L'appareil exportateur français retrouve un peu de couleurs. D'après les chiffres communiqués par les douanes ce vendredi 8 janvier, le déficit de la balance commerciale se réduit pour passer de 4,6 milliards d'euros en octobre à 3,6 milliards d'euros en novembre en chiffres bruts. En moyenne mobile, le repli du solde se situe à 3,9 milliards d'euros en octobre contre 4,5 milliards d'euros le mois précédent. Cette inflexion de 600 millions d'euros fait suite à de meilleures performances depuis le début de l'été. Selon les douanes, il s'agit du résultat le plus favorable depuis 2016.
Il faut néanmoins rester prudent sur l'interprétation de ces chiffres. En effet, l'administration rappelle bien qu'il y a un effet "rattrapage". Après le premier confinement du printemps, de nombreuses entreprises exportatrices ont pu honorer leurs livraisons alors que beaucoup de frontières étaient fermées et des ports ont été mis à l'arrêt. La levée des restrictions ont permis aux échanges de redémarrer après avoir été paralysés pendant plusieurs semaines.
La recrudescence de l'épidémie et le durcissement des mesures de confinement dans la plupart des pays européens risquent une nouvelle fois de plomber les espoirs d'une reprise solide dans les semaines à venir. À cela s'ajoute le Brexit qui risque de freiner les échanges entre le Royaume-Uni et l'Union européenne même si un accord de dernière minute a été signé la veille de Noël. Selon une récente interview accordée à La Tribune, le ministre délégué en charge du Commerce extérieur Franck Riester estime que "la France va vraisemblablement enregistrer un déficit de l'ordre de 80 milliards d'euros sur la balance commerciale des biens".
Les exportations augmentent plus vite que les importations
Les chiffres de l'administration des douanes montrent que depuis plusieurs mois les exportations accélèrent plus rapidement que les importations. "En novembre 2020, les exportations augmentent de 0,7 milliard d'euros, contre +0,1 milliard d'euros pour les importations, et atteignent 92 % de leur niveau moyen de 2019, contre 91 % pour les importations", indique Bercy. Le déficit énergétique se stabilise depuis le mois d'avril et atteint "un niveau historiquement bas" en novembre à 1,8 milliard d'euros.
La balance des biens de consommation s'améliore également pour le cinquième mois consécutif pour retrouver son niveau antérieur à la crise. Après avoir importé des montagnes de masques au cours du premier semestre pour palier à la pénurie, la France a réduit ses achats à l'étranger. "Les approvisionnements en produits de l'industrie textile (dont masques) fléchissent fortement", ajoute l'administration.
La balance des paiements dans le vert
Du côté de la balance des paiements, le solde qui prend également en compte les services s'améliore grandement. Le déficit des transactions courantes s'établit à 1,4 milliard d'euros contre 3,8 milliards d'euros en octobre, soit une amélioration de 2,4 milliards d'euros.
Dans les services, le solde qui devient excédentaire (+0,6 milliard d'euros) est porté par le conseil, la recherche et développement et les services aux entreprises. En revanche, les services de voyage (tourisme) ne contribuent pas au redressement du déficit selon des chiffres communiqués par la Banque de France.
Des perspectives assombries pour le début d'année 2021
Si l'industrie européenne semble moins touchée que les services par cette crise, de nombreux secteurs risquent de payer au prix fort la mise à l'arrêt du commerce mondial au cours de cette année 2020. En effet, quelques pays comme la France ont souffert terriblement de la chute du tourisme et du transport de voyageurs. L'industrie aéronautique qui représente une grande part des exportations tricolores est dans une situation de léthargie. De grands groupes ont annoncé des fermetures de sites et des milliers de licenciements.
Du côté de l'industrie automobile, les constructeurs et équipementiers sont à la peine. Les dernières annonces fracassantes de Michelin concernant les 2.300 suppressions de postes pour accélérer "son plan de compétitivité" laissent entrevoir les lourdes difficultés à venir. Dans ce contexte, la pandémie pourrait laisser de profondes traces sur les entreprises exportatrices françaises.