
Alors que le président de la République se trouvait en Corse pour parler d'autonomie, Elisabeth Borne est venue à Saint-Malo, ce 28 septembre, conclure le 19ème Congrès des Régions. Dans la cité corsaire, la Première ministre a annoncé, ce 28 septembre, la tenue de « COP territoriales » coanimées par les présidentes ou les présidents de conseil régional, chefs de file de l'aménagement du territoire, et les préfets de région, représentants de l'Etat sur le terrain. Et ce sur le modèle onusien des « conferences of the parties ».
« Ensemble, nous déciderons de la forme, des séquences, de la méthode et des modalités de débat, dans le respect de la cohérence régionale et des compétences de chaque collectivité. Ces COP doivent nous permettre une prise de conscience collective de la marche à franchir pour réussir la transition écologique à tous les échelons », a précisé Elisabeth Borne.
« Et si vous nous faisiez confiance ? » a lancé Carole Delga
Juste avant, la présidente (PS) des Régions de France et du conseil régional d'Occitanie avait lancé, cinq ans après « l'appel de Marseille », son « appel de Saint-Malo », « un défi poussé par le souffle breton ». « Madame la Première ministre, chère Elisabeth, et si vous nous faisiez confiance ? Et si nous faisions tandem ? Et si nous acceptions de bâtir des projets de conciliation, d'apporter réellement des solutions pour que le cœur des Français soit plus heureux ? », a exhorté Carole Delga.
Évoquant d'elle-même la « planification écologique », dévoilée par le président de la République le 25 septembre, la présidente des Régions a tendu la main à la Première ministre. « Je suis régionaliste et départementaliste, mais soyons sérieux: sur la question des énergies renouvelables, nous avons besoin de territoires larges. Sur l'hydroélectricité, la méthanisation - qui apporte des revenus aux agriculteurs -..., nous devons continuer à travailler, à exercer des missions ensemble », a insisté Carole Delga.
« Les actions imposées depuis Paris, ça ne marche pas » (Borne)
« Les actions venues d'en haut imposées depuis Paris, nous savons que ça ne marche pas. Pour être efficaces, nous devons faire converger travaux nationaux et remontées des territoires. Je tiens à ce que cette planification soit le fruit d'un travail partagé entre l'Etat et les territoires », lui a répondu Elisabeth Borne.
Conformément à ce qu'avait promis son ministre de la Cohésion des territoires et de la Transition écologique Christophe Béchu lors du lancement de "France Nation Verte" en octobre 2022, la mise en œuvre et le déploiement des mesures de la planification écologique seront donc territorialisés.
« Nous ne partons pas de zéro, de nombreuses instances et projets existent déjà, mais justement la démarche s'appuie sur l'existant et ne duplique ni les structures ni les initiatives », a poursuivi la Première ministre.
Aboutir à un plan d'action partagé d'ici à l'été 2024
L'objectif d'Elisabeth Borne est clair: aboutir à un plan d'action partagé d'ici à l'été prochain afin de baisser nos émissions de gaz à effet de serre de 55% d'ici à 2030, de déployer des énergies renouvelables ou encore de préserver la biodiversité.
Un discours qui doit encore se traduire en actes. Juste après, la présidente des Régions de France demandait à ce que ces COP régionales « entrent dans le concret » et surtout qu'elles « donnent de vrais leviers d'action ».
Cela tombe bien: au lendemain de la présentation du projet de loi de finances 2024 en Conseil des ministres, la Première ministre et Carole Delga doivent se revoir pour parler de financements, ne serait-ce que sur le dossier chaud du secteur ferroviaire
Qui financera demain les « RER métropolitains » et l'entretien du réseau ferré ? Après les annonces du président de la République, la présidente (PS) des régions de France et du conseil régional d'Occitanie, Carole Delga, vient de demander au gouvernement des « Assises de la mobilité ferroviaire et de l'intermodalité ». Sur le papier, l'idée est simple: définir un modèle économique et fiscal durable, tant en matière de financements des infrastructures que de tarification, en dépenses de fonctionnement comme en dépenses d'investissements. Et ce au-delà du « Pass rail » et outre les négociations entre l'Etat et la région Île-de-France sur le pass Navigo. Lors du 19è Congrès des Régions qui s'est tenu à Saint-Malo ces 27 et 28 septembre, le ministre des Transports Clément Beaune s'est engagé à traiter cette question du financement dans la durée. Comment ? « Nous allons travailler pour mettre à mettre à plat les paramètres de financement et les trajectoires d'investissement ». En clôture de l'événement, la Première ministre Elisabeth Borne a, elle, renvoyé le sujet aux contrats de plan Etat-région (CPER) dont les volets mobilités sont en cours de négociation entre les préfets et les président(e)s de conseil régional.« Au total, ce sont 8,6 milliards d'euros qui ont été mis sur la table par l'Etat », a rappelé la locataire de Matignon. « Je souhaite que la majorité des négociations puissent être conclues d'ici à la fin de l'année. Ce sera un jalon déterminant de la mise en œuvre de la "Nouvelle donne ferroviaire" que vous appeliez de vos vœux et que j'ai annoncée en début d'année [le paquet à 100 milliards d'euros de février, NDLR] », a poursuivi Elisabeth Borne. Une réponse qui satisfait Carole Delga. « D'ici à trois mois, il y aura une réunion de travail avec Clément Beaune. Si nous avons posé les bases hier, nous aurons ensuite besoin que Bercy entre dans la danse. Le projet devra aussi être porté à l'échelle européenne », a conclu la présidente (PS) des Régions de France et de l'Occitanie.Delga rêve d'« Assises du ferroviaire », Borne répond « CPER »