
[Article publié le lundi 18 septembre 2023 à 08h25 et mis à jour à 18h03] Quelque 9,2 millions de personnes, selon l'Insee, soit près de 15% de la population française selon l'Insee, sont considérées comme pauvres. C'est dire si le plan, présenté ce lundi par le gouvernement, pour lutter contre la précarité, plusieurs fois reporté, a été scruté par toutes les associations caritatives.
« Pour se loger, pour sa santé, pour accéder à l'éducation ou à l'emploi, parfois même pour se nourrir, la pauvreté est un défi du quotidien, pour toutes celles et ceux qui y sont confrontés », a commenté la Première ministre, Elisabeth Borne, lors d'un discours de présentation de ce plan à des responsables associatifs.
Ce nouveau programme de lutte contre la pauvreté, qui reprend un certain nombre de mesures du précédent plan sur le sujet, entend « répondre à l'urgence de la situation sociale » actuelle et « corriger les inégalités structurelles », a-t-elle expliqué, en présence de nombreux ministres.
Plusieurs mesures déjà connues
Prévention de la pauvreté dès l'enfance, retour à l'emploi, lutte contre l'exclusion et mesures pour que la transition écologique ne pèse pas trop sur les plus démunis... Le plan se décline en quatre grands axes. De nombreuses mesures ont toutefois été annoncées précédemment.
Le nouveau plan doit être doté d'une « augmentation de 50% des crédits dédiés à la lutte contre la pauvreté par rapport à la stratégie précédente », a par ailleurs indiqué la Première ministre. Lancé en 2018, le précédent plan avait été doté de 8 milliards d'euros sur quatre ans. Échaudées par les différents reports d'un plan qui devait initialement être présenté en janvier dernier, les associations se montraient prudentes avant sa présentation, certains acteurs redoutant en effet un catalogue de mesures déjà connues.
Parmi les mesures déjà annoncées et qui figurent dans le pacte, la création d'un pass colo pour les enfants de CM2, l'ouverture des collèges en Rep et Rep+, les quartiers ou les secteurs isolés, de 8 heures à 18 heures - y compris pour les élèves ayant fini leurs cours ou en attente de les commencer - pour « lutter contre l'inégalité scolaire », ou encore la création de 200.000 places de crèches d'ici à 2030. Les « territoires zéro non recours », visant à détecter les usagers qui ne demandent pas de prestations sociales alors qu'ils y ont droit, pourraient également faire partie du pacte, tout comme le second plan quinquennal « Logement d'abord », dont l'objectif est d'accompagner vers le logement des personnes sans domicile.
Des mesures qui vont « dans le bon sens », mais qui restent « largement insuffisantes » au regard de la situation actuelle, estime Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.
« Les enjeux sont énormes, je ne sais pas quelle va être l'ambition réelle du gouvernement mais j'espère qu'elle sera grande parce que l'inquiétude est immense », ajoute-t-il. Chaque jour, quelque 6.000 personnes à la rue appellent le 115 mais n'obtiennent pas de solution, dont 2.000 enfants : « on ne peut pas accepter ça ».
Les associations de lutte contre la précarité réclament notamment une revalorisation des minimas sociaux, une hausse des aides au logement (APL), la fin des fermetures des places en hébergement d'urgence ou encore la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les secteurs en tension.
Les demandes affluent auprès des distributeurs d'aide alimentaire
Dans ce contexte, marqué également par une forte inflation, les demandes affluent auprès des distributeurs d'aide alimentaire, conduisant des associations au bord de la rupture, comme les Restos du Cœur qui ont poussé un cri d'alarme début septembre. Lancé en 2018 et doté de 8 milliards d'euros sur quatre ans, le précédent plan de lutte contre la pauvreté contenait plusieurs mesures dont des « bonus mixité » pour les crèches accueillant davantage d'enfants défavorisés dans les quartiers sensibles, des petits-déjeuners gratuits à l'école en zone prioritaire ou encore la création d'un « revenu universel d'activité », qui n'a jamais vu le jour.
Alors que les pays les plus vulnérables sont frappés de plein fouet par une avalanche de crises, des dizaines de dirigeants se retrouvent ce lundi à l'ONU pour relancer les promesses déçues d'améliorer radicalement le sort de l'humanité. Selon le projet de déclaration qui doit être adopté lundi, les Etats membres vont s'engager à « agir avec urgence » pour rendre réel ce « plan d'action pour les gens, la planète, la prospérité, la paix et le partenariat, et ne laisser personne sur le bord de la route ». Dans cette optique, ils devraient notamment « soutenir » une réforme de l'architecture financière internationale, alors que de nombreux pays en développement sont paralysés par le poids de leur dette.Les Etats membres de l'ONU vont s'engager à « agir avec urgence » pour « ne laisser personne au bord de la route »
(Avec AFP)