Poutine dit à Macron ne pas vouloir de "Gilets jaunes" à Moscou

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Macron appelle au respect de la liberte de manifester en russie[reuters.com]
(Crédits : Pool New)

BORMES-LES-MIMOSAS, Var (Reuters) - Appelé par Emmanuel Macron à respecter les libertés fondamentales, Vladimir Poutine a répliqué lundi en expliquant ne pas vouloir de "Gilets jaunes" à Moscou à l'heure où l'opposition manifeste pour demander des élections libres au parlement municipal.

La question de la politique intérieure russe a été abordée par les deux dirigeants dès l'arrivée du président russe au Fort de Brégançon (Var) où il devait essentiellement s'entretenir avec son homologue des crises internationales, à cinq jours du sommet du G7 dont la Russie est exclue depuis 2014.

"La Russie a toute sa place dans l'Europe des valeurs", a estimé Emmanuel Macron dans ses propos liminaires devant la presse. "Nous avons pu appeler cet été à ce que la liberté de manifester, d'expression, d'opinion, de se présenter à des élections dans le cadre de tout pays au sein de ce conseil (de l'Europe) soit pleinement aussi respectée en Russie".

Plus de 2.000 manifestants ont été interpellés par la police au cours des différents rassemblements qui ont eu lieu à Moscou ces dernières semaines après l'invalidation de nombreuses candidatures au Parlement municipal par la commission électorale.

La Russie n'a plus connu de manifestations de cette ampleur depuis 2011-2013 lorsque des opposants à Vladimir Poutine étaient descendus dans les rues pour protester contre des fraudes électorales.

Interpellé directement à ce sujet lors des questions de la presse présente à Brégançon, le chef du Kremlin a renvoyé à la crise des "Gilets jaunes", un mouvement de contestation qui a ébranlé l'exécutif français et l'a contraint à annoncer une série de mesures en faveur du pouvoir d'achat et de la participation citoyenne.

"Vous savez tous que pendant les manifestations des 'Gilets jaunes' il y eu plusieurs de dizaines de personnes qui ont été blessées, on ne veut pas du tout que des événements similaires se passent dans la capitale russe", a dit Vladimir Poutine. "Et nous ferons tout notre possible pour nous assurer que la situation politique nationale évolue strictement dans le cadre de la loi".

Le parallèle avec les "Gilets jaunes" a été rejeté par Emmanuel Macron. "Le président l'a dit, il y a eu des manifestations en France qui ont donné lieu à des violences. Néanmoins la France a toujours respecté non seulement sa constitution, ses droits, mais ceux du Conseil de l'Europe."

"La liberté de manifestation a été protégée", a-t-il ajouté. "En France, je le dis aussi ici clairement - c'est pour cela que comparaison ne vaut pas raison - ceux qui ont manifesté se sont présentés librement aux élections."

"Ceux qu'on appelle les Gilets jaunes, ils sont allés librement aux élections européennes, ils iront aux élections municipales et c'est très bien comme ça", a-t-il ajouté. "Je souhaite qu'ils s'expriment librement aux élections parce que ça réduit la conflictualité, parce qu'on est un pays où les gens peuvent s'exprimer librement, manifester librement".

(Clotaire Achi à Bormes-Les-Mimosas, Marine Pennetier, Michel Rose et John Irish à Paris, édité par Elizabeth Pineau)