Budget 2024 : après la litanie des 49.3, les concessions de façade de l'exécutif

Après avoir dégainé une nouvelle fois l'article 49.3, permettant l'adoption sans vote du second volet du budget 2024 consacré aux dépenses, le gouvernement a précisé avoir retenu 128 amendements. Deux tiers d'entre eux sont issus de l'exécutif lui-même ou des rangs de la majorité. Derrière les signaux d'ouverture annoncés à la rentrée lors des « Dialogues de Bercy », le gouvernement continue ainsi de court-circuiter le Parlement au grand dam des oppositions. Mais aussi de certains membres de la majorité.
Grégoire Normand
Elisabeth Borne à l'Assemblée nationale le mardi 7 novembre.
Elisabeth Borne à l'Assemblée nationale le mardi 7 novembre. (Crédits : Reuters)

L'averse de 49.3 continue de s'abattre sur les bancs de l'Assemblée nationale. Au plein cœur de l'automne, la Première ministre Elisabeth Borne a une nouvelle fois brandi dans la nuit de mardi à mercredi cette arme constitutionnelle. Elle a ainsi permis l'adoption du volet dépenses et l'ensemble du projet de loi de finances de 2024 en première lecture dans l'hémicycle. Dans une ambiance électrique aux environs de minuit, le groupe de la France insoumise (LFI) a immédiatement déposé une motion de censure. Cette motion a toutefois été rejetée par le bureau de l'Assemblée nationale ce mercredi 8 novembre.

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Le projet de loi de finances 2024 doit désormais être transmis au Sénat, où il est attendu à partir du 23 novembre.

« Nous ne pouvons pas priver la France de budget » et « nous le pouvons d'autant moins que nous savons bien qu'il n'existe aucune majorité alternative capable de s'entendre autour d'un budget », a justifié la locataire de Matignon lors de sa courte déclaration devant les députés.

Après avoir organisé « Dialogues de Bercy » en septembre, l'exécutif avait promis de montrer des signes d'ouverture. Sans surprise, il a rapidement coupé court aux débats. En l'absence de majorité absolue au Parlement, la Macronie veut de facto garder la main sur la politique budgétaire d'un quinquennat en pleine zone de turbulences.

Une majorité d'amendements issus du camp présidentiel

Au lendemain de ce seizième 49.3 dégainé par Elisabeth Borne, depuis son arrivée, le ministère de l'Economie s'est empressé de détailler les 128 amendements retenus. Sur le tableau communiqué ce mercredi, une très vaste majorité (67%) d'entre eux sont issus des rangs de la majorité (Renaissance, Horizons ou MoDem) ou de l'exécutif. Au total, 87 sont issus de la coalition présidentielle. Dans le détail, 56 viennent de Renaissance, 13 d'Horizons et 18 du MoDem.

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Parmi les grandes propositions adoptées, figure l'élargissement de l'indemnité carburant de 100 euros au sixième décile de la population, soit un 1,6 million de personnes supplémentaires pour un coût de 600 millions d'euros. Le volet dépenses du PLF acte également la création d'un fonds de 5 millions d'euros pour lutter contre les punaises de lits, ainsi qu'une enveloppe de 40 millions d'euros pour soutenir les services départements d'incendie, après un été 2022 marqué par des épisodes d'incendie dans le sud-ouest.

A l'opposé, seuls 40 amendements retenus sont issus des rangs de l'opposition, soit un tiers de l'ensemble des amendements adoptés. Parmi les quelques amendements emblématiques adoptés, on retrouve notamment la proposition des écologistes d'ajouter 10 millions d'euros pour la prévention des risques liés à la pollution aux substances chimiques PFAS, les « polluants éternels ».

Pas de taxe sur les rachats d'actions

Du côté des recettes - premier volet du budget 2024, adopté à l'Assemblée sans vote le 18 octobre dernier -, le gouvernement avait, pour rappel, rejeté l'amendement déposé par le MoDem visant à taxer les rachats d'actions. En pleine contestation de la réforme des retraites au printemps dernier, le chef de l'Etat avait pourtant visé les entreprises coutumières de cette pratique.

« Il y a quand même un peu un cynisme à l'œuvre, quand on a des grandes entreprises qui font des revenus tellement exceptionnels qu'ils en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions », avait taclé le chef de l'Etat.

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A l'époque, il avait alors demandé au gouvernement de plancher sur la mise en place d'un prélèvementMais l'exécutif a semble-t-il fait volte face au grand dam de plusieurs membres de la majorité. Il préfère inciter les grandes entreprises à distribuer plus de participation et d'intéressement aux salariés. Toujours concernant la fiscalité, l'exécutif a écarté l'idée d'une taxe portant sur les géants du secteur pétrolier, soulignant l'engagement de TotalEnergies à plafonner à 1,99 euro le litre de carburant pour toute l'année 2024. Quant à la proposition du député MoDem, Jean-Paul Mattei, de créer un ISF vert n'a pas été retenue non plus.

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Grégoire Normand
Commentaires 12
à écrit le 09/11/2023 à 18:05
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alors s'il n'y a pas de majorite alternative on prend son courage a deux mains on dissous on provoque un referendum et on envisage apres ce qui veut dire que ll'on rebat les cartes evidemment il y en a qui vont y laisser des plumeset plus mais dans...

à écrit le 09/11/2023 à 10:19
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Les incapables : Une Marianne bien française avec une cocarde… britannique. La nouvelle Marianne, annoncée mercredi en Dordogne par Emmanuel Macron, qui sera représentée sur les timbres, a en effet les couleurs inversées.La cocarde française, arbo...

à écrit le 09/11/2023 à 8:09
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Madame Borne ça fait trois jours que vous bossez gratuitement pour les marchés financiers. C'est beau un tel sens du sacrifice ! Une telle abnégation avec des gens qui ont tout le pognon.

à écrit le 08/11/2023 à 22:35
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Macron .. c.. molle faites ce que je fdis pas ce que je fais .. il donne la recette à Le Pen pour gouverner par 49.3 en 2027..et les Lr + Renaissance ne pourront pas la ramener ils en seront responsable !!

le 09/11/2023 à 13:42
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mais aussi m macron et mme borne nous ressorte les derives verbale du fn ok mais il faut aussi ressortir ceux qui ont saborder le ps et insulter les electeurs fossoyeurs m hollande et m macron ressortir les derives du communisme les derives du p...

à écrit le 08/11/2023 à 18:25
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La France, nouveau pays "autocratique". Et "patrie des droits de l'Homme" depuis la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Cherchez l'erreur! 🙈🙊🙉

le 08/11/2023 à 18:48
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Avce des oppositions fermées à tout discussion il n'y a pas d'autre moyen que le 49.3. Si le RN ou FLI était au pouvoir il ferait de même.

le 09/11/2023 à 1:51
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@Raymond: Erreur, mon cher Raymond; Il n'y a plus de Droits de l'Homme, mais des droits humains; je me demande d'où sortent nos élites; déjà, avec la carte d'électeur devenu carte électorale, je ne sais plus quel académicien avait osé se rebeller, ma...

le 09/11/2023 à 13:07
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@henry "déjà, avec la carte d'électeur devenu carte électorale" Et avec un QR code maintenant mais sans collecte de données personnelles veut aussitôt nous rassurer le gouvernement lors de sa mise en place.

à écrit le 08/11/2023 à 17:53
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Le problème vient des roues de secours LR qui en fait font parties de la Majorité. Ils obtiennent quelques amendements et quelques postes en plus dans les ministères pour les enfants etc.. quelques subventions pour leurs assos et voilà le travail. La...

à écrit le 08/11/2023 à 17:31
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Il faudra aussi passer par l'approbation de l'UE pour ce budget, et il n'y aura pas de 49-3 à Bruxelles, j'attends avec délectation ce que pense la commission européenne des économies budgétaires Françaises ?

le 09/11/2023 à 7:25
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@revanchard: Pas de 49-3 à Bruxelles? Ils ne vont pas nous apprendre la VRAIE démocratie, tout-de-même!

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