Biodiversité : comment le gouvernement espère mobiliser les entreprises

La secrétaire d'Etat à la Biodiversité, Sarah El Haïry, a lancé le 16 novembre un cycle de travail visant à impliquer davantage les entreprises dans la préservation du vivant. Les principaux axes d'action ont déjà été identifiés.
Giulietta Gamberini
La mobilisation en faveur du climat, dont les enjeux sont mieux compris, se fait en effet encore trop souvent au détriment de la biodiversité, reconnaît la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).
La mobilisation en faveur du climat, dont les enjeux sont mieux compris, se fait en effet encore trop souvent au détriment de la biodiversité, reconnaît la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). (Crédits : Eric Vidal)

Bien que la date de publication reste encore incertaine, la Stratégie nationale biodiversité (SNB) ne devrait désormais plus trop tarder. Le gouvernement, aux prises avec les derniers arbitrages, est en train de la finaliser.

Lire: Biodiversité : la stratégie de la France entre dans sa dernière ligne droite

En attendant, le travail de persuasion des entreprises, face à un enjeu encore beaucoup moins investi que celui climatique, a déjà commencé. Le ministère de la Transition écologique en est en effet conscient : leur mobilisation sera essentielle pour que les objectifs fixés soient atteints.

Afin d'identifier les principaux freins à lever et leviers à activer, une première réunion avec une dizaine de représentants d'associations professionnelles et d'acteurs publics directement concernés était donc organisée le jeudi 16 novembre autour de la secrétaire d'Etat à la Biodiversité, Sarah El Haïry. Elle sera suivie d'une nouvelle rencontre le 29 novembre, puis d'un travail par groupes sectoriels (agroalimentaire, construction, énergie, finance, textile, cosmétique, chimie). Deux autres groupes seront chargés de questions transversales: le financement des actions menées et l'intégration de l'enjeu de la biodiversité dans la gouvernance des entreprises. Un premier bilan de leurs réflexions sera rendu en février. La secrétaire d'Etat à la Biodiversité a toutefois déjà identifié les axes d'action qu'elle souhaite prioriser, partagés par les entreprises lors de la réunion du 16 novembre.

« L'angle mort » de l'engagement environnemental

Le premier est celui de la sensibilisation, voire de la formation, la biodiversité constituant encore souvent « l'angle mort » de l'engagement environnemental, regrette le gouvernement. La mobilisation en faveur du climat, dont les enjeux sont mieux compris, se fait en effet encore trop souvent au détriment de la biodiversité, reconnaît la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).

Favoriser la prise de conscience progressive de la dépendance du vivant du secteur privé, et de la nécessité de le préserver pour assurer sa pérennité, est donc essentiel, convient la CPME, qui rédige d'ailleurs des guides destinés à ses adhérents sur ce sujet. Parmi les pistes d'action, le Collège des directeurs du développement durable (C3D) suggère même l'organisation de campagnes publicitaires publiques d'envergure sur la biodiversité.

Profiter des synergies de l'écosystème local

Deuxième axe prioritaire pour Sarah El Haïry : l'implication des territoires et des filières. Il faut faire comprendre aux entreprises que chacune peut agir efficacement pour la biodiversité à son échelle et dans son territoire, estime en effet la CPME. L'enjeu est également de les inciter à coopérer avec les ONG et les collectivités territoriales, afin de profiter des synergies de l'écosystème local, note le le Mouvement des entreprises de France (Medef), qui souligne un « atout majeur » de la biodiversité : sur le plan territorial, les dépendances du vivant comme les actions pour le préserver sont bien visibles.

Les startups à impact peuvent d'ailleurs aussi être des partenaires utiles à solliciter, souligne le Mouvement impact France. Et, au vu du rôle prescriptif joué par les fédérations, le choix d'une approche sectorielle, en lien avec les métiers, est également incontournable, ajoute la CPME.

Intégrer la biodiversité aux modèles économiques

Quant au troisième axe prioritaire mis en avant par le gouvernement, l'incitation, elle passe tout d'abord par la fixation d'objectifs par la puissance publique, souligne Mouvement Impact France. Ceux établis au niveau international lors de la Conférence de Montréal de 2022 sur la biodiversité -qui seront intégrés par la SNB- sont notamment utiles en tant qu'outils de comparaison, note l'Association française des entreprises privées (Afep). Cela inclut les réglementations contraignantes, qui non seulement représentent des occasions pour sensibiliser sur la biodiversité, selon la Banque Publique d'Investissement (BPI), mais constituent aussi souvent le seul moteur d'action, estime le C3D.

Afin de rallier un maximum d'entreprises, ces obligations doivent toutefois être assorties d'avantages en termes de compétitivité concédés aux entreprises qui intègrent les enjeux de la biodiversité, souligne Mouvement Impact France. Plus radicalement, il s'agit de promouvoir des modèles économiques intégrant le coût de la régénération de la nature, estime le CRD, qui essaie d'en définir un cadre méthodologique.

Les PME bloquées par une « pléthore administrative »

En matière d'incitation, un levier de poids est évoqué par l'Afep et le C3D : la commande publique qui, pour être exemplaire, devrait valoriser, pour l'attribution des appels d'offre de l'Etat et des collectivités territoriales, les actions en matière de biodiversité, comme la restauration de puits de carbone. Une approche qui pourrait d'ailleurs être partagée aussi par la commande privée, souligne la CPME.

Autre obstacle à lever : la « pléthore administrative » qui souvent s'oppose aux actions des plus petites entreprises, en manque de moyens humains suffisants, rappelle la CPME. Le gouvernement mise sur la création d'une plateforme unique permettant au moins une meilleure visibilité des aides disponibles. Il espère que le programme Entreprises engagées pour la nature comptera 5.000 adhérents en 2030.

Giulietta Gamberini

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Commentaires 3
à écrit le 22/11/2023 à 9:18
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Il faut reconnaître que c'est un chantier monumental à mettre en oeuvre tandis que jamais l'humanité n'a eu à essayer de ressentir les dégâts causés au monde entier par notre dictature de la surconsommation. Un changement d'orientation sociétal total...

à écrit le 21/11/2023 à 19:55
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Une entreprise qui n'a pas besoin de publicité est une entreprise indispensable ! ,-)

à écrit le 21/11/2023 à 19:47
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autant l'idee n'est pas mauvaise, autant encore une fois tout le monde comprend que la finalite c'est de coller un impot qui va sauver la planete la biodiversite et que sais je encore, donc le budget de l'etat dispendieux........est ce qe vous croyez...

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