L'inflation sape le moral des dirigeants

L'optimisme des chefs d'entreprise a plongé de 22 points, entre août et septembre, selon la dernière Grande consultation des entrepreneurs (CCI France, La Tribune et LCI). Dans la construction ou le commerce, de nombreux dirigeants font état d'un allongement des délais de paiement.
Grégoire Normand
Dans la construction, 45% des dirigeants affirment qu'ils ont des difficultés à être payés à temps.
Dans la construction, 45% des dirigeants affirment qu'ils ont des difficultés à être payés à temps. (Crédits : Reuters)

La surchauffe des prix suscite toujours de vives inquiétudes dans les entreprises. Un an et demi après l'éclatement de la guerre en Ukraine, l'économie française traverse un automne particulièrement sombre. Entre la crise de l'immobilier, la récession en Allemagne et le coup de frein de l'économie mondiale, les signaux négatifs se multiplient.

Lire aussi« Il ne faut pas hésiter à recourir à la main-d'œuvre étrangère » (Nicolas Dufourcq, Bpifrance)

Dans la dernière Grande consultation des entrepreneurs (GCE) réalisée par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI, l'optimisme des dirigeants tricolores a plongé de 22 points entre août et septembre, passant de 96 points à 74 points. Après avoir grimpé entre janvier et août, l'indicateur qui mesure la confiance à l'égard de l'économie s'est écroulé pour retrouver son niveau du début d'année.

Après les années de rattrapage post-Covid, la croissance du produit intérieur brut (PIB) pourrait marquer le pas en fin d'année. La plupart des institutions de prévisions ont révisé à la baisse leurs chiffres pour 2024. De son côté, l'exécutif table désormais dans son projet de loi de finances pour 2024 sur une croissance de 1,4%, contre 1,6% l'année prochaine. La poursuite du resserrement de la politique monétaire dans la zone euro pourrait faire des dégâts dans les secteurs déjà fragilisés par la pandémie. En France, la hausse des taux d'intérêt et le durcissement des condition d'accès au crédit ont commencé à faire trembler quelques sociétés fortement endettées, comme Altice ou encore le groupe Casino, actuellement empêtré dans de graves difficultés.

Lire aussiCasino signe enfin son accord avec les repreneurs et les principaux créanciers

Montée des inquiétudes sur l'inflation

L'un des résultats frappant de la dernière vague est la montée des inquiétudes sur l'inflation. Après avoir marqué le pas entre janvier et juillet, l'indice des prix à la consommation hexagonal est reparti à la hausse en août, passant de 4,3% à 4,9%, sous l'effet notamment de la remontée des prix du pétrole et des pressions sur les prix de l'alimentaire. Résultat, plus de la moitié (52%) des dirigeants interrogés déclarent que cette inflation pourrait avoir des répercussions sur la viabilité de leurs entreprises.

Ce sont dix points de plus qu'au mois d'août. Et cette inflation pourrait également se répercuter sur toute la chaîne de valeurs. En effet, plus de 40% des entreprises interrogées affirment qu'elles ont des difficultés à être payées dans les temps par leurs clients. Enfin, la proportion de dirigeants ayant confiance dans les perspectives pour leur entreprise en 2024 est au plus bas (62%, soit -13 points) par rapport à août.

Lire aussiDélais de paiement : recrudescence des gros retards en France

Une grande majorité n'a pas prévu de réduire sa consommation d'énergie

La guerre en Ukraine et l'accélération du réchauffement climatique rappellent que la dépendance de la France à l'énergie fossile peut plonger des pans entiers de l'économie dans un épais brouillard. En février 2022, au moment de l'éclatement du conflit, certains secteurs sont entrés dans une période de fortes incertitudes tarifaires, compte tenu du niveau de dépendance de l'économie européenne au pétrole et au gaz en provenance de Russie.

En seulement quelques mois, les Etats ont dû dénicher de nouveaux partenaires ou envisager des plus grands contrats pour s'approvisionner en énergie. En dépit de ces événements majeurs, le nombre d'entreprises ayant un objectif de réduction de leur consommation d'énergie est plutôt faible (27%) au regard des enjeux colossaux. A l'opposé, un grand nombre de dirigeants ont choisi le statu quo (73%). Dans le détail, il existe un fossé de 20 points entre les grandes entreprises (43%) et les plus petites (23%). Ce grand écart témoigne de la difficulté pour les plus petites entreprises d'établir des feuilles de route précises pour réduire drastiquement leur consommation d'énergie.

Méthodologie : étude réalisée auprès d'un échantillon de 1.017 dirigeants d'entreprises comptant au moins un salarié. L'échantillon a été interrogé par téléphone du 14 au 22 septembre 2023. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation.

Grégoire Normand
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.