Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef passe la main : quel bilan ?

Ce jeudi 6 juillet, Geoffroy Roux de Bézieux arrive à la fin de son mandat à la présidence du Medef. Cinq ans à diriger le premier syndicat patronal après Pierre Gattaz, qui n'auront pas été de tout repos, marqués notamment par la crise des gilets jaunes, le Covid, le quoiqu'il en coûte, la réforme des retraite.... Mais pour lesquels Geoffroy Roux de Bézieux exprime une grande fierté. Le patron des patrons passera la main à l'issue d'une élection qui oppose Patrick Martin son numéro 2 et Dominique Carlac'h, sa numéro 3.
Fanny Guinochet
Geoffroy Roux de Bézieux arrive à la fin de son mandat au Medef.
Geoffroy Roux de Bézieux arrive à la fin de son mandat au Medef. (Crédits : Reuters)

Il y a cinq ans, Geoffroy Roux de Bézieux avait créé la surprise, en se hissant à la présidence du Medef, face à Alexandre Saubot, ancien président de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), que le tout Paris donnait vainqueur. L'ancien rugbyman, passionné de triathlon n'avait pas ménagé ses efforts pour l'emporter, et devenir après Pierre Gattaz, le locataire de l'avenue Bosquet. En 2023, le voilà prêt à passer la main. L'occasion de dresser un bilan.

Fier de son bilan en matière de dialogue social

A ses actifs, Geoffroy Roux de Bézieux cite volontiers ses liens avec les syndicats, notamment réformistes comme la CFDT, même au plus fort des crises qui ont jalonnées son mandat : les gilets jaunes, le Covid, ou encore le conflit sur les retraites.

« Je suis arrivé, les liens entre les centrales et Pierre Gattaz n'étaient pas à leur meilleur niveau. Je suis très heureux d'avoir réussi à retisser des échanges. Et même dans les moments de tensions, les plus extrêmes, nous n'avons jamais cessé de nous parler », assure celui qui aujourd'hui fait du dialogue social un de ses fers de lance, alors qu'il n'en était pas le plus grand défenseur.

Et de mettre en avant les accords signés sous son quinquennat : télétravail, santé au travail, ou encore partage de la valeur.

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Il n'empêche, même si le Medef a renoué avec les syndicats sous la présidence d'Emmanuel Macron, les partenaires sociaux n'auront pas été mis en majesté, loin de là. Et rien ne dit que le paritarisme ne se trouvera pas encore un peu plus réduit dans les années à venir.

Le Medef est-il toujours aussi influent ?

Geoffroy Roux de Bézieux affirme aussi laisser « un Medef apaisé et plus homogène » que lors de son arrivée en 2018. Une institution patronale où les guerres entre les services et l'industrie, par exemple, se sont apaisées. Un Medef qui bénéficie de l'adhésion de 17 nouvelles fédérations professionnelles. Un Medef, selon lui, nettement plus féminin aussi, avec plus d'un tiers de femmes dans les instances, et ce, même si des progrès doivent encore être réalisés.

Certes, mais « c'est aussi un Medef où il ne se passe plus rien, atone, une administration sans grande aspérité, où le débat d'idées a disparu », s'agace un membre du conseil exécutif. En témoigne l'élection qui se tiendra ce jeudi 6 juillet pour succéder à Geoffroy Roux de Bézieux. Elle semble jouée d'avance. Mais surtout, au-delà des candidats en lice, l'organisation patronale ne se distingue pas par un corpus d'idées très novatrices, alors que les entreprises seront confrontées à des défis majeurs, numériques, écologiques, sociaux...

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Enfin, le leader patronal se félicite aussi d'avoir inscrit le Medef dans la transition économique, avec une doctrine clairement partisane de « capitalisme décarbonaté ». En coulisses, il reconnaît toutefois avoir du mal à trouver la bonne façon de travailler avec les ONG, de plus en plus présentes dans ce débat, et les interlocuteurs investis sur le sujet. Y compris ceux qui ne remettent pas en cause l'économie de marché à laquelle le Medef est viscéralement attaché.

La place des entreprises dans la société

Mais alors que les successeurs potentiels de Geoffroy Roux de Bézieux veulent porter plus fortement la voix des entreprises, n'y a-t-il pas là, la reconnaissance, en creux, que le Medef perd peu à peu en influence ?

Si le sortant ne se prononce pas, il estime avoir restauré l'image des entreprises dans l'opinion pendant son mandat. Durant la crise sanitaire, il est vrai qu'elles ont, par exemple, marqué des points, apparaissant comme susceptibles de protéger les citoyens (en apportant les masques, en aidant les salariés, etc).

Qu'en est-il aujourd'hui ? Le regard envers le milieu du business est-il aussi bienveillant ? La question du maintien de l'emploi des seniors, alors qu'il faut travailler plus longtemps, n'est pas résolue. Avec les récentes émeutes, le sujet de la discrimination à l'embauche revient en force. En outre, les milliards de bénéfices engrangés l'an dernier, la polémique autour des superprofits et de la participation des entreprises dans la société refont surface dans le débat public.

Enfin, Geoffroy Roux de Bézieux se satisfait d'avoir ancré dans le débat la politique de l'offre. Les gouvernements d'Emmanuel Macron ont très largement allégé la fiscalité des entreprises et les impôts de production comme la CVAE.

La fin du quoi qu'il en coûte, vraiment ?

Et justement, l'ultra-libéral aura aussi été le président du Medef qui aura vu le versement de milliards d'euros d'aides aux entreprises. Aussi, Geoffroy Roux de Bézieux reconnaît-il en coulisses que certaines ont du mal à ne plus avoir le réflexe de la main tendue à l'Etat. Presque provocateur, il assure :

« Je suis certainement le premier président du Medef à avoir demandé d'augmenter les dépenses publiques ».

Geoffroy Roux de Bézieux alerte, toutefois, sur la nécessité pour les fédérations et adhérents de l'organisation patronale de sortir de « la schizophrénie et d'avoir un discours clair et cohérent sur les dépenses publiques ».

Alors que la dette française explose, ce conseil sera-t-il entendu ? Pas sûr. Le contexte social reste très tendu. L'Etat réactive ses dispositifs d'aide pour les commerçants. Interrogé sur le coût des violences urbaines que la France a connues ces derniers jours, le patron des patrons évalue la note finale à un milliard d'euros.

Des crises et une guerre aux portes de l'Europe

Il y a quelques jours encore, non sans une pointe d'ironie, Geoffroy Roux de Bézieux assurait encore que sa présidence aura été « peinarde ». Il aura, depuis l'avenue Bosquet, géré une succession de crises internes, mais aussi externes.

Ainsi, la guerre en Ukraine a accéléré l'inflation, et accru les difficultés énergétiques des entreprises. C'est d'ailleurs un des principaux regrets que concède l'ancien militaire : que le Medef soit si peu présent en Europe.

« Je ne suis pas allé assez souvent travailler avec les équipes de Bruxelles, pour porter les intérêts des entreprises  », reconnaît-il.

Peut-être un regret que cet entrepreneur patriote tentera de combler dans ses prochaines fonctions. Si Geoffroy Roux de Bézieux n'entend pas faire de la politique, il souhaite, en effet, continuer à s'investir pour son pays. Tout en revenant à son premier amour : le business.

Fanny Guinochet
Commentaires 5
à écrit le 06/07/2023 à 9:02
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On a eu pendant toutes ces années un discours mesuré de la part du Medef, et apparemment un vrai respect entre patronat et syndicats, un vrai dialogue, et de vraies avancées : il va peut-être nous manquer, M. Roux de Bézieux. Qui aura été un vrai rév...

le 06/07/2023 à 9:36
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"dans son genre" Dans son genre hypocrite en effet mais bon ça n'a pas fait avancer la mentalité patronale du coup à quoi bon ? Ne pas oublier que un de ses derniers vœux était de faire venir en masse des travailleurs détachés à 300 balles par moins ...

à écrit le 06/07/2023 à 7:21
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Al 'image de notre classe dirigeante et ses réseaux, rien n'a changé, évolué, le medef est complètement figé dont nous ne pouvons du coup rien attendre pour progresser et quand une cellule arrête de bouger elle est morte.

à écrit le 05/07/2023 à 20:23
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Bonjour, Il existe une communauté, un groupe , qui regroupe des grands, depuis très longtemps .... et donc qui partent en été vers le sud mais pas pour les vacances, cette société non secrète hors think tank numérique bidon, est en fait de part...

à écrit le 05/07/2023 à 20:16
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J'aime bien le panda roux... il est marrant il a toujours les mains en l'air... au cas où !

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