La ministre de l'Industrie a annoncé plusieurs mesures de soutiens complémentaires aux industriels alors que les tensions sur les approvisionnements de composants et de matières premières semblent s'inscrire dans le temps. Agnès Pannier-Runacher a réuni, mercredi, six fédérations professionnelles avec le président de France Industries pour faire le point sur la situation.
Six filières sont touchées par les tensions liées aux approvisionnements : l'automobile, l'agroalimentaire et le bâtiment pour la partie client, et l'électronique, la métallurgie et la chimie pour la partie fournisseur.
Coton, bois, chimie, plastique... La liste s'allonge
Cette crise est liée un goulet d'étranglement entre une reprise très forte post-confinement, doublé d'un effet de restockage, tandis que les capacités de production ne sont pas dimensionnées pour une telle demande. La ministre a rappelé que cette crise est aggravée par les difficultés du fret maritime.
Parmi les matières et composants qui sont touchés par cette crise, la ministre a cité les semi-conducteurs, des intrants chimiques, le plastique, la pâte à papier, le bois et le coton.
La ministre a voulu effectuer un point d'étape sur le plan d'action mis en place par le gouvernement pour juguler cette crise. Un premier plan avait été mis en place il y a trois mois pour les semi-conducteurs dont la pénurie touche sévèrement l'industrie automobile. Puis un plan d'action sur les autres "intrants critiques" a été lancé il y a un mois.
Agnès Pannier-Runacher a admis que ces tensions pourraient durer jusqu'à la fin de l'année avec un pic probablement au coeur de l'été. La crise des semi-conducteurs, elle, se prolongera jusqu'à la fin de l'année, là où les experts annonçaient il y a peu pourtant que son pic culminerait à la fin du premier semestre.
Vers une hausse de 80% sur l'acier et l'aluminium ?
Cette crise va se traduire pas un allongement des délais de livraison, mais aussi par une inflation des prix des matières premières. Sur les emballages, elle a estimé que cette hausse pourrait s'élever à 6%, mais qu'elle pourrait atteindre 50 à 80% sur l'acier ou l'aluminium.
Plusieurs mesures de court terme sont d'ores et déjà été engagées comme des interventions douanières pour faciliter l'acheminement des matières concernées. Des actions diplomatiques sont également menées afin de repositionner prioritairement les commandes dans les carnets des fournisseurs étrangers. Enfin, il est prévu d'identifier des stocks constitués par certains acteurs, qui pourraient être utiles à d'autres entreprises.
La ministre a rappelé que le gouvernement avait pris des mesures en septembre dernier visant à "relocaliser la production d'intrants critiques qui pourraient manquer et fragiliser la chaîne de production", dans une démarche de long terme.
Des mesures complémentaires
La ministre a annoncé trois nouvelles mesures de soutien. Les acheteurs publics devront prendre en compte les difficultés de leurs fournisseurs pour remplir leur contrat. Elle va demander l'annulation des pénalités de retard par la grande distribution lorsque la situation sera indépendante du fournisseur. La ministre veut enfin promouvoir le recours aux matières recyclées, notamment dans le plastique.
Agnès Pannier-Runacher a également indiqué qu'elle travaillait avec Bruxelles afin de définir une liste "d'intrants critiques" qui exigent une politique de sécurisation d'approvisionnement quitte à mettre en oeuvre une relocalisation de leur production sur le territoire européen.
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