L'acte II de la relance, un pari à haut risque pour Macron

Emmanuel Macron a annoncé la deuxième étape de la relance économique dans un entretien accordé à la presse régionale. Elle doit passer par "une simplification drastique et une accélération des investissements". En attendant la réouverture de l'ensemble des secteurs d'ici la fin juin, la prévision de croissance du PIB de 5% attendue en 2021 semble de moins en moins crédible aux yeux de plusieurs économistes.
Grégoire Normand
Je veux, en lien avec les maires et forces vives de la Nation, inventer un deuxième temps de la relance a déclaré Emmanuel Macron dans la presse régionale.
"Je veux, en lien avec les maires et forces vives de la Nation, inventer un deuxième temps de la relance" a déclaré Emmanuel Macron dans la presse régionale. (Crédits : Reuters)

Emmanuel Macron veut insuffler un vent d'optimisme. Après des mois de restrictions, le chef de l'État a précisé le calendrier de la levée des mesures d'endiguement entre le 3 mai et le 30 juin. La plupart des organisations patronales ont globalement salué ces annonces dévoilées dans la presse quotidienne régionale (PQR). Surtout, les restaurateurs et commerçants ont poussé un "ouf" de soulagement après une longue période de fermeture.

Le président de la République a néanmoins prévu des mesures en cas de nouvelles flambées d'un variant. Si le calendrier en quatre étapes concerne l'ensemble du territoire, le gouvernement veut mettre en place une surveillance territorialisée au plus près des possibles foyers de contamination. Emmanuel Macron ne veut pas s'interdire de confiner certains territoires en cas de flambée. L'expérience de plus d'un an d'épidémie a amené l'exécutif à revoir sa stratégie de déconfinement en privilégiant la prudence.

Pour le chef de l'État, la réouverture de l'économie à partir de la mi-mai, si elle suscite de vifs espoirs, devrait être un moment stratégique pour la dernière année du quinquennat. Dans un an, les Français seront appelés aux urnes après une pandémie aux allures de catastrophe. La situation sanitaire est loin d'être apaisée avec près de 30.000 cas de contaminations quotidiens et près de 6.000 personnes en réanimation. Après un grand retard à l'allumage, la campagne de vaccination semble s'accélérer en France, mais le virus continue de circuler à grande vitesse. Entretemps, l'issue des élections régionales et départementales en juin pourrait être un "stress-test" pour Macron qui, lors de son entretien accordé à la presse régionale, a fait l'impasse sur ce dernier scrutin avant la présidentielle.

Une croissance du PIB de 5% révisée à la baisse

Le redémarrage de l'économie tricolore au premier trimestre a été poussif. D'après les chiffres dévoilés par l'Insee ce vendredi 30 avril, le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 0,4% entre janvier et mars. La montée en grade des mesures de confinement sur l'ensemble du territoire et sur certains secteurs a plombé la reprise en ce début d'année.

Si la demande intérieure contribue positivement à la croissance (+0,9 point), le commerce extérieur continue de faire reculer le PIB (-0,4 point). En outre, ce chiffre de 0,4% n'a rien d'exceptionnel après une année économique sinistrée. La trajectoire de la croissance est loin d'avoir retrouvé son niveau d'avant-crise et les pertes accumulées en 2020 ne seront sans doute pas rattrapées.

PIB Insee

Le maintien d'une prévision de croissance de 5% pour l'année 2021 paraît de moins en moins crédible aux yeux de plusieurs économistes. Le gouvernement table toujours sur un rebond de 5% alors que l'économie française a tourné en sous-régime au premier trimestre. Il faut rappeler que ce chiffre de 5%, même si c'est le plus élevé depuis des décennies, comme le rappelait le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, n'a rien d'exceptionnel. En effet, après une chute vertigineuse de 8,3% en 2020, ce rebond en grande partie technique est le reflet "d'un effet de base". Ce phénomène était particulièrement criant au troisième trimestre 2020 au moment de la réouverture de l'économie. Les statisticiens de l'Insee avaient enregistré un bond significatif du PIB supérieur à 18% après un creux d'environ -14% au second trimestre et -6% au premier trimestre.

Dans ce contexte, "nous avons révisé notre prévision de croissance pour 2021 pour passer de 5,4% à 4,1% dans notre scénario central" explique à La Tribune Véronique Janod, économiste chez Natixis en charge du suivi de la France.

"La consommation a été mauvaise en février. Elle ne devrait pas avoir le vent en poupe au premier trimestre. L'épargne devrait augmenter fortement. Même s'il y a une capacité d'apprentissage des entreprises, l'épargne des Français augmente au détriment de la consommation" ajoute-t-elle.

Quand au plan de relance, le gouvernement a fait entendre qu'il n'entendait pas recalibrer l'enveloppe de 100 milliards d'euros annoncée en septembre avant une longue période de croissance atone.

Une vague de faillites prévue ?

Les confinements à répétition et la stratégie de stop-and-go de l'exécutif très critiquée ont mis à rude épreuve un grand nombre d'entreprises. Jusqu'à présent, les mesures d'urgence ont joué leur rôle d'amortisseur de la crise. Les tribunaux de commerce et les mandataires judiciaires ont constaté une baisse de leur activité en 2020 en raison notamment des nombreux dispositifs mis en place par le gouvernement.

Au total, plus de 200 milliards d'euros d'aides ont été mobilisés. Selon un récent bilan du comité de suivi et d'évaluation des mesures de soutien présenté par l'économiste Benoît Coeuré, environ 130 milliards d'euros de prêts garantis par l'État ont été octroyés depuis le début de la crise. Si des aménagements sur l'échéancier de remboursement ont été actés avec les banques, beaucoup d'entreprises vont rapidement se retrouver avec des problèmes de trésorerie au moment de la reprise.

"L'impact de la crise sur la profitabilité des entreprises et les comptes extérieurs sont préoccupants. Quand on corrige de l'effet du CICE, le taux de marge des entreprises en France se replie plus qu'ailleurs. La dette des entreprises augmentent plus qu'ailleurs. La dette brute augmente de 217 milliards, et la dette nette augmente peu, d'environ 17 milliards d'euros", expliquait récemment Benoît Coeuré lors d'un point presse.

"Il y aura un rattrapage des défaillances en sortie de crise, mais il n'y aura pas forcément de tsunami" a-t-il précisé.

"Dans le contexte du Covid, la baisse des défaillances a été spectaculaire en 2020 en raison de la suspension de l'activité des tribunaux comme de l'efficacité des mesures d'aides d'urgence. Les entreprises ont dans l'ensemble eu recours aux aides suivant leur besoin mais sans les excéder. Il est difficile à ce stade d'avoir une vision claire précise de l'évolution des défaillances en terme de timing et d'amplitude, mais il est certain qu'elles vont progressivement remonter", ajoute l'économiste de Natixis, Véronique Janod.

Le retrait des aides devrait être une période délicate à gérer. Emmanuel Macron a expliqué dans son entretien que, "dans les semaines à venir, il faut être vigilant pour accompagner le redémarrage sans créer de fragilités économiques". Les établissements qui rouvriront en mai bénéficieront des "mêmes aides économiques qu'en avril". Il a précisé que, "à partir du 1er juin, l'accompagnement se fera au prorata de la reprise d'activité" et a promis "du cousu main".

Le spectre du chômage plane sur le chef de l'État

La mise sous cloche de l'économie française a entraîné des milliers de ruptures de CDD de contrats de saisonniers et de missions d'intérim. La mise en place rapide du chômage partiel au mois de mars 2020 a permis de préserver des millions d'emplois au moment du confinement. La baisse de la prise en charge du chômage partiel annoncée par le gouvernement pourrait avoir des conséquences désastreuses pour beaucoup de travailleurs. Les entreprises qui vont chercher à réduire leurs coûts vont devoir se séparer de leurs salariés après une année éprouvante. Cette période de restructurations et de coupes dans les effectifs pourrait s'amplifier dans les mois à venir. La plupart des instituts économiques et organismes de prévision tablent sur une hausse du chômage d'ici à la fin de l'année 2021.

Le pari de la vaccination

Les images des pays où la vaccination a grandement avancé a suscité de l'optimisme et parfois de la jalousie dans les pays confinés. Depuis plusieurs semaines maintenant, le Royaume-Uni de Boris Johnson a pu lever certains mesures de restriction après un début de campagne de vaccination menée au pas de charge. La dépendance de la France aux pays exportateurs et les déboires de l'Union européenne avec les industries pharmaceutiques ont provoqué de vives tensions en début d'année. Le pari d'Emmanuel Macron de réouvrir l'économie alors qu'une grande partie de la population française n'est pas immunisée est risqué. Les moteurs de l'économie restent très dépendants de l'épidémie, comme le rappellent régulièrement de nombreux économistes.

"Même si la France est dans l'optique d'une réouverture, le niveau du nombre de personnes en réanimation et le niveau de contamination demeurent élevés. D'après le modèle de l'institut Pasteur, la France pourrait s'orienter vers une quatrième vague sauf si la campagne de vaccination s'accélère [...] Ce qu'on peut faire de mieux pour l'économie est d'accélérer la vaccination à condition que les vaccins soient efficaces sur les mutants", ajoute Véronique Janod.

"Dans notre scénario principal, la reprise économique ne serait pas avant septembre" ajoute-t-elle.

Grégoire Normand
Commentaires 26
à écrit le 02/05/2021 à 20:14
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L'effet du Guru !

à écrit le 02/05/2021 à 8:55
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il faut comptabiliser le nombre d'entreprise qui ont quitté le france pour produire ailleurs ainsi que le nombre d'emploi perdu depuis son election en 2017 et les sommes verse a ces entreprise les dix dernieres annees étendre la publication sur le...

à écrit le 01/05/2021 à 18:23
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Je n'ai pas saisi ce qu'était l'Acte I: les dix milliards cramés dans Air France? Le 5 milliards dans Renault? Alors, je n'attends absolument rien de l'Acte II (et si c'est pour finir en faillite, autant que cela se passe le plus tôt possible, cela c...

le 02/05/2021 à 20:18
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Je propose claire O petit, a mon avis nous sommes sauvés !!!

à écrit le 01/05/2021 à 17:25
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Toujours cette même erreur de faire évoluer l'économie autour du "marché de l'offre" avec l'appui publicitaire faisant le jeu des multinationales a lieu de revenir a un monde réel et de booster notre économie nationale par "la demande"!

le 01/05/2021 à 21:17
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Attendez !! Que faites vous du chômage partiel, des primes versées depuis 1 an, de ttes les aides aux E. avec report de charge, PGE pour les maintenir à flot et sauvegarder l'emploi, avec un bas de laine qui a gonflé de plus de 200 mds et qui va fair...

le 02/05/2021 à 9:41
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Vous parler d'une bouée de sauvetage bien ponctuelle et non d'une politique réfléchie! Et croire a une explosion de la consommation... c'est mettre des lunettes roses car l'avenir est bien sombre!

le 02/05/2021 à 13:18
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surtout il faut rendre la compétitivité de la france en réduisant les charges des entreprises et non l'application de pansement comme cela a cour depuis un demi siecle le mandat macron a permi la continuité de la destruction d'entreprise et d'emplo...

à écrit le 01/05/2021 à 11:10
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la fin du confinement se doit d'etre une mise au point que toute augmentation de crise covid ou autre maladie soit sanctionné par le depart du ministre de la sante qui n'aura pas sue adapté les signaux avant coureur a la situation ce qui est sa f...

à écrit le 01/05/2021 à 10:46
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Le patriotisme est il encore la différence pour nos gouvernants,?

à écrit le 01/05/2021 à 1:06
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Comment ce fait-il que le parlement n'ai pas déjà demandé sa destitution ? Sa gouvernance est un ratage absolu et on conterai sur lui pour redresser la France ? Comme les privatisations sont le remède miracle, on devrai penser aussi à privatiser notr...

le 01/05/2021 à 11:05
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Regardez moins de séries netflix et investiguez plutôt sur l histoire politique du pays et de ses institutions : Un président de la république ne peut être destitué par aucune chambre Parlementaire ( équilibre des. Pouvoirs) Seul le vote démocr...

le 01/05/2021 à 12:13
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@Pafo. Depuis l'avenement de votre petit caporal, ce que vous nommez Parlement n'est plus rien hormis une coquille vide et de parlementaires gras et a vos frais. Une democrature , jusqu'a quand ?

le 01/05/2021 à 20:47
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Le parlement peut intervenir, il lui suffit de déposer une motion de censure et de la signer. A défaut de se débarrasser du président, il fera tomber le gouvernement. C'est un premier pas. Le président peut riposter par une dissolution de l'assem...

à écrit le 30/04/2021 à 20:38
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Faut déjà que le pognon arrive de Bruxelles puisque c' est lui qui verse ; or, rien ne viendra avant septembre et Macron, s' il n' était pas logé par l' UE aurait mieux fait d' emprunter lui-même plutôt que d' accepter ...

à écrit le 30/04/2021 à 19:47
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hey commence a y avoir des variants indiens alors avec des francais qu ine veulent plus se faire vacciner, c'est pas la peine de parler de futur chez les punks, c'est no future ca va arriver, comme dans les jeux videos

le 30/04/2021 à 20:41
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Les variants indiens sont causés par la vax comme partout, les images circulent aujourd' hui de villageois indiens chassant les centres de vaccinations itinérants à coups de pierres. On ne leur fait pas à eux. La vidéo vous f...

le 01/05/2021 à 21:24
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Encore une Fake sur l'origine des variants...Les variant anglais et sud africains st apparus bien avt le début des vaccinations. Les variants apparaissent au hasard des multiples duplications du génome du virus.

à écrit le 30/04/2021 à 18:18
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des milliers de députés et senateurs , et plouf rien

à écrit le 30/04/2021 à 17:24
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Bien sur Mr le président, encore de la pommade et votre parade du plus beau, du meilleur, on a à que faire. Grâce et à cause du CV ovid vous masque une gestion catastrophique de la France. Si vous aviez déjà laissé, les commerces que vous appelez non...

à écrit le 30/04/2021 à 13:59
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Parce qu'il n'est pas là pour améliorer l'économie française il est là pour que les riches allemands et français gagnent toujours plus toujours plus vite et visiblement il y arrive parfaitement. Alors certes c'est pas bien ocmpliqué vu que tout leur ...

à écrit le 30/04/2021 à 13:36
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Après les erreurs d appréciations les décisions prises contre l avis du conseil scientifique.Les français auront à la fois les morts du covid et la facture astronomique du covid.Les dépenses publiques pour soutenir l économie dureront jusqu'à la prés...

le 30/04/2021 à 14:44
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Malheureusement, Macron sera réélu. Il sert trop efficacement et trop servilement les intérêts contraires à ceux des français réfractaires et de la nation. Il a été placé là pour en finir avec la France et son système de protection sociale, comme ...

le 01/05/2021 à 19:15
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@Panoramix : Depuis que Macron est là, les dépenses publiques n'ont pas baissé d'un iota. Elles ont même augmenté. Nous vivons avec le système social le plus généreux du monde mais il est payé par la dette (100 Milliards par an). C'est une hypothèque...

le 01/05/2021 à 21:54
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Heureusement, Marine ou Mélenchon st là pour relever le niveau en faisant croire aux gogos béats qu'ils vt maintenir , voire améliorer ,quoi qu'il en coûte, le plus généreux régime social au monde (Mel veut rétablir la retraite à 60 ans !!...). En r...

à écrit le 30/04/2021 à 13:06
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"""""L'acte II de la relance, un pari à haut risque pour Macron"""" Les Armées Air - Terre - Marine viennent de se prononcer et de prendre position. La Messe est dite!

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