Le budget 2021 du "quoi qu'il en coûte" adopté par le Parlement

En plus des 100 milliards d'aides prévues par le plan "France Relance", le gouvernement a décidé d'allouer 20 milliards d'euros d'aides d'urgence supplémentaires dans le budget 2021. L'Etat devra aussi tenir compte de la baisse de ses recettes fiscales liée à l'arrêt de l'activité pour de nombreuses professions.
(Crédits : Reuters)

Le Parlement a définitivement adopté jeudi le budget 2021 et ses vertigineuses dépenses d'urgence et de relance face à la crise sanitaire, avec des inquiétudes des différents bords politiques sur l'aggravation de la précarité et le remboursement de la "dette Covid".

Ce vote a clos une longue année budgétaire, avec également quatre budgets 2020 rectificatifs, soit quelque 375 heures de débats au total au Palais Bourbon, sur près de 13.000 amendements.

L'Assemblée nationale a soutenu le projet de loi de finances pour 2021 par 91 voix contre 33. Gauche et droite ont voté contre, sauf l'UDI.

La crise sanitaire a parasité à plusieurs reprises le marathon budgétaire de l'automne, poussant le gouvernement à réajuster à la baisse ses prévisions macroéconomiques et à prolonger les aides d'urgence pour les secteurs sinistrés comme la restauration ou l'événementiel.

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Dans la dernière ligne droite, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait annoncé la mobilisation de 20 milliards d'euros d'aides en 2021, dédiés notamment au chômage partiel et au fonds de solidarité pour les entreprises encore fermées ou au ralenti en début d'année.

Après une récession attendue à 11% du PIB en 2020, le gouvernement table sur un rebond économique de 6% du PIB en 2021, un déficit de 8,5% et une dette qui s'envole à 122,4% du PIB, dans un contexte de grande incertitude.

Face à "une crise inédite", le ministre du Budget Olivier Dussopt a insisté sur le rôle du plan de relance pour "proposer une perspective", grâce à une enveloppe globale de 100 milliards d'euros jusqu'en 2022.

En 2021, la mission "plan de relance" compte 22 milliards d'euros de crédits, dont trois milliards pour la rénovation énergétique des bâtiments ou 4 milliards fléchés vers les "jeunes" et leur entrée dans la vie professionnelle. L'enjeu sera de déployer les crédits efficacement.

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"L'épidémie de la pauvreté"

La droite a apporté son soutien à la mission "relance" même si elle trouve le plan tardif et trop peu ciblé.

La gauche juge en revanche cette relance très en deçà des besoins, insuffisamment tournée vers la "demande" et l'écologie. Précaires et jeunes sont les "grands oubliés", selon la cheffe du groupe PS Valérie Rabault, qui réclame le rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune ou une "contribution des plus aisés".

Chez LFI, Eric Coquerel a défendu en vain une ultime motion de rejet du texte. Il redoute "l'aggravation d'une nouvelle épidémie, sévère, celle de la pauvreté".

Gauche et écologistes ont ferraillé contre la baisse programmée de 10 milliards d'euros des impôts de production des entreprises, une mesure de compétitivité profitable selon eux aux plus grandes sociétés, "sans contrepartie sociale ou écologique".

Ce débat sur les contreparties a aussi eu lieu dans la majorité, qui s'est accordée pour demander aux entreprises de plus de 50 salariés d'améliorer leur "performance" en matière "écologique, de parité et de gouvernance", avec divers indicateurs.

"Quelqu'un va payer un jour"

Les ONG de Réseau action climat critiquent un budget "pas à la hauteur de l'urgence".

Il renforce le malus auto pour l'achat des véhicules les plus émetteurs de CO2. Le durcissement de cette taxe est un peu moins rapide que prévu, car le gouvernement a dans le même temps mis en place pour 2022 un malus au poids pour les véhicules les plus lourds, comme les SUV, à partir de 1,8 tonne. Un seuil jugé trop élevé par les écologistes, alors que la Convention citoyenne pour le climat le réclamait dès 1,4 tonne.

La droite a combattu ce malus "punitif".

Durant les débats dans les deux chambres, se sont aussi fait entendre des inquiétudes quant au niveau de la dette, qui "obère le futur des jeunes générations" pour la sénatrice Vanina Paoli-Gagin (Indépendants) et "qui à terme pèsera sur les dépenses sociales", selon sa collègue écologiste Sophie Taillé-Polian.

"Quelqu'un va payer un jour", a prévenu à l'Assemblée le président de la commission des Finances Eric Woerth (LR), réclamant des "réformes structurelles".

Le gouvernement assure que toute hausse d'impôt est exclue et attend les conclusions d'ici fin février d'une commission sur le sujet, présidée par l'ancien ministre Jean Arthuis.

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Commentaires 11
à écrit le 19/12/2020 à 12:45
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Bien sur toutes les aides, et il en faut, sont concoctées par les hauts!!!!! fonctionnaires de Bercy qui ne doivent pas connaitre la composition d’un CA d’entreprise. Une connaissance tient un restaurant avec un CA mensuel inférieur à 10k€ comme le...

à écrit le 18/12/2020 à 9:59
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Jean Arthuis est expert comptable. La messe est dite en ce qui concerne "L'Economie et les Finances". Orthodoxie neoliberale, ordoliberalisme façon Schauble.

à écrit le 18/12/2020 à 9:31
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Si j'ai bien compris on sera avec des restrictions ou confinements jusqu'à l'été. Cela veut que les restaurants, les spectacles ... ouvriront fin juin l'état doit trouver de l'argent pour les indemniser. Donc je pense que le en déficit sera plus proc...

le 18/12/2020 à 12:02
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Je suis curieux de connaître la façon dont vous avez calculé vos chiffres. Etes-vous économiste ?

à écrit le 17/12/2020 à 22:07
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Et dire qu'il y avait soit disant pas quelques millions pour les gilets jaunes et aujourd’hui il a plus aucune limite pour aider les plus riches entreprises, les petites elles vont couler et ce président s'en moque toujours autant... Le robin des bo...

à écrit le 17/12/2020 à 10:48
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encore des idees pour de nouvelles taxes mais pas pour les économies qui n'ont rien a voir avec le COVID ex le gouvernement pléthorique ,la surabondance de nouveaux conseillers dans les ministere,les organismes fourre tout pour acheter BAYROU ,tout...

le 17/12/2020 à 13:50
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en cette période compliquée, on ne voit pas comment l' état pourra faire des économies sans mettre en péril l' emploi privé-qui vit aussi des investissement-consommation public- , l' emploi public qui ferait remonter le taux de chômage et d' indemni...

le 17/12/2020 à 16:44
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@ BREHAT vous oubliez qu'un emploi de fonctionnaire détruit trois emplois dans le prive à cause des charges qui augment .Par exemple expliquez nous à quoi bon les 15 millions alloues à Mr BAYROU qui maintenant se bagarres avec la chambre economique...

à écrit le 17/12/2020 à 9:39
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Cetet crise aura eu aussi de nombreux avantages dont celui de nous montrer qaue leur argent ne vaut plus rien et que ce fait il n'y a pas de raison que les milliards d'euros ne partent que dans l'économie virtuelle des marchés financiers hein, tant q...

le 17/12/2020 à 16:42
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Si l euro ne valait plus rien il ne se serait pas apprécier depuis plusieurs mois face aux dollars franc suisse et livre sterling.... au contraire il nous protège - peut être à tort- si l. Avait conservé le franc les spéculateurs us anglais et autre...

le 18/12/2020 à 10:06
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@ pompier pyromane: C'est une pensée courtermise usée depusi des décennies et l'UE est un échec total, nous sommes à la ramasse dans tous les domaines faces aux puissances réellement crédibles hein, faut vraiment arrêter maintenant de se raconter...

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