Rue de Grenelle, au ministère du Travail, Elisabeth Borne a passé lundi le flambeau à son successeur Olivier Dussopt. Le nouveau ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion hérite de dossiers où la plupart des voyants macro-économiques sont au vert. Sa mission principale : ramener le chômage à 5 %, c'est à dire renouer avec le plein emploi, dont le seuil est fixé à moins de 5 % de la population active d'un territoire donnée, selon le taux fixé par l'Organisation internationale du travail (OIT). Actuellement la France compte 7,3% de chômeurs, selon les derniers chiffres de l'Insee. Son plus bas niveau depuis 2008.
La Première ministre s'est targuée de lui léguer un bilan positif.
« Je suis fière aujourd'hui de quitter ce ministère alors que le plein emploi est à portée de main, le taux de chômage est au plus bas depuis 15 ans, le taux de chômage des jeunes est au plus bas depuis 40 ans et jamais autant de Français n'avaient eu un travail » a déclaré Elisabeth Borne.
Renouer avec le plein emploi
La Première ministre a ainsi rappelé les objectifs et missions de son successeur dont le titre de la fonction rappelle les ambitions du gouvernement : renouer avec le plein emploi. Véritable défi alors que la croissance est quasi nulle, freinée par la guerre en Ukraine, et que l'inflation s'envole.
«Le président de la République a fixé un cap: le plein-emploi, il n'a jamais été aussi proche, aussi accessible alors je compte sur vous. (...) Le plein emploi sera votre boussole » a-t-elle encore lancé à son successeur.
Une notion contestée
Olivier Dussopt parviendra-t-il à atteindre cet objectif de "plein-emploi" ? Cette notion même est contestée par certains économistes dans la mesure où la définition même du plein emploi est basée sur le seul taux de chômage et ne tient pas compte du sous-emploi, c'est-à-dire des personnes travaillant à temps partiel mais qui souhaiteraient travailler davantage. Cette notion ne tient pas non plus compte des inactifs qui ont renoncé à chercher un emploi, mais qui pourraient revenir sur le marché du travail. C'est le cas notamment du Royaume-Uni qui connaît le plein emploi mais au prix d'un niveau de sous-emploi élevé, en raison du développement de formes d'emplois précaires.
Cette notion est aussi variable. Selon la fluidité du marché du travail, le taux de chômage correspondant au plein emploi peut se situer plus ou moins bas. L'économie américaine, par exemple en situation de plein emploi avec un taux de chômage de 3,6% de la population active, un des taux les plus bas depuis 1969, alors qu'en France, le taux de plein emploi se situe autour des 5% de chômage, un niveau qui n'a pas été atteint depuis la fin des années 1970.
INFOGRAPHIE. Où se situe la France par rapport à d'autres puissances économiques qui, elles aussi, affichent des taux de chômage historiquement bas ?
(Avec AFP)