Entreprises françaises : alerte maximale sur des menaces de prédation étrangères

Bercy, et plus précisément le service de l'information stratégique et de la sécurité économiques, sont sur le pied de guerre face à des menaces de prédation détectées en France.
Michel Cabirol
Alors que des actifs stratégiques français sont dans le collimateur de rivaux étrangers, Bercy veille.
Alors que des actifs stratégiques français sont dans le collimateur de rivaux étrangers, Bercy veille. (Crédits : Reuters)

C'est une guerre qui ne fait pas de morts mais qui peut laisser un pays en état de friche sur le plan économique. Une guerre très discrète, qui se joue parfois au plus haut niveau de l'État et souvent en dessous des radars des médias... ou presque (Photonis, Aubert & Duval...). Et pour tous ceux qui en doutait encore, le chef du service de l'information stratégique et de la sécurité économiques (SISSE) à Bercy, Joffrey Célestin-Urbain, a fait état vendredi lors d'une audition par la Délégation sénatoriale aux entreprises d'"une forme de résurgence des rapports de force économiques mondiaux entre grandes zones économiques". Résultat, la France et l'Europe sont dans une guerre économique portée par des dynamiques de long terme avec le reste du monde, y compris avec ses alliés, dont les Etats-Unis.

Ce constat est doublé d'une constatation très crue : le patron du SISSE a confié aux sénateurs que la France entrait maintenant "dans une deuxième vague de pressions économiques étrangères très fortes". Pourquoi maintenant ? "Avec le décollage peut être plus rapide de certaines zones économiques, la fragilité relative de nos entreprises commence à donner lieu à des tentatives de prédation", a expliqué Joffrey Célestin-Urbain. Le SISSE n'avait "pas vraiment vu jusqu'à présent" cette deuxième vague car, "finalement, avec la crise sanitaire, tous les grands pays, tous les grands concurrents économiques avaient été touchés de manière plus ou moins symétrique", a-t-il précisé. Ce n'est plus le cas désormais.

"Notre rôle au SISSE est de détecter le plus tôt possible des signaux d'alerte, y compris des signaux faibles de menaces étrangères sur des actifs stratégiques, de les collecter et d'en assurer le traitement systématique pour faire en sorte que chacune soit traitée efficacement quand les intérêts souverains sont à risques. Ces menaces étrangères doivent être neutralisées", a-t-il souligné.

"Un niveau de vigilance très, très élevé"

Qu'on parle de guerre économique, de souveraineté, de résilience, d'autonomie stratégique ou d'indépendance stratégique, la France est belle et bien à la veille d'une bataille économique extrêmement cruciale pour son avenir. Selon Joffrey Célestin-Urbain, les alertes se multiplient et Bercy est sur les dents pour contrer la menace, qui se matérialise par le rachat de sociétés stratégiques françaises. "Nous sommes dans une phase où notre niveau de vigilance de veille est très, très élevé, avec des opérations de rachat effectivement d'entreprises françaises qui sont aujourd'hui sous haute surveillance dans plusieurs domaines", a expliqué le responsable du SISSE. Il n'a donné aucune précision sur les entreprises et les secteurs concernés. Interrogé par les sénateurs sur des dossiers emblématiques comme Photonis ou encore les Chantiers de l'Atlantique..., il a catégoriquement refusé d'évoquer ces dossiers.

La France semble désormais mieux armée qu'elle ne l'était encore il y a quelques années. Pour le patron du SISSE, la politique de sécurité économique "donne des résultats, même s'ils sont souvent confidentiels naturellement, discrets par construction parce que nous ne pouvons pas faire cocorico" sur des blocages de rachat, qui peuvent ternir l'attractivité de la France auprès des investisseurs étrangers. Pas question de bloquer les 1.500 projets d'investissements étrangers apportés par Business France chaque année. Ces victoires de l'ombre doivent donc rester confidentielles même si certaines d'entre elles ont squatté longtemps les journaux à l'image de celle de Photonis arrachée au forceps. Chaque année, le SISSE traite "plusieurs dizaines de cas de dossiers où la politique de sécurité économique permet de bloquer des menaces".

Joffrey Célestin-Urbain confirme que "des rachats d'entreprises peuvent être effectivement bloqués pour des raisons de souveraineté, ou des rachats d'entreprises peuvent être aussi encadrés de manière stricte lorsqu'il le faut pour assurer le maintien de la propriété intellectuelle en France, même si l'entreprise passe sous capitaux étrangers".

Le SISSE est également "très vigilant sur certains partenariats de recherche dans des écosystèmes de recherche sensibles qui nous conduisent à dire non à un certain nombre de partenariats qui nous semblent problématiques pour la souveraineté". La menace peut surgir partout, y compris dans les organismes de recherche ciblés par des concurrents étrangers. Ce qui fait dire à Joffrey Célestin-Urbain qu'il faut mettre "de la souveraineté aussi dans la politique de financement de la recherche. Nous ne pouvons pas non plus ignorer toutes les pressions étrangères auxquelles le monde de la recherche en France, que ce soit des startups ou des laboratoires sensibles, est confronté. Là aussi, il faut que nous ayons une politique de protection qui s'intègre complètement dans la politique de la recherche".

Michel Cabirol
Commentaires 14
à écrit le 25/05/2021 à 19:37
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Nous avons de très bon politiciens à vendre .Valls a essayé de se faire acheter en Espagne, sans succès . Les espagnols ne savent pas ce qu'ils ont raté !

à écrit le 25/05/2021 à 18:16
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Rien de bien surprenant, notre argent au lieu de créer de la richesse s'en va servir à construire des cîtés et loger des gens la ou le boulot non qualifié n'éxiste plus, manquant d'argent la bourse ne donne pas de résultats intéressants, la valeur d...

à écrit le 25/05/2021 à 17:26
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Les Français s'en moquent. Ils ont 463 milliards à la caisse d'épargne rapportant des prunes. Pendant ce temps dans les forums ils donnent des conseils d'expertise financière à l'état et au monde entier. Ils voudraient la souveraineté industrielle ma...

le 26/05/2021 à 10:22
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Oui, c'est le mal français.

à écrit le 25/05/2021 à 15:02
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En 2018 il y avait 11 personnes qui possédaient la moitié des richesses mondiales, en 2019 ils étaient 10. C'est le capitalisme mondialisé sinon ils ne seraient jamais allés jusque là les gars, les gros rachètent les moins gros jusqu'à ce que l'on ne...

le 25/05/2021 à 19:35
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les dix premières fortunes mondiales représentent moins de 2000 milliards de dollars, le patrimoine des français est d'environ 10000 milliards d'euros, vérifiez vos données avant d'asséner des pseudo-vérités de manière péremptoire..

à écrit le 25/05/2021 à 14:34
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l'affaiblissement des entreprises françaises est surtout du à ce que l'état met ses sales pattes partout

à écrit le 25/05/2021 à 13:46
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Par ce que la France n'achète pas d'entreprises stratégiques à l'étranger hein... Les 3 quarts des logiciels de chez dassault systèmes proviennent des US... Thales a acheté ou loue sous license 98% des technos de sont futur cloud de defense en pl...

à écrit le 25/05/2021 à 12:23
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Pourquoi les milliardaires français ne sont pas des prédateurs? après que macron leur a versé tout l'argent de la crise du covidd, avec une augmentation de 55% de leurs revenus, ben oui a un moment donné, laisser croire que les banques et les groupem...

à écrit le 25/05/2021 à 11:34
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Certainement Bercy s'appuie-t-il sur KPMG ou Mc Kinsey pour essayer de résister à la prédation des fonds américains ... :-)

le 25/05/2021 à 12:26
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C'est pour mieux aider les milliardaires français a racheter, du coup la mystification a dans l'idée de préparer un transfert financier pour eux, alors entre la sécu et les retraites, le coeur de macron chavire. Mais jamais pour des amis du monde, ta...

à écrit le 25/05/2021 à 9:15
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Pas d'industrie sans un état fort et malheur au pays dont le Prince est un enfant. Nous pourrions rajouter que pour des grandes choses il faut de grands adjoints qui servent une belle politique, cher lecteur pouvez-vous citer de mémoire cinq ministre...

à écrit le 25/05/2021 à 8:28
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Les Audrey pulvar et autres microphones politiques français ont ils conscience des vrais enjeux du pays que des pseudos polémiques visant à alimenter leur «  côté » de popularité auprès de certains électeurs... en ignorant superbement L essentiel ...

à écrit le 25/05/2021 à 7:14
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L épargne est fléchée vers les dettes d état via l assurance vie ou vers l immobilier via les "carrières fiscales " l ensemble des entreprises du CAC 40 est détenue par les fonds et fond pension étranger c est déjà blackrock qui peut faire la pluie ...

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