Ce jeudi soir, dans le cadre de la procédure dite "McKinsey", le procureur de la République financier Jean-François Bohnert a confirmé que, « suite à plusieurs plaintes et signalements d'élus et de particuliers », le parquet national financier (PNF) avait ouvert le 20 octobre deux informations judiciaires relatives aux deux campagnes électorales victorieuses d'Emmanuel Macron en 2017 et 2022 pour les motifs de « tenue non conforme des comptes de campagne » et de « favoritisme et recel de favoritisme ».
Les décisions du PNF, révélées par le quotidien Le Parisien, font suite à l'enquête préliminaire ouverte le 31 mars dernier par le parquet du chef de « blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée » contre le cabinet conseil McKinsey, sur la base du rapport de la commission d'enquête du Sénat sur l'influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques.
Des contrats de conseil pour plus de 1 milliard d'euros en 2021
Pour mémoire, pendant la dernière présidentielle, un rapport du Sénat, publié le 16 mars 2022, avait suscité de vives polémiques sur l'utilisation des fonds publics au profit de ces cabinets et l'opposition avait réclamé une enquête sur l'éventuel favoritisme dont McKinsey aurait bénéficié de la part de la majorité macroniste.
Le Sénat avait notamment révélé le 17 mars, dans le cadre d'une commission d'enquête initiée par le petit groupe CRCE à majorité communiste, que les contrats conclus par l'État avec les cabinets de consultants comme McKinsey avaient « plus que doublé » entre 2018 et 2021, atteignant un montant record de plus de 1 milliard d'euros en 2021.
La place des cabinets privés dans la décision publique questionnée
En ligne de mire, donc, le cabinet de conseil McKinsey, dont le rapport sénatorial (de 385 pages) montre qu'il est intervenu dans la plupart des grandes réformes du premier quinquennat d'Emmanuel Macron (2017-2022) et jouait un rôle prépondérant auprès de son entourage.
Les sénateurs relevaient que le recours aux consultants était une réalité avant le mandat d'Emmanuel Macron, notamment sous Nicolas Sarkozy, mais que la place de ces cabinets privés dans la décision publique avait notablement gagné en importance depuis 2017.
Le rapport sénatorial pointait aussi un possible montage fiscal des entités françaises de McKinsey, qui leur aurait permis de ne verser aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.
Interrogé à ce sujet, la présidence de la République s'est refusée jeudi à tout commentaire.
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ANNEXE
[DOCUMENT] Le rapport du Sénat du 16 mars 2022 >