Tableau de l'économie française de 2017 à 2022

CHRONIQUE. L'économie française a terminé l'année 2022 sur des notes négatives. Depuis plusieurs décennies, la France essaye de lutter contre les déficits publics et sociaux sans résultats tangibles. Voilà les principaux indicateurs en un coup d'œil. La France doit-elle changer de mode de financement ? Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière.
(Crédits : Reuters)

Les déficits publics et sociaux en France sont chroniques depuis les années du premier choc pétrolier (1973-1079). Cependant depuis les années 2017, sous l'effet de différentes crises (crise des "gilets Jaunes", crise sanitaire et économique, guerre en Ukraine, crise énergétique, réformes structurelles, etc.), les principaux indicateurs de conjoncture économique sont tous au rouge.

« Près de trois ans après le début de la crise, la France fait partie des pays de la zone euro dont la situation des finances publiques est la plus dégradée » Cours des comptes, le rapport public annuel 2023. La France a connu une politique de relance budgétaire consistant à augmenter le déficit public par une hausse des dépenses ce qui accroît la demande intérieure et donc les importations. De même une hausse des prélèvements obligatoires entraîne une dégradation de la compétitivité et une augmentation des prix donc augmentation de l'inflation et une baisse des exportations.

Des comptes publics de plus en plus déficitaires

Le solde budgétaire de la France, en % du PIB, est la différence entre les recettes et les dépenses prévues dans le budget de l'État. Il y a déficit lorsque les dépenses excèdent les recettes. Le déficit public était de -2,6% en 2017. Fin 2022 il était à -4,7% du PIB après un creusement du déficit public en 2020 à -9% du PIB en raison de la crise sanitaire.

La dette publique est l'ensemble des engagements financiers pris sous formes d'emprunts. À quelques exceptions, la dette publique a inexorablement progressé en France depuis le milieu des années 1970. Elle passe de 97,0% du PIB en 2017, à 111,6% pour 2022 (2 950,0 milliards d'euros). « La situation des finances publiques de la France restera ainsi en 2023 parmi les plus dégradées de la zone euro », écrit la Cour des comptes et exhorte la France à mettre fin au "quoi qu'il en coûte".

Les comptes de la sécurité sociale retracent la situation financière des différentes caisses et organismes de la Sécurité sociale : assurance maladie, retraites, allocations familiales et accidents du travail. Le "trou" de la sécurité sociale s'améliore à partir de 2010 (-28 milliards d'euros) pour atteindre -5,1 milliards d'euros en 2017. En 2020, avec la pandémie, la perte arrive à un niveau jamais enregistrée -38,7 milliards d'euros. Le déficit cumulé des années 2021 et 2022 représente 42 milliards supplémentaires.

La croissance, les prélèvements obligatoires et les échanges extérieurs en détérioration

La croissance dépend fortement de celle du PIB. En 2017 le PIB de la France était de 2 291,7 milliards d'euros. Fin 2022, selon une première estimation de l'INSEE, le produit intérieur brut a progressé en moyenne de 2,6% soit 2 643 milliards d'euros. La croissance économique a donc été moins forte qu'attendue. La France chute et arrive à la 28iéme place des pays au plus gros PIB par habitant.

Poids des prélèvements obligatoires . Les prélèvements obligatoires (PO) sont l'ensemble des impôts et cotisations sociales prélevés par les administrations publiques et les institutions européennes. En 2017 les PO étaient à 45,2% du PIB, en 2018 ils passent à 45%, puis en 2021 à 44,3%. En 2022 les PO ont augmenté à 45,3% d'après l'Insee et Fipeco, soit +1 point par rapport à 2021, le plus élevé jamais atteint.

Le solde commercial de la France se calcule par la différence des exportations et des importations au cours d'une année. En 2017 les exportations de la France étaient de 707,7 milliards d'euros avec des importations de 733,0 milliards d'où un solde négatif de 25,3 milliards d'euros. En 2022, il ressort un déficit de 53,5 milliards d'euros, un record, après avoir été excédentaire en 2021 à + 9 milliards d'euros.

Il faut changer de mode de financement et mettre la finance citoyenne au service de l'économie.

Le rôle de l'épargne des ménages dans le financement des investissements productifs à long terme est aujourd'hui primordial. L'épargne des ménages permet de préparer l'avenir en contribuant au financement de l'investissement durable des entreprises et des administrations publiques dans une période de fortes turbulences sur les marchés financiers.

En 2022, pour la première fois de l'histoire récente, les actifs risqués tels que les actions, les contrats ou les options ainsi que les obligations d'États baissent fortement. Les investissements privés ainsi que les investissements publics ont pâti considérablement de la hausse des coûts de financement ainsi que de la forte incertitude de la guerre en Ukraine et du niveau très élevé des prix de l'énergie. Les États deviennent de plus en plus endettés. Pour réduire leurs endettements, les gouvernements se lancent dans des réformes structurelles : réforme de l'assurance chômage, des retraites, etc. La BCE contrôle de plus en plus les marchés avec les rachats d'énormes volumes d'obligations. Les marchés boursiers sont gagnés par un vent de panique venu du secteur bancaire.

Habitués à des taux bas, les gouvernements et le système financier prennent conscience des coûts d'emprunt, des coûts du taux hypothécaire et du taux d'usure. Malgré les marges de sécurité importantes, les banques paniquent et compriment les prêts immobiliers et les prêts d'entreprises. Les fonds de pension avec des investissements illiquides subissent des dégâts. Pour la première fois depuis 2004, la Banque centrale européenne a affiché un profit nul et évite une perte potentielle. Dans un système super sensible aux pertes, ne faut-il pas changer pour un nouveau système qui reposera moins sur les banques et la Bourse et plus sur les investissements citoyens pour se financer ?

Un financement par des fonds citoyens (livrets d'épargnes réglementés, etc.) ne crée pas de liquidités nouvelles donc pas d'inflation par excès de création monétaire. Il permet de réduire la dette et le déficit public par une croissance forte due au multiplicateur budgétaire. Il permet de réduire les dépenses de l'État par l'augmentation des recettes fiscales et diminuer les prélèvements obligatoires. Il participe à la stabilité des prix et au redressement de la balance commerciale.

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Commentaires 4
à écrit le 05/04/2023 à 2:39
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Oui, vivre a credit finit par couter cher, tres cher.

à écrit le 05/04/2023 à 1:52
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Venant d'un "spécialiste en économie financière" (heureusement à la retraite), la phrase "La croissance dépend fortement de celle du PIB." paraît douteuse et de peu de sens. Depuis quelques années déjà (au moins depuis 1945) on mesure la croissance ...

à écrit le 05/04/2023 à 1:46
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Venant d'un "spécialiste en économie financière" (heureusement à la retraite), la phrase "La croissance dépend fortement de celle du PIB." paraît douteuse et de peu de sens. Depuis quelques années déjà (au moins depuis 1945) on mesure la croissance ...

à écrit le 04/04/2023 à 11:27
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Merci pour ce tableau ô combien exhaustif de la situation économique Française. Beaucoup de négatif peu de positif surtout l'endettement et paradoxalement la remontée des P.O à 45,3% en 2022. Donc une fois de plus tous les français en coeur: OU PASS...

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