Climat : le gouvernement fait feu de tout bois, les maires avancent déjà

REPORTAGE - Depuis l'ouverture du congrès des maires, les ministres Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique) et Christophe Béchu (Transition écologique et Cohésion des territoires) multiplient les annonces pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables. Un virage déjà pris par les maires. Explications
César Armand
Depuis l'ouverture hier du Congrès des maires à Paris, plusieurs ministres du gouvernement Borne ont multiplié les annonces à destination des élus locaux. Notamment sur la transition écologique.

ANCT, Ademe, ANAH, ANRU, Cerema, BDT... Pour le commun des mortels, ces acronymes barbares n'ont aucun sens. Pour les élus locaux, ils renvoient à l'Agence nationale de la cohésion territoriale, à l'Agence de la transition écologique, à l'Agence nationale de l'habitat, à l'Agence nationale pour la rénovation urbaine, au Centre d'études et d'expertise sur les risques, la mobilité et l'aménagement et à la Banque des territoires.

Six opérateurs qui participent tous, de près ou de loin, à la transition écologique dans les collectivités locales. Des territoires sur lesquels mise le gouvernement pour déployer sa Stratégie française pour l'énergie et le climat (SFEC). Une feuille de route a été rendue publique ce 22 novembre en plein Congrès des maires.

Lire aussiClimat : le plan de la France pour sortir de sa dépendance aux énergies fossiles

Les ministres multiplient les annonces au Congrès des maires

Depuis l'ouverture hier du rassemblement à Paris, les ministres concernés multiplient donc les annonces à destination des élus locaux. Pas plus tard que ce matin, Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique) et Christophe Béchu (Transition écologique et Cohésion des territoires) ont annoncé que les six agences d'Etat référenceraient et mettraient à jour désormais leurs offres en ingénierie sur une plateforme baptisée Aides-territoires. « Une porte d'entrée unique pour compiler les aides et les subventions », a résumé le ministre Béchu.

Hier, les mêmes représentants du gouvernement donnaient le coup d'envoi du réseau « Elus pour agir » sur le stand de l'Agence de la transition écologique (Ademe). L'idée explicitée par son président Sylvain Waserman : que dans chaque conseil municipal, ni le maire ni un adjoint, mais un simple conseiller municipal accepte un jour par an et deux heures par trimestre de discuter avec l'Ademe pour décrypter et comprendre les concepts de la lutte contre le dérèglement climatique.

« Fournir de l'énergie renouvelable moins chère et plus abondante permet de dire à un industriel "Venez chez moi, je sais chauffer et refroidir vos installations de façon renouvelable" »a ainsi illustré Agnès Pannier-Runacher.

Des outils qui ne font pas l'unanimité chez les maires

Son cabinet fait aussi état d'un portail cartographique de planification des énergies renouvelables, afin de permettre à tous les maires de définir, d'ici au 31 décembre 2023, leurs zones d'accélération pour les EnR. Il est également question de parcours « énergies renouvelables clés en main » où des élus « pionniers » pourront appuyer les autres dans la mise en œuvre de leurs projets.

Quatre outils qui ne font pas l'unanimité chez les maires et/ou leurs adjointes croisés dans les allées de la porte de Versailles. « Encore des outils et des strates de plus ! Qu'ils nous laissent faire, ça devient lassant », s'agace la maire centriste de Sautron (Loire-Atlantique, 8.500 habitants). Son adjoint à l'environnement et au développement durable travaille déjà avec la métropole nantaise pour récupérer tous les dossiers.

« Nos adjoints et nos conseillers municipaux sont salariés. Ils n'auront pas le temps de suivre ces formations », assène Marie-Cécile Gessant.

Dans le même département du 44, qui accueille 15 à 17.000 nouveaux habitants chaque année, Véronique Dubettier-Grenier est maire de Carquefou (21.000 résidents). Elle se revendique première commune agricole en termes d'emplois avec 30 exploitations et troisième pôle économique après Nantes et Saint-Herblain. Avec son adjointe à la Transition écologique nommée en 2020, l'édile a investi 15 millions d'euros dans la rénovation de son théâtre-centre des congrès, notamment pour changer la chaudière au gaz et renforcer l'isolation. Une autre enveloppe de 18 millions a été débloquée pour reconstruire une piscine municipale qui sera quasi-autonome en énergie grâce à des panneaux photovoltaïques sur la toiture et en ombrière de parkings.

Lire aussiPlanification écologique : à Metz, Béchu donne le coup d'envoi des COP régionales

 Les élus locaux doivent gérer le social et penser à l'écologie

Les maires savent en effet se débrouiller seules, y compris dans les villages de montagne. A Combloux (Haute-Savoie, 2.200 administrés), l'adjointe déléguée (sans étiquette) à la transition du territoire est très fière de ses réalisations : des voitures en autopartage alimentées par des bornes de recharge électrique, un bilan carbone des bâtiments publics, un plan d'achat durable qui a mobilisé les fonctionnaires territoriaux, une politique de sobriété dans l'éclairage public, ou encore un atlas de la biodiversité.

« La responsable des services techniques m'aide beaucoup, mais j'aimerais aller beaucoup plus loin, notamment sur l'éradication des passoires thermiques. Il n'y a pas assez d'argent pour encourager les locaux qui vivent chez nous à l'année », affirme Françoise Jacquier.

Lire aussiClimat : la solitude des maires face aux défis environnementaux

Une étude sur la ville de demain réalisée par le cabinet de conseil The Boson Project, en partenariat avec Bouygues Immobilier et dévoilée par La Tribune, ne dit pas autre chose. Les élus locaux doivent « gérer le social tout en pensant à l'écologie ». Il y a cinq ans, les « Gilets jaunes » manifestaient sur le thème « fin du mois, fin du monde, même combat ».

César Armand
Commentaire 1
à écrit le 23/11/2023 à 7:42
Signaler
Je sais pas je viens de voir une aire naturelle artificielle construite sur une air réellement naturelle, ça ne m'incite pas vraiment à la confiance.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.