Les chauffeurs VTC se battent pour obtenir « un revenu minimum garanti »

Après la signature d'un accord en France entre chauffeurs VTC et plateformes sur l'instauration d'un tarif minimum par course, les syndicats souhaitent s'attaquer au revenu minimum garanti. Une revendication ancienne des chauffeurs mais difficile à mettre en place.
Le syndicat Union-Indépendants réclame « un revenu garanti qui permettrait aux VTC de vivre dignement ».
Le syndicat Union-Indépendants réclame « un revenu garanti qui permettrait aux VTC de vivre dignement ». (Crédits : GONZALO FUENTES)

Mi-janvier, quatre syndicats sur sept ont signé avec les plateformes un premier accord pour instaurer un revenu minimum mais seulement par course, soit 7,65 euros net (le prix pour le client est plus élevé et inclut les commissions et taxes). Des débuts encore trop timides pour le syndicat Union-Indépendants qui souhaite l'ouverture d'un dialogue plus global sur la question des revenus.

Il réclame « un revenu garanti qui permettrait aux VTC de vivre dignement ». Cela doit passer par « la revalorisation de la tarification horokilométrique », insiste Fabian Tosolini, délégué national du syndicat Union-Indépendants. Cette mesure permet de calculer le prix d'une course en fonction du temps passé et des kilomètres parcourus. Actuellement, les plateformes rémunèrent entre 1,05 euro et 1,20 euro du kilomètre.

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Une première initiative qui ne fait pas l'unanimité chez les chauffeurs

« Pour atteindre un seuil de rentabilité, on devrait être à 1,40 euro du kilomètre sur une gamme éco, pour une berline à 1,95 et pour la gamme van, on devrait être à 2,50 », estime Brahim Ben Ali, secrétaire général du syndicat INV. Lui et son organisation, qui dit rassembler 4.700 chauffeurs, refusent de participer aux discussion syndicales car ils en contestent les modalités.

Les chauffeurs VTC indépendants méritent mieux, s'insurge-t-il car « l'huile de vidange a explosé de 40%, les pneumatiques même chose, tout a augmenté, on fait comment ? ». Il évoque là une initiative de Le Cab qui, depuis le 1er février, garantit un revenu de 35 euros net de l'heure aux chauffeurs VTC utilisant son application.  « C'est ce qui permet à un chauffeur de gagner correctement sa vie » une fois déduites les charges, le prix de l'essence et du véhicule, estime Yves Weisselberger, président de la plateforme.

« Ça aurait été bien qu'on s'en parle entre nous plutôt que d'utiliser cette annonce comme un effet de com' », a déploré Fabian Tosolini, qui explique que 35 euros ne suffisent pas à couvrir les coûts dans certains cas comme les longues attentes à l'aéroport de Roissy.

Un temps de travail difficile à évaluer

La manager générale d'Uber France Laureline Seyries reconnaît qu'il est « probable » que la question des revenus soit « parmi les tous prochains sujets » abordés.

Mais de nombreux défis techniques se posent pour évaluer le temps de travail. « Quand vous êtes en temps d'attente sur Uber, vous pouvez très bien être en train de prendre une course pour une autre plateforme », souligne la manager générale d'Uber France Seyries, rendant la prise en compte du temps d'attente impossible. Uber compte 32.000 chauffeurs sur sa plateforme mais estime que les trois quarts d'entre eux utilisent également d'autres applications.

Fabian Tosolini souhaiterait voir d'autres paramètres pris en compte comme « la facturation de services supplémentaires, par exemple les sièges-bébé, et surtout, une juste rétribution de la valeur des données créées par les courses », qui ne profitent pour l'instant qu'aux plateformes.

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Pour Uber, la demande robuste doit réduire « l'inquiétude des chauffeurs face à la vie chère »

Uber a annoncé la semaine dernière des résultats bien meilleurs que prévu au quatrième trimestre 2022, dégageant notamment un profit en fin d'année. D'octobre à décembre, la société californienne a engrangé un bénéfice net de 595 millions de dollars.

Commentant ces résultats, Dara Khosrowshahi, le patron d'Uber, a insisté sur le fait que la demande toujours robuste permettait de réduire l'inquiétude des chauffeurs face à la vie chère. « Nos chauffeurs nous ont dit que l'inflation est un facteur qu'ils prennent en compte », a assuré le patron lors d'une conférence téléphonique avec des analystes de Wall Street. « Environ 70% d'entre eux viennent sur la plateforme pour gagner plus d'argent afin de pouvoir se permettre de vivre dans un environnement inflationniste », a-t-il ajouté.

Pour Dan Ives, analyste chez Wedbush Securities, « Uber continue d'enregistrer une croissance saine, car l'offre de chauffeurs semble stable, tandis que l'entreprise bénéficie toujours de la reprise des voyages, du retour au bureau et d'autres tendances post-pandémiques qui se maintiennent dans les grandes villes ».

(Avec AFP)

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