
L'État a confirmé jeudi un soutien financier de l'ordre de 37 millions d'euros pour la Nouvelle-Calédonie. Le territoire du Pacifique Sud, en grande difficulté financière, peine à terminer l'exercice budgétaire.
« L'État a accepté d'intervenir exceptionnellement afin d'éviter une rupture de paiements des retraites et des allocations versées aux personnes en situation de handicap et de dépendance. Cette aide de l'État servira également au soutien du secteur hospitalier en difficulté », a précisé jeudi le haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie - équivalent locale d'une préfecture - dans un communiqué.
Le président du gouvernement calédonien, Louis Mapou (indépendantiste), avait demandé en avril dernier un soutien financier auprès de l'État. La Nouvelle-Calédonie, très endettée depuis la crise sanitaire, risque en effet la cessation de paiements d'ici à la fin de l'année.
Aide conditionnée à des réformes
Le soutien financier de l'État arrivera sous forme de tranches, en fonction de l'avancée locale des réformes, notamment la pérennisation de l'assurance-maladie, de la caisse locale de retraites et du régime handicap et perte d'autonomie. Un comité, qui se réunira mensuellement, devra suivre la mise en œuvre de cette aide et des réformes demandées.
En mai 2022, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie avait adopté un calendrier de réformes, qui devait notamment permettre d'augmenter le rendement fiscal pour 2023 d'environ 275 millions d'euros. Pour l'instant, ces textes tardent à être adoptés, en l'absence de consensus entre les groupes politiques.
Paris vient régulièrement renflouer les finances
Dans un rapport publié début août, la chambre territoriale des comptes déplorait que « peu de mesures aient été votées et que la programmation ait pris du retard ». Le territoire est en effet un habitué des aides et autre prêts de l'Etat français pour renflouer ses finances bancales. Il y a un an, à l'été 2022, la Nouvelle-Calédonie avait reçu un prêt de 175 millions d'euros de Paris sur 25 ans... qui venait après un précédent prêt de 240 millions d'euros en 2020 pour les mêmes raisons de difficultés financières.
Les deux emprunts étaient déjà conditionnés à la réalisation d'un certain nombre de réformes. Parmi elles, la réduction du niveau d'endettement à 90%, la limitation à 1% de l'évolution de la masse salariale, ou encore la création d'une taxe sur les plus-values immobilières des résidences secondaires et d'une micro-taxe sur les transactions financières. Mais les années suivent et se ressemblent dans le Pacifique, pour le pire.
En juin dernier, Louis Mapou, président de la Nouvelle-Calédonie et responsable du parti Palika, a pointé un modèle économique « à bout de souffle » de la Nouvelle-Calédonie, dans un contexte de finances publiques extrêmement contraintes, de fortes inégalités et de progression de la pauvreté. L'archipel reste en particulier très dépendant de l'exploitation de ses ressources minières.
(Avec AFP)