[Article publié le vendredi 15 décembre 2023 à 10H36 et mis à jour à 13H18]Coup de pouce pour les plus modestes. Le Smic sera revalorisé de 1,13% au 1er janvier 2024, portant le salaire minimum brut horaire à 11,65 euros, contre 11,52 euros actuellement, selon un calcul de l'AFP. Soit une hausse de 19,72 euros bruts par mois pour un temps plein, portant le salaire total à 1.766,92 euros. Cela équivaut en net à un passage de 1.383,08 euros à 1.398,69 euros par mois, autrement dit une augmentation de 15,61 euros, toujours selon les calculs de l'AFP. Le ministère du Travail doit encore officialiser cette hausse dans la journée.
Cette augmentation est nettement plus faible que ce qu'avait prédit fin novembre un groupe d'experts sur le Smic consulté annuellement avant chaque hausse. Il tablait, en effet, sur une hausse de 1,7% du salaire minimum début 2024.
Indexation sur l'inflation
Cette revalorisation s'explique par le fait que le salaire minimum est indexé sur l'évolution des prix à la consommation. C'est d'ailleurs le seul salaire à l'être. Il bénéficie chaque année d'une hausse mécanique au 1er janvier qui tient compte de la hausse des prix pondérée pour les 20% de ménages aux plus faibles revenus.
Des revalorisations interviennent également en cours d'année dès que l'inflation dépasse les 2%. Le 1er mai 2023 notamment, le Smic avait augmenté « d'un peu plus de 2% », selon l'annonce de la Première ministre, Elisabeth Borne, mi-avril. Plus concrètement, le cabinet du ministre du Travail, Olivier Dussopt, avait précisé que la hausse exacte s'élevait à 2,19%. Le Smic net mensuel avait ainsi augmenté de 30 euros par mois, à 1.383 euros sur la base de 35 heures. Et ce alors que la hausse des prix atteignait 5,7% en mars sur un an.
Pas « de coup de pouce » supplémentaire prévu
La hausse du 1er janvier constituera la huitième hausse depuis janvier 2021. En début de semaine, le ministre du Travail Olivier Dussopt avait relevé que depuis cette date, il y a eu trois revalorisations annuelles et quatre liées à l'inflation. « En intégrant la revalorisation du 1er janvier 2021, nous sommes sur une augmentation de 13,5% du Smic », avait-il indiqué lors d'un point presse, avant cette nouvelle hausse de janvier.
Le gouvernement pourrait, néanmoins, choisir d'aller au-delà de l'augmentation automatique par « un coup de pouce », mais cela semble exclu pour le 1er janvier 2024. Il n'y en a d'ailleurs pas eu depuis 2012 et le panel d'économistes consulté s'était prononcé contre cette éventualité dans leur rapport rendu fin novembre, arguant de risques d'effets négatifs « sur l'emploi des personnes fragiles ».
Inflation en baisse
D'autant que l'inflation a largement ralenti et s'inscrivait en novembre à 3,5% sur un an - un chiffre revu à la hausse, ce vendredi par l'Insee, par rapport à sa première estimation de +3,4% - après 4,0% en octobre, selon l'Insee.
« Cette baisse de l'inflation résulte du ralentissement sur un an des prix de l'énergie (+3,1% après +5,2% en octobre), des services (+2,8% après +3,2%), des produits manufacturés (+1,9% après +2,2%) », a expliqué l'Institut national de la statistique et des études économiques. Quant aux prix alimentaires, ils ralentissent « dans une moindre mesure », selon l'institut.
De plus en plus de salariés au Smic
Pour autant, la hausse des prix continue de peser sur le portefeuille des ménages, plus particulièrement les moins aisés. Sans compter que le nombre de salariés payés au Smic a fortement augmenté : au 1er janvier 2023, 3,1 millions de salariés du secteur privé non agricole ont bénéficié de la revalorisation, soit 17,3% des salariés. Ils étaient 14,5% un an plus tôt, selon une étude de la Dares publiée cette semaine.
La proportion de bénéficiaires est plus élevée parmi les salariés à temps partiel (38,3%, contre 12,4% pour ceux à temps complet) et au sein des très petites entreprises (26,8% dans celles de 1 à 9 salariés, contre 15% dans les autres). Les femmes sont aussi surreprésentées parmi les bénéficiaires (57,3%).
L'augmentation du nombre de personnes au Smic peut s'expliquer par le fait que ce salaire minimum augmentant plus rapidement que les autres, certains minima de branche sont rattrapés. Et lorsque c'est le cas pour plusieurs niveaux d'ancienneté, cela génère un « tassement » des salaires avec une concentration accrue de salariés autour du Smic.
D'autant que, certains minima sont plus durablement sous le salaire minimum, même si cela est plus rare. Un minima inférieur ne signifie pas pour autant que des salariés sont payés sous le Smic, car l'employeur doit combler l'écart. Actuellement, selon un dernier pointage du gouvernement lundi, 34 branches ont des minima sous le Smic, sur un total de quelque 170 branches. Et ce sans compter la revalorisation de janvier.
À ce sujet, Olivier Dussopt, a fait savoir que « la moitié sera reçue au ministère dans les prochaines semaines », citant par exemple la branche des industries chimiques ou celle des grands magasins. Comme annoncé lors de la conférence sociale de la mi-octobre sur les bas salaires, il a rappelé qu'en juin 2024, « un point global sur les situations de non-conformité » serait effectué : « si elles devaient être importantes, nous proposerons un projet de loi pour modifier le calcul des exonérations dont bénéficient les entreprises concernées ».
(Avec AFP)