Colère des agriculteurs : après avoir rencontré la FNSEA, Gabriel Attal va recevoir deux autres syndicats à Matignon

Les agriculteurs poursuivent ce mardi leurs actions. Objectif, obtenir des « mesures concrètes », après des discussions toujours dans l'impasse avec le gouvernement de Gabriel Attal. Le Premier ministre a fait part de « sa volonté d'aller vite, dans la semaine pour un certain nombre de premières annonces ».
Le président de la FNSEA  Arnaud Rousseau a indiqué qu'il n'y aurait « pas de levée des actions » menées par les agriculteurs en France pour exprimer leur désarroi, tant qu'il n'y aurait « pas de décisions concrètes » de l'exécutif.
Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a indiqué qu'il n'y aurait « pas de levée des actions » menées par les agriculteurs en France pour exprimer leur désarroi, tant qu'il n'y aurait « pas de décisions concrètes » de l'exécutif. (Crédits : Rémi Benoit)

[Article publié le mardi 23 janvier 2023 à 7h16, mis à jour à 16h13]Pour les agriculteurs français, l'heure est à la colère et aux revendications. Ces derniers ont organisé des blocages routiers, Occitanie notamment. Depuis jeudi soir, l'A64 entre Toulouse et Bayonne est coupée à la circulation au niveau de Carbonne (Haute-Garonne), à 45 km de Toulouse. Elle devrait le rester ce mardi.

Depuis lundi, l'A62 est aussi bloquée au niveau d'Agen dans les deux sens. Les agriculteurs ont également déversé des pneus sur les voies ferrées à l'entrée de la gare d'Agen, où la circulation est bloquée depuis 18h15 environ. Et le mouvement pourrait faire tache d'huile : les Jeunes agriculteurs de l'Oise ont annoncé à l'AFP un blocage de l'autoroute A16 ce mardi en début d'après-midi au niveau de Beauvais. Mais « aucune évacuation des blocages par les forces de l'ordre n'est prévue à ce stade, car il n'y a pas de dégradations », a assuré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

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Décès d'une agricultrice sur un barrage dans l'Ariège

Le mouvement social a été marqué par un drame. Tôt ce mardi, sur un barrage routier dans l'Ariège, une agricultrice a été tuée. Son mari et sa fille adolescente ont été grièvement blessés, a-t-on appris de sources concordantes. Dans le détail, les trois occupants de la voiture qui a foncé sur le barrage ont été interpellés et placés en garde à vue, selon une source policière. « Dans le moment particulier que vit l'agriculture, ce genre de drame est difficile à vivre », a reconnu le président de la FNSEA Arnaud Rousseau.

Il a appelé « tout le monde au calme et à la raison et à faire en sorte que cette colère s'exprime dans le respect des biens et des personnes ».

Le Premier ministre Gabriel Attal, lui, a exprimé, « au nom du gouvernement », sa « peine » et a adressé son « plein soutien à la famille et aux proches des victimes ». « Aujourd'hui, tous nos agriculteurs sont en deuil. Notre nation est bouleversée et solidaire », a-t-il ajouté sur X, en indiquant que le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau allait se rendre sur place.

Emmanuel Macron a, lui, déploré un « drame qui nous bouleverse tous ». « Je pense avec émotion aux victimes et à leurs proches endeuillés », a-t-il écrit sur X, indiquant avoir demandé « au gouvernement d'être pleinement mobilisé pour apporter des solutions concrètes aux difficultés ».

Le gouvernement attendu au tournant

Pour tenter d'apaiser les tensions, le gouvernement a reçu à Matignon les représentants de la filière agricole ce mardi. « (Gabriel Attala affirmé clairement sa volonté d'aller vite, dans la semaine pour un certain nombre de premières annonces », a déclaré le ministre de l'Agriculture à la sortie de cette réunion.

Mais le président de la FNSEA a, lui, indiqué qu'il n'y aurait « pas de levée des actions » menées par les agriculteurs en France pour exprimer leur désarroi, tant qu'il n'y aurait « pas de décisions concrètes » de l'exécutif. La mobilisation des agriculteurs peut durer « une journée », « une semaine » ou « le temps qu'il faudra pour que les réponses soient apportées », a-t-il déclaré mardi sur RMC.

« Nous apprenons chaque minute que des points de blocage nouveaux s'ouvrent », a indiqué Arnaud Rousseau. « Je veux redire l'urgence que la France a à prendre des décisions rapides pour redonner des perspectives au monde agricole parce que ce qui se passe là est un mouvement sans précédent et il faut apporter des réponses profondes et rapides », a relevé le président de la FNSEA.

Lire aussiPour lever les blocages, les agriculteurs attendent encore « des actions concrètes »

Deux autres syndicats reçus ce mardi soir et mercredi

De son côté, Véronique Le Floch, présidente de la Coordination rurale, a jugé « catastrophique » que le Premier ministre n'ait encore fait aucune annonce d'urgence.

« On attendait au moins un signe fort sur le gasole non routier (GNR) et des mesures par rapport à la trésorerie des agriculteurs qui sont confrontés à des crises sanitaires sans précédent », a-t-elle expliqué, espérant voir les banques proposer des « reports automatiques d'échéances » pour les exploitants « étranglés par les charges et la paperasserie ».

Des revendications dont le syndicat pourra faire part à Gabriel Attal qui le recevra ce mardi soir à 17H00, suivi de la Confédération paysanne mercredi matin, ont indiqué les 2e et 3e syndicats agricoles français à l'AFP, regrettant que le Premier ministre n'ait dans un premier temps reçu que la puissante FNSEA et le mouvement des Jeunes agriculteurs.

« On est quand même cinq syndicats représentatifs dans le pays. Il nous invite demain matin. Visiblement il a entendu ce besoin de recevoir et d'entendre l'ensemble du monde agricole français », a réagi Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération. Le cinquième syndicat, le Modef, a indiqué à l'AFP en début d'après-midi n'avoir pour le moment « pas reçu d'invitation ».

Selon elle, « trois mesures peuvent être prises rapidement : l'interdiction de la vente en dessous du prix de revient, l'annonce solennelle de l'opposition de la France à la signature de tout nouvel accord de libre-échange et l'engagement de réétudier les accords récents » ainsi que s'attaquer à « la question de la gouvernance avec l'ensemble du spectre agricole français ».

De très nombreuses revendications

Ministres et agriculteurs ne parviennent pas, en effet, pas à s'entendre pour le moment. Pour les premiers, les sujets les plus urgents sont notamment ceux des « négociations commerciales » sur les prix de l'alimentation, celui des « crises que traversent un certain nombre de secteurs » et certains sujets en termes de « simplification », selon le président de la FNSEA. Sur le terrain en revanche, bien d'autres revendications sont martelées : pas de nouvelle interdiction de pesticides, arrêter d'augmenter le prix du gazole pour les tracteurs, être indemnisé plus vite après des calamités.

« Pour nous la vraie crise est autour du prix « des productions agricoles » et « du revenu », a déclaré la porte-parole de la Confédération paysanne, qui met en cause les politiques libérales mises en oeuvre, résultat selon elle de la « connivence entre les gouvernements successifs et la FNSEA ».

Du côté des opposants politiques, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a appelé mardi à la « convergence des colères » pour « faire une pression immense sur le nouveau gouvernement ». « Je les soutiens à 100% et je dis au gouvernement: "rendez l'argent aux paysans" », a-t-il martelé sur Europe 1, estimant que ces derniers se faisaient « rançonner » par l'exécutif.

Une réunion à Bruxelles des ministres européens de l'Agriculture

Le gouvernement craint d'autant plus un embrasement que des Pays-Bas à la Roumanie en passant par la Pologne ou l'Allemagne, les agriculteurs multiplient les actions contre les hausses des taxes et le « Pacte vert » européen. Le tout sur fond d'inflation et de concurrence des importations ukrainiennes et avant les élections européennes en juin.

Lire aussiEn France et partout en Europe, les agriculteurs manifestent leur colère

La colère des agriculteurs s'invite d'ailleurs ce mardi à une réunion des ministres européens du secteur, avant le lancement jeudi par Bruxelles d'un « dialogue stratégique » destiné à désamorcer leurs griefs. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait promis une telle initiative dès septembre, assurant qu'agriculture et protection de la nature pouvaient « aller de pair. »

(Avec AFP)

Commentaires 11
à écrit le 23/01/2024 à 19:08
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CLARIFION SLES TENNATS ET ABOUTISSANTS/ les salariés/retraités ont accusé une augmentation de 11% EN 2 ANS...mais -à la différence des retraités revalorisés à hauteur de 9¨% sur 2 ans pour lesquels les salariés payent ...- ces salariés ont eu au m...

à écrit le 23/01/2024 à 19:08
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CLARIFION SLES TENNATS ET ABOUTISSANTS/ les salariés/retraités ont accusé une augmentation de 11% EN 2 ANS...mais -à la différence des retraités revalorisés à hauteur de 9¨% sur 2 ans pour lesquels les salariés payent ...- ces salariés ont eu au m...

à écrit le 23/01/2024 à 18:13
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@matheo. Un étudiant, Andy George, se mis en "autarcie" pour mener une expérience d'entreprise personnelle (production/transformation/élaboration d'un bien/produit) menée dans le contexte d'un "circuit économique à la Robinson Crusoé" (sans échange t...

à écrit le 23/01/2024 à 15:11
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Les producteurs et les consommateurs sont les "dindons de la farce" exploités à la fois par l'industrie agro-alimentaire et la grande distribution qui se renvoient la balle sur leur responsabilités respectives face à la hausse des prix (et des marges...

le 23/01/2024 à 16:09
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@ROBESPIERRE Alors comment expliquez vous les prix encore plus eleves quand les agriculteurs vendent en direct ,,?? LA grande DISTRIBUTION A BON DOS .autre exemple pourquoi les jeunes ne peuvent s'installer ,la grosse GAEC du coin récupère toute...

à écrit le 23/01/2024 à 10:44
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Ils comprennent juste que ceux qui ne crée pas de valeur s'enrichissent le plus, et ceux qui consomment les produits s’appauvrissent ! L'europe ayant été un moyen de monter les prix pour les producteurs, et les monter plus encore pour les clients ...

à écrit le 23/01/2024 à 9:57
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"Le Premier ministre Gabriel Attal recevra la FNSEA et les Jeunes agriculteurs à 18h00 ce lundi." On peut noter qu'Attal est un malin sur les cinq syndicats d'agriculteurs ,il n'en reçoit que deux dont les jeunes agriculteurs (CNJA : Centre Nation...

à écrit le 23/01/2024 à 9:31
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un gouvernement qui ne protège pas son agriculture serait voué à l échec ! de surcroît ils sont utilisés pour stabiliser les prix à leur détriment ! en juin les européennes !

le 23/01/2024 à 19:36
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Et surtout en juillet les JO. Imaginez Paris fermé par les agriculteurs, routiers et gilets jaunes pour une augmentation des salaires et un retour a la retraite a 55 ans... ce serait une belle nouvelle pour nous mais pas pour Macron...

à écrit le 23/01/2024 à 8:30
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On attends les réactions du très médiatique Michel Édouard Leclerc

à écrit le 23/01/2024 à 8:18
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"Colère des agriculteurs" Qu'ils sont incapables d'expliquer. Une manifestation sponsorisé par le lobby agro-industriel qui veut plus de sous dans ses paradis fiscaux parce que yen a marre hein maintenant !? ^^

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