twitter le texte de sa déposition.

Elle y dit notamment avoir été victime "approximativement en 1982" d'un viol en réunion où "était présent" Kavanaugh, qu'elle affirme avoir croisé à de nombreuses fêtes privées à cette époque.

Kavanaugh, lui, a réitéré ses démentis "catégoriques et sans équivoques" aux accusations le visant, affirmant qu'il n'avait jamais agressé sexuellement personne, se disant victime d'une campagne de calomnie et ajoutant qu'il ne se laisserait pas intimider.

"C'est ridicule, cela sort de la quatrième dimension", a-t-il répliqué aux déclarations spécifiques de sa troisième accusatrice, ajoutant ignorer qui est cette femme.

Un porte-parole de la commission judiciaire du Sénat, chargée de la procédure de confirmation de la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême, a confirmé la réception de la déposition sous serment de Swetnick, dont l'avocat représente aussi les intérêts de Stormy Daniels, l'actrice de films pornographiques qui affirme avoir eu une liaison avec le président républicain.

Aucune réaction n'a pu être obtenue dans l'immédiat auprès de la Maison blanche. En revanche, Donald Trump a accusé l'avocat de fausses accusations.

Toutefois, devant des journalistes à New York, le président américain a déclaré qu'il pouvait encore changer d'avis sur Brett Kavanaugh et retirer sa nomination à la Cour suprême en fonction du témoignage de Christine Blasey Ford.

"Je peux toujours être convaincu", a déclaré Trump. "Ce sera intéressant d'entendre ce qu'elle a à dire."

Chuck Schumer, qui dirige le groupe démocrate au Sénat, a appelé Kavanaugh à retirer sa candidature ou le FBI à ouvrir une enquête. "Si nos collègues républicains poursuivent la procédure sans enquête, cela sera une mascarade pour l'honneur de la Cour suprême et de notre pays", ajoute le chef de file de la minorité démocrate.

Dans le contexte toujours prégnant du mouvement #MeToo né il y a pratiquement un an des premières accusations contre le producteur hollywoodien Harvey Weinstein, l'affaire intervient en pleine campagne en vue des élections de mi-mandat, le 6 novembre.

CONFIDENCES

Cette nouvelle accusation intervient à la veille de l'audition de Christine Blasey Ford par les sénateurs, qui doivent l'entendre jeudi matin à partir de 10h00 (14h00 GMT).

Psychologue et professeur de psychologie clinique à l'Université de Palo Alto, elle affirme que Kavanaugh l'a agressée sexuellement en 1982 alors qu'il étaient lycéens dans le Maryland.

Elle a fait transmettre à la commission sénatoriale les dépositions sous serment de son mari et de trois de ses amis, ont déclaré mercredi ses avocats, confirmant une information révélée par le quotidien USA Today.

Dans sa déclaration, Russell Ford écrit que sa femme lui a raconté l'affaire en 2012 alors qu'ils suivaient une thérapie de couple. "Je me souviens d'elle disant que le nom de son agresseur était Brett Kavanaugh, qu'il était un juriste à succès ayant grandi dans la ville natale de Christine et qu'il était bien connu de la communauté de Washington, D.C.", écrit-il.

Les trois autres témoins assermentés évoquent également les confidences de leur amie qui leur a dit, respectivement en 2013, 2016 et 2017, avoir été agressée par un adolescent aujourd'hui juge fédéral.

Ces documents semblent répondre au souci d'attester que Christine Blasey Ford, à laquelle Donald Trump a reproché d'avoir gardé si longtemps le silence, s'est ouverte de cette agression avant que Kavanaugh ne soit désigné par le président pour siéger à la Cour suprême, le 9 juillet dernier.

"JE N'AI JAMAIS AGRESSÉ SEXUELLEMENT PERSONNE"

Si la candidature de Kavanaugh franchit l'obstacle du vote en commission, prévue vendredi à 13h30 GMT, elle pourrait être soumise à l'ensemble des sénateurs peut-être dès mardi prochain, ont rapporté des sénateurs républicains.

Mais les républicains n'ont qu'une voix de majorité au Sénat (51 contre 49), et la confirmation de Kavanaugh dépendra peut-être de quelques républicains modérés qui n'ont pas encore annoncé leurs intentions de vote. Parmi ceux-ci figurent Lisa Murkowski, Susan Collins et Jeff Flake.

La deuxième accusatrice de Kavanaugh, Deborah Ramirez, a fait état d'inconduite sexuelle lorsque tous deux étaient étudiants à l'Université de Yale. Les faits, dit-elle, remonteraient à l'année universitaire 1983-1984. Lors d'une soirée arrosée entre étudiants sur le campus, Kavanaugh aurait exhibé son sexe devant elle et tenté de le poser sur son visage.

Pour l'heure, aucune audition de Deborah Ramirez n'est prévue à la commission judiciaire du Sénat, a indiqué son avocat, John Clune, mercredi sur NBC et CBS.

Dans une interview accordée lundi à la chaîne Fox News, au côté de son épouse, Kavanaugh, juge fédéral aux convictions conservatrices assumées, a affirmé qu'il n'avait "jamais agressé sexuellement personne" et "toujours traité les femmes avec dignité et respect".

Lui aussi sera entendu jeudi par les sénateurs de la commission judiciaire, après l'audition du Pr. Ford.

Dans la déposition écrite transmise mercredi au Sénat en prévision de cette audition, il se dit victime d'une campagne de calomnie et redit son innocence: "Je suis ici pour répondre à ces allégations et dire la vérité. Et la vérité, c'est que je n'ai jamais agressé sexuellement personne, au lycée, à l'université, jamais."

Pour Donald Trump, qui a lui aussi été visé par des allégations d'inconduite sexuelle, les accusations portées contre son candidat relèvent d'une "arnaque" du Parti démocrate.

(Susan Heavey, Sarah N. Lynch, Richard Cowan et Lawrence Hurley; Pierre Sérisier, Eric Faye, Jean Terzian et Henri-Pierre André pour le service français)