La Boucherie reprend partiellement Courtepaille, plus d'un millier de salariés sur le carreau

En grande difficulté depuis la crise sanitaire, Courtepaille, la mythique enseigne « steak house », va subsister grâce à sa reprise partielle par le groupe La Boucherie. Mais plus d'un millier de salariés ne seront pas repris sur les 2.039 que compte l'enseigne.
« On va tout faire pour retrouver une très bonne andouillette » assure La Brocherie, nouveau propriétaire de l'enseigne Courtepaille.
« On va tout faire pour retrouver une très bonne andouillette » assure La Brocherie, nouveau propriétaire de l'enseigne Courtepaille. (Crédits : DR)

C'est dans un Courtepaille que « les Visiteurs », incarnés par les acteurs Jean Réno et Christian Clavier, arrivés tout au droit du Moyen Âge, vont déjeuner pour toute la première fois lors de leur incursion au 20e siècle - ils volent deux steaks. Nous sommes en 1993, une période faste pour l'enseigne née en 1961, actuellement en redressement judiciaire aujourd'hui et qui doit sa survie à une reprise partielle par La Boucherie.

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Le tribunal de commerce de Nanterre lui a octroyé la marque Courtepaille ainsi que 77 restaurants franchisés et 10 établissements détenus en propre. Sur les 2.039 salariés actuels de l'enseigne, en grande majorité employés des 144 restaurants en gestion directe par Napaqaro, son propriétaire (lui-même détenu par le fonds TDR), plus d'un millier ne seront pas repris à ce stade, a précisé à l'AFP une source interne à l'entreprise. En revanche « près d'un millier d'emplois » devraient être sauvegardés grâce à cette reprise partielle. Dans le détail, cinq des 87 restaurants repris le seront par un salarié et par des franchisés actuels -à Gonesse, Saint-Brice-sous-Forêt, Rennes-Pacé, Brie-Comte-Robert et Ormesson-, qui deviendront franchisés de La Boucherie.

« Comme dans tout le secteur de la restauration, nous avons des postes vacants dans le groupe et nous privilégierons les personnes qui viennent de perdre leur emploi pour les prochains recrutements », a assuré au Parisien, Alexandre Baudaire, directeur général délégué de La Boucherie.

Une relance contrariée par la crise sanitaire

Courtepaille s'appuyait sur un réseau de 278 restaurants et réalisait encore avant la crise sanitaire un chiffre d'affaires annuel de 190 millions d'euros. Mais elle ne s'est jamais relevée de la pandémie. Près de trois ans plus tôt, en septembre 2020, l'enseigne, connue pour son décor rustique, feu de bois et casseroles en cuivre, déjà en redressement judiciaire, avait été reprise au fonds britannique ICG par la société Napaqaro qui voulait investir pour moderniser son réseau et renouveler son concept afin de relancer la fréquentation. Mais, mise en difficulté par les longues périodes de fermeture du service en salle pendant la crise sanitaire, puis par le boom des livraisons à domicile et la généralisation du télétravail, l'enseigne familiale n'a jamais retrouvé son niveau de fréquentation d'avant-Covid : il était encore en repli de 25% en 2022, comparé à 2019.

Une chute accélérée par le manque de main d'oeuvre

En outre « beaucoup de salariés ont quitté l'entreprise » pendant la pandémie, laissant Courtepaille en manque de main d'oeuvre : « les prestations n'étaient pas effectuées correctement, ce qui a accéléré notre chute », disait à l'AFP Pascal Zoublir, délégué CGT de l'entreprise. « Nous avons alerté sur la gestion, l'embauche, les salaires qui étaient trop bas, les conditions de travail », a-t-il affirmé. « Et la clientèle n'adhérait pas aux tests que faisait la direction: ils ont enlevé les légumes, le poisson pour faire du poulet rôti... ça a été une catastrophe. » Puis Courtepaille a souffert de la flambée de l'inflation qui a renchéri les coûts d'approvisionnement et des matières premières et a contraint sa clientèle, des familles au budget serré, à faire des arbitrages dans sa consommation.

 « Nous n'allons pas « Boucheriser » Courtepaille

« Nous sommes ravis d'accueillir Courtepaille au sein de notre famille de marques et de travailler à préserver son identité et son héritage tout en lui insufflant une nouvelle dynamique », a déclaré Alexandre Baudaire, directeur général délégué de La Boucherie, cité par un communiqué du groupe.

Fondé en 1987 par la famille Baudaire, La Boucherie compte les enseignes Restaurant La Boucherie, Poivre Rouge, Bistrot du Boucher, Le Kiosque du Boucher, Mister Döner et Constant, qui font un chiffre d'affaires sous enseignes de 160 millions d'euros. Avec la reprise de Courtepaille, il comptera 253 restaurants et près de 3.000 collaborateurs.

« Nous allons faire du 100 % Courtepaille. Nous n'allons pas « Boucheriser » Courtepaille », a assuré Alexandre Baudaire dans son interview accordée au Parisien. « Il faut qu'on arrive à se rapprocher ce qu'était historiquement l'enseigne, des restaurants familiaux où l'on vient manger avec plaisir. La notoriété de la marque est importante mais il va falloir la moderniser tout en conservant le côté traditionnel ». Il précise : « Courtepaille, c'est la cuisine au grill, la cheminée. Donc on va conserver la diversité de viandes proposées. Par exemple, on va tout faire pour retrouver une très bonne andouillette.Tout en proposant des offres tendances dans l'air du temps, davantage flexitarienne. »

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 22/06/2023 à 12:28
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Cette cuisine est ce qui se fait de pire en terme de sante. Gras brule a la flamme, depots carbones. Tout ce qu'il faut pour se preparer avec bonne conscience un bon cancer, de l'oesophage, de l'estomac, des intestins, voire du colon. Au choix, bon a...

à écrit le 22/06/2023 à 9:27
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"plus d'un millier de salariés sur le carreau" Qui vont connaître maintenant les joies de la nouvelle réforme du chômage de la macronie

le 22/06/2023 à 11:57
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Chaque jour qui passe le secteur de la restauration de plaint du manque de personnel donc il y a du boulot pour ceux qui veulent travailler, pour les autres ce sera le chômage moins rémunérateur qu'avant et ce sera une bonne chose. Payer des fainéan...

le 22/06/2023 à 13:50
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@jason13 : à ceci près que la localisation géographique n'a rien à voir et rendre le chômage moins rémunérateur réduit le rayon d'action d'un chômeur pour chercher un autre emploi...

à écrit le 22/06/2023 à 9:21
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Ces zones artisanales qui au passage ont défiguré les abords des villes étaient visiblement des modèles économiques plus que fragiles pensant d'abord sur de l'endettement. Comment a t'on pu laisser faire ça pendant des décennies sans rire ? Par aille...

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