Comment remotiver ses salariés après le retour au bureau ?

48% des Français ont eu du mal à se motiver au travail récemment, d'après une étude de Workday. Alors que le gouvernement a levé mercredi l'obligation de télétravail à 100%, les entreprises cherchent des pistes pour remettre du bien-être dans les bureaux et aider les salariés à revenir en présentiel. La Tribune les a passées en revue.
Face à l'inquiétude, les entreprises cherchent à remettre du bonheur dans les bureaux et à faire revenir les salariés en présentiel.
Face à l'inquiétude, les entreprises cherchent à remettre du bonheur dans les bureaux et à faire revenir les salariés en présentiel. (Crédits : iStock)

Malgré la perspective du déconfinement, tous les Français sont encore loin d'avoir retrouvé le moral, surtout au travail. Selon une étude de Workday, spécialisé dans les solutions cloud pour les services RH et finance, près de la moitié d'entre eux (48%) avouent en effet avoir eu du mal à s'y investir dernièrement. Trois télétravailleurs sur quatre appréhendent même le retour au bureau et ne veulent pas y revenir « comme avant », révèle la dernière étude d'OpinionWay pour Empreintes Humaines. Face à ces inquiétudes, comment remettre du bien-être en entreprise ? Du management à l'aménagement des espaces, La Tribune a listé plusieurs pistes pour réussir la reprise en présentiel.

Entre lassitude et nouvelles aspirations

Une tâche peu aisée alors la crise sanitaire a profondément bouleversé leur rapport au travail. Si l'on en croit l'étude réalisée par Workday auprès de 2.000 collaborateurs, les Français se sont épuisés physiquement et mentalement pendant la crise. Entre les amplitudes horaires et la hausse des sollicitations, 48% des hommes se disent fatigués après une semaine de travail, un chiffre qui monte à 61% pour les femmes. Dans certains cas même, la détresse psychologique est encore plus inquiétante : le taux de burn-out aurait doublé en un an, et deux millions de personnes seraient en burn-out sévère, d'après une autre étude du cabinet Empreinte Humaine publiée début mai.

Lire aussi 2 mnRetour au bureau : des salariés d'Apple font de la résistance

Malgré cet épuisement, les salariés se sont habitués à travailler seuls, et ailleurs. Ainsi, un salarié sur deux souhaite garder 2 à 3 jours en distanciel par semaine, selon l'Observatoire Cetelem, et trois employeurs sur dix sont confrontés au déménagement de leurs employés, selon une étude de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH). De fait, les Français ont de nouvelles aspirations professionnelles : 29% d'entre eux se disent prêts à changer d'entreprise après la crise pour trouver un emploi plus intéressant ou un employeur en qui ils ont confiance, pointe l'étude de Workday.

Un management plus à l'écoute

Face à ces constats, les entreprises cherchent à remettre du bien-être au travail pour faciliter le retour au bureau. « La moitié des salariés disent qu'un meilleur management les ferait revenir », affirme Christophe Nguyen, psychologue du travail et président du cabinet Empreintes Humaines, à La Tribune. Pourtant, 25% estiment que leur manager s'est mal adapté face à la crise, alerte le sondage de Workday.

La première chose à faire, selon Christophe Nguyen, c'est de reprendre le présentiel étape par étape, pour ne pas entraîner de « frustrations » ou « des départs », d'autant plus que quasiment « tous les télétravailleurs veulent continuer à télétravailler ». Pour écouter les inquiétudes de leurs équipes, ils doivent « avoir la bonne posture d'écoute et de bienveillance », d'autant plus que 40% des salariés « disent qu'il faut faire attention à la charge émotionnelle », ajoute-t-il. De fait, les managers étaient déjà appelés à instaurer ce climat de « confiance » à distance avec le télétravail, comme le recommandait l'Observatoire de la responsabilité sociale des entreprises (Orse) dans un rapport fin février.

Redonner du sens aux espaces de travail

Ensuite, pour inciter les salariés à revenir au bureau, il est nécessaire de « redéfinir clairement les espaces et ce à quoi ils servent », fait valoir Christophe Nguyen. Concrètement, les entreprises doivent leur redonner du sens : « que va-t-on faire dans une bibliothèque, dans un open space, ou dans un espace de créativité ou un workshop ? ». En réfléchissant à ces lieux qui n'ont pas le même usage, il sera plus facile de recréer des « temps de coopération », mais aussi des moments où le salarié a besoin de « calme », justifie-t-il. Car « revenir dans une salle de réunion pour enchaîner les visioconférences toute la journée », cela n'aide pas à faire du travail « une expérience positive », conclut Christophe Nguyen.

En plus, avec la possibilité de télétravailler, l'Orse recommande aux employeurs d'« envisager toutes les possibilités pour travailler dans un autre lieu que celui de l'entreprise » et ainsi donner plus de flexibilité au salarié. Précisément, cela peut prendre la forme d'un « second lieu de résidence » ou d'un « tiers lieu (fablab, espaces de coworking...) ».

Refonder le collectif

Enfin, il est essentiel de « refonder la base du collectif », alerte Christophe Nguyen qui s'inquiète que des « gens ne voient pas l'intérêt de revenir au bureau ou d'avoir des contacts avec leurs collègues ». Alors qu'il peut « être complexe de lancer un projet de groupe en télétravail », les entreprises peuvent commencer par réviser « l'organisation du travail », explique-t-il. Par exemple, l'Orse leur recommande de fonctionner « par objectifs » et de veiller à la répartition des charges de travail entre chacun.

Mais au-delà du mode de fonctionnement, il faut surtout « redéfinir le travail » et « recréer des temps de rituel avec les équipes », pointe Christophe Nguyen. Comment ? « Un team-building peut aider mais c'est de très court-terme et ça ne suffira pas (...). C'est plutôt dans le travail qu'il faut refonder le sens collectif, pas dans un escape game, surtout si toutes les tensions n'ont pas été écoutées avant ».

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.